Canada : refus massif d’étudiants africains francophones

Envoyé par Radio-Canada / via ALGI en date du 29 novembre 2021 à 20h27

Immigration Canada utilise un système informatique jugé opaque pour analyser des demandes
de permis d'études. Or, celles-ci sont majoritairement refusées lorsqu'elles proviennent d'étudiants
francophones africains. Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Refus massif d’étudiants africains francophones : Ottawa accusé de « discrimination »

Immigration Canada utilise un système informatique opaque pour analyser les multiples demandes de permis d’études, ce qui provoque la colère d'élus québécois.

(...) « C’est très grave », lance le député du Bloc québécois Alexis Brunelle-Duceppe.

M. Brunelle-Duceppe ne mâche pas ses mots contre le gouvernement de Justin Trudeau et contre Immigration Canada, qui refuse massivement les demandes de permis d’études déposées par des étudiants étrangers francophones, principalement en Afrique, qui souhaitent venir au Québec.

« Ça n'a pas de bon sens. Encore une fois, c’est le Québec qui écope. Ce sont les francophones qui écopent. Et ce sont des étudiants africains qui écopent. »

— Une citation de  Alexis Brunelle-Duceppe, député du Bloc québécois

Le taux de refus des demandes destinées au Québec est nettement plus élevé que celles déposées dans les autres provinces canadiennes, a appris Radio-Canada. Ce taux atteint ou dépasse même les 80 % dans certains pays d'Afrique francophone.

(...) Assurément qu’on est devant une situation de discrimination. Je ne vois pas comment on pourrait penser le contraire, affirme Alexis Brunelle-Duceppe.

(...) Le gouvernement du Québec ne cache pas, lui non plus, son vif mécontentement. Après avoir tout d'abord demandé des clarifications, le ministre provincial de l’Immigration, Jean Boulet, a haussé le ton contre Ottawa après la diffusion du reportage de Radio-Canada.

À ses yeux, ces taux de refus massifs sont inacceptables et discriminatoires.

(...) Le Parti québécois a adopté un point de vue identique : Si Immigration Canada voulait nuire aux efforts du Québec pour attirer des étudiants francophones dont on souhaite qu’ils s’établissent ensuite ici, il n’agirait pas autrement , dénonce la députée Méganne Perry Mélançon.

Cette situation est intolérable, juge avec véhémence le chef adjoint du Nouveau Parti démocratique (NPD), Alexandre Boulerice.

« [Ce système] semble bel et bien faire de la discrimination systémique. Nous demandons des correctifs rapidement et plus de transparence de la part du ministère. »  Alexandre Boulerice, chef adjoint du NPD.

Source : Romain Schué, Radio-Canada.

Comment des étudiants étrangers francophones sont refusés par Ottawa

Mathieu Piché est dépité. Depuis des mois, ce professeur du Département d’anatomie de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) tente de recruter des étudiants étrangers pour son laboratoire de recherche.

Mais il se heurte, sans arrêt, au ministère fédéral de l’Immigration (IRCC), qui refuse en bloc les demandes de permis d’études de ces derniers, malgré l’approbation initiale de Québec.

Les motifs de refus sont ridicules, juge-t-il. Il évoque l’exemple d’une médecin en Algérie, qui souhaite réaliser une formation à ses côtés. Elle a un travail dans son pays, un statut important, mais Immigration Canada a refusé sa demande en disant ne pas croire à son retour dans son pays, après ses études.

(...) J’essaie de recruter des étudiants étrangers hyper qualifiés. C’est bien pour le Canada, c’est une compétence et une expertise qui enrichissent notre pays. Ils peuvent ensuite rentrer chez eux ou rester ici. Il n’y a rien de mal à ça, bien au contraire, estime le chercheur.
(...) Au Maghreb et particulièrement sur la côte ouest africaine, francophone, obtenir un permis d’études pour le Canada s’apparente au parcours du combattant. Les refus frôlent parfois les 100 % selon les secteurs, détaille l'avocate en immigration Krishna Gagné.

Il y a de fortes demandes dans ces régions pour venir au Québec, mais il y a très peu d’acceptation. Ça a augmenté depuis quelques années et c’est très problématique, indique-t-elle.

Par exemple, les taux de refus des étudiants provenant d’Algérie, de la République démocratique du Congo, du Togo, du Sénégal ou du Cameroun avoisinent ou dépassent allègrement les 80 %, révèle une compilation de ces données, obtenue par Radio-Canada.

À titre de comparaison, les demandes faites de France, du Royaume-Uni ou d'Allemagne sont quasiment toutes acceptées. Celles provenant d’Inde - qui ont connu un bond important au cours des dernières années - sont aussi majoritairement acceptées.

Krishna Gagné jure pourtant envoyer à Immigration Canada des dossiers optimisés. Il s'agit, dit-elle, de preuves financières importantes, de biens immobiliers et de liens avec le pays d’origine.

Mais on a toujours les mêmes réponses pour le refus, clame-t-elle. C’est vraiment troublant. On reçoit des motifs envoyés en vrac et c’est choquant.

« La question se pose : y a-t-il un biais discriminatoire envers les étudiants africains à Immigration Canada? »

— Une citation de  Krishna Gagné, avocate en immigration.

Source : Romain Schué, Radio-Canada.

Ottawa refuse de plus en plus d'étudiants francophones, surtout venus d’Afrique

Alors que le nombre d’étudiants étrangers anglophones augmente au Québec, les taux de refus pour des pays africains ne cessent de grimper, et certains dossiers « impeccables » sont refusés. Des candidats répondant pourtant aux critères sont ainsi empêchés de poursuivre leurs études ici, déplorent-ils.

Leurs avocats en immigration dénoncent ces taux « qui frôlent le 100 % » pour certains pays du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest, deux bassins de locuteurs du français.

(...) En moins de deux ans, entre janvier 2020 et septembre 2021, Ottawa a ainsi refusé 35 642 candidats des principaux pays francophones du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest qui voulaient venir au Québec. Pendant ce temps, le nombre d’étudiants en provenance de l’Inde — qui se destinent majoritairement à des cours en anglais — a atteint des sommets, notamment dans le réseau collégial québécois.

(...) Le Québec est pénalisé par rapport au reste du Canada en raison de ses bassins de recrutement francophones en Afrique. L’Algérie, le Sénégal et le Cameroun figurent par exemple parmi les six premiers pays d’origine des étudiants étrangers au Québec et ont connu des taux de refus de plus de 80 % en 2020 et en 2021. Le Maroc figure au 4e rang en importance sur le plan du nombre d’étudiants, mais son taux de refus est moins élevé en moyenne que ceux des autres pays africains.

D’autres ressortissants à destination du Québec se font rejeter par Ottawa à hauteur de 80 à 90 %, comme ceux de la Guinée, du Bénin, du Togo et de la République démocratique du Congo.

Source : Sarah R. Champagne, Le Devoir.

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