Roxham Road, ceci n'est pas un conte de Noël

Envoyé par Comité de solidarité internationale de l'ALGI en date du 22 décembre 2021 à 11h34

Le journaliste Romain Schué a publié sur le site de Radio-Canada un superbe reportage avec photos qui nous plonge dans la réalité des migrants qui passent par ce chemin, depuis les  États-Unis, pour demander l'asile au Canada.

Devenu au fil des ans l’un des points d’entrée irréguliers les plus connus au monde, ce passage, côté américain, n’a en réalité plus rien du simple chemin qu’il était à l’origine.

Au bout d’une route d’un petit kilomètre longeant un ruisseau, une ferme et des chevaux, et parsemée de quelques bungalows, Roxham Road se termine sur une sorte de stationnement bétonné, avec deux poubelles bleues en guise de bornes-frontières et quelques rochers.

Pour comprendre pourquoi ce petit bout de chemin est devenu un lieu de passage des migrants, rappelons cette explication de Romain Schué dans un autre article que l'on peut lire sur le site de Radio-Canada.

Cette popularité est née en raison des contraintes, pour ces immigrants, liées à l’Entente sur les tiers pays sûrs. Entré en vigueur en 2004, cet accord, signé avec les États-Unis, oblige les migrants à présenter leur demande d’asile dans le premier pays sûr qu’ils traversent.

Ainsi, les personnes vivant ou passant par les États-Unis n’ont, légalement, pas le droit de faire une telle demande au Canada. Mais cette entente ne vise que les postes frontaliers, ce que n’est pas le chemin Roxham.

La frontière sud entre les États-Unis et le Canada s'étend sur 6 414 km. L'entrée clandestine par les bois peut être dangereuse, surtout en hiver. Le passage n'y est peut-être pas aussi périlleux que la traversée en barque de la Méditerranée. Mais, les drames qui se produisent lors de ces transits soulèvent aussi l'indignation. Le fait que l'entrée par le chemin Roxham soit tolérée permet à la police des frontières d'intercepter ceux qui traversent la frontière, tout en leur permettant de déposer une demande d'asile. Ainsi, ces personnes seront prises en charge de façon sécuritaire dans l'attente de la décision de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié.

 

La dure réalité des migrants.

Le grand mérite du reportage de Romain Schué est d'aller au-delà de l'explication de ce contexte politique pour nous montrer la réalité humaine de ce qui se passe à Roxham Road : l'exploitation par certains profiteurs, mais aussi la sollicitude de bénévoles qui tentent de soulager la détresse des migrants.

Janet McFetridge est présente quasiment chaque jour à Roxham Road.
Elle est aussi la mairesse de Champlain, le village d'où part Roxham Road.
Photo : Radio-Canada / Romain Schué
 

À bientôt 70 ans, cette bénévole, qui a cofondé l’organisme Plattsburgh Cares, vient quasiment tous les jours à Roxham Road, à la même heure, le coffre rempli de tuques, manteaux, gants, peluches et doudous pour les enfants.

Ce sont des amis qui les tricotent, d’ici ou de partout aux États-Unis. Ou alors, on en achète, détaille-t-elle, le sourire caché par son masque qu’elle tient à garder pour des raisons de sécurité.

Enseignante de français durant quatre décennies, à la retraite depuis huit ans, Janet McFetridge veut absolument donner un bon mot, avant leur départ des États-Unis, à ces migrants, ces familles et ces couples parfois inquiets, désemparés, anxieux et, surtout, vulnérables.

(...) Après l’élection de Trump, c’était fou. Il y avait beaucoup de confusion, de peur, même chez les Américains. Les gens avaient peur d’être déportés, d’être expulsés. J’ai donc décidé de venir pour parler à ces personnes, pour les rassurer.

Alejandro, bagages à la main, fond en larmes lorsque Janet apporte des gants à son fils, qui porte des baskets à l’effigie de Spiderman. On vient de Colombie en avion, raconte-t-il, sans donner plus de détails. La famille est menacée, on a subi des violences.

Vous serez arrêtés, mais temporairement. Ne vous inquiétez pas, leur dit-elle, en anglais.

Ils sont généralement terrifiés, c’est pour ça que je leur explique qu’ici, c’est safe, signale-t-elle, avant de former un cœur avec ses doigts repliés, lorsque la petite famille rejoint les policiers canadiens.

Non, Roxham Road n'est pas un conte de Noël. C'est la dure réalité de ceux et celles qui quittent tout pour trouver un lieu où ils et elles pourront vivre en sécurité avec leurs proches. Mais, dans ces temps difficiles, l'engagement de personnes comme Janet nous redonne confiance. Et cela, c'est bien plus qu'un conte de Noël !

Lire l'intégral du reportage de Romain Schué

En complément.

  • Entrevue avec Me Stéphanie Valois, présidence de l’association québévoise des avocats et avocates en droit de l'immigration. Radio-Canada, émission Tout un matin, rattrapage du mardi 21 déc. 2021, segment de 07 h 45, Entrevue avec Stéphanie Valois : Probable fermeture du chemin Roxham.
  • Entrevue avec Stéphane Reichhold, directeur général de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI). Radio-Canada, Midi info, rattrapage du 21 déc. 2021, segment de 11 h 47. Vers la fermeture du chemin Roxham?

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