Nos combats méritent un média fort

Thomas Vampouille en éditorial sur Têtu en date du 15 décembre 2025 à 10h05

l y a quelque chose de pourri dans l’état de nos démocraties. Le constat n’est pas neuf, mais 2025 nous aura offert ce petit supplément d’âme brune qui pourrait bien en faire un tournant…

L’année, nous ne l’oublions pas, a démarré sous le signe d’un geste qu’on espérait ne jamais revoir, qui plus est au sommet de la démocratie états-unienne : le salut nazi d’Elon Musk, qui a donné le ton de la seconde investiture de Donald Trump"Combien de choses ont changé en si peu de temps", s’est émerveillé dans la foulée leur grand ami Javier Milei, président de l’Argentine, avant que de dérouler, dans un discours au Forum économique de Davos, le programme de l’internationale réactionnaire : "Il est de notre devoir moral et de notre responsabilité historique de démanteler l’édifice idéologique du wokisme maladif. C’est la grande épidémie de notre époque qu’il faut ­soigner, c’est le cancer qu’il faut éliminer."

Quant à la méthode pour y parvenir, suivant la plus pure tradition de l’inversion orwellienne du langage ("La guerre, c’est la paix, la liberté, c'est l’esclavage, l’ignorance, c'est la force"), Javier Milei osa : "Si nous voulons vraiment défendre les droits des citoyens, nous devons commencer par leur dire la vérité." La preuve : dans sa bouche, les LGBT sont des "pédophiles", et la provocation d’Elon Musk, "un geste innocent qui ne fait que signifier sa gratitude envers le peuple".

Face au triomphe déjà largement documenté de la post-vérité, l’inquiétude ne vient pas seulement des victoires électorales engrangées par ses thuriféraires. Elle vient aussi, et sans doute plus encore, de la façon dont l’affranchissement des faits se banalise partout. En France, la droite sarkozyste et l’extrême droite lepéniste s’en donnent à cœur ­désinhibé dans leur croisade contre la justice, ­première victime des régimes illibéraux.

"Les médias"…

Deuxième cible très en vogue dans cette année sens dessus dessous : la presse. Les attaques contre les journalistes débordent largement des frontières de la droite dure. Faites donc le test, et prenez l’habitude de dresser l’oreille quand une personnalité politique débute une phrase par "les médias…" : vous constaterez que ces saillies se font de plus en plus nombreuses, et ne viennent pas toujours d’où on les attendrait. Pour ne prendre l’exemple que de têtu·, rançon de la gloire : selon l’appartenance idéologique de qui l’attaque, le magazine aura, cette année, été qualifié aussi bien de "torchon woke" (un grand classique) que de "collabo" (de l’extrême droite : toujours plus). Un personnage de Virginie Despentes, dans son jouissif Cher Connard, résume assez bien le problème : "On ne peut pas employer les méthodes de l’ennemi et croire qu’on va arriver à d’autres résultats."

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