Entrevue avec un représentant de Free Sénégal

Envoyé par komitid.fr / via ALGI en date du 28 février 2022 à 10h36

Komitid a voulu mettre en lumière l'action d'une association LGBTI+ œuvrant au Sénégal et nous avons interviewé un membre du collectif Free Sénégal.

La situation des personnes LGBTI+ au Sénégal a longtemps été préoccupante, elle est aujourd’hui de plus en plus dramatique.

En décembre dernier,  des députés de l’opposition avaient introduit un texte de loi visant à durcir la législation criminalisant l’homosexualité. Quelques semaines plus tard, un chef religieux demandait lui aussi d’utiliser toutes les ressources légales pour renforcer la lutte contre les personnes LGBTI+. Pour le moment, la majorité parlementaire du Président Macky Sall a déclaré que le sujet n’était pas à l’ordre du jour mais les homophobes ne baissent pas les bras. Dimanche 20 février, des milliers de personnes se sont rassemblées dans le centre de Dakar pour écouter les diatribes homophobes en particulier de chefs religieux.

C’est pourquoi Komitid a voulu mettre en lumière l’action d’une association LGBTI+, comme récemment avec l’association camerounaise First Humanity Cameroun, et nous avons interviewé Souleymane, du collectif Free Sénégal.

(...) Moi je suis musulman, j’ai grandi dans la ville sainte de Touba, mais je n’ai jamais été d’accord avec cette vision de l’islam. C’est pour cela que les marabouts de Touba ont voulu m’assassiner. J’intervenais à la radio pour critiquer les principes islamiques dont ils parlent pour condamner les personnes homosexuelles. L’islam a mis des garde fous et même dans la charia, pour permettre à chaque personne d’avoir sa dignité et de se défendre lorsqu’il est accusé d’être homosexuel. Mais eux défendent un islam radical…

(...) Ce que vous dites c’est tellement vrai mais c’est dramatique pour nous parce qu’on nous dit que c’est durant la période coloniale que l’homosexualité a été exportée vers l’Afrique. Pour nous c’est faux car quand on écoute notre histoire par les griots, ils expliquent clairement qu’en Afrique et singulièrement dans mon pays, le Sénégal n’était pas un pays musulman. Avant, tout ce qui concernait les baptêmes, les mariages, les funérailles étaient gérés par des personnes homosexuelles. Donc on ne peut pas réformer l’histoire en disant que l’homosexualité a été exportée par la colonisation. C’est pourtant ce qu’on veut nous faire comprendre. Et quand Mohamed Mbougar Sarr a écrit son livre (De purs hommes, ndlr) pour expliquer que l’homosexualité a toujours existé au Sénégal, les opposants l’ont réfuté.

(...) Ainsi, nous avons mis en place un refuge pour les LGBT en détresse et ça a marché. En novembre 2020, on en a discuté avec nos partenaires qui étaient un peu perplexe sur les chances de succès. Ça a marché. Plus de 95 personnes sont prises en charge depuis un an en matière d’hébergement, pour une période de deux mois. On va monter à 24 pensionnaires et prendre en considération les femmes lesbiennes qu’on n’avait pas pris en compte. Nous avons besoin de financement pour continuer à faire fonctionner ce centre. Nous voulons montrer qu’une association légitime existe, qu’elle sait répondre à ses détracteurs, qui est une vitrine. Si ça change au Sénégal, les choses peuvent changer dans les pays limitrophes. La France doit aussi mieux accompagner les activistes qui viennent en France.

Lire l'intégral de l'article sur komitid.fr


    Répondre Corriger
Répondre     ou Corriger votre message

Remarque
Si la date ou l'heure de la publication est plus ancienne que celle indiquée dans l'index,
vous pouvez actualiser la page en cliquant ICI.

© Algi [Accueil]