En Ouganda, pourquoi cette homophobie en Afrique

Par France Inter en date du 29 mars 2023 à 18h57


Militant des droits des LGTBQ en 2019 devant le tribunal de Nairobi, au Kenya,
défendant la levée de l’interdiction de l’homosexualité.
©AFP - TONY KARUMBA / AFP publié avec l'article de France Inter.

Le Parlement ougandais a adopté l’une des législations les plus répressives contre l’homosexualité, rejoignant un climat homophobe sur le continent, qui a pris un tour politique : l’homosexualité est assimilée à l’Occident.
(...) L’Ouganda, pays d’Afrique de l’Est qui vit sous le régime autoritaire de Yoweri Museveni depuis 37 ans, a certes durci une législation existante, héritée de la colonisation britannique. Mais il s’inscrit surtout dans un climat homophobe dans une bonne partie du continent.
(...) l y a un quiproquo sur le continent africain : beaucoup considèrent l’homosexualité comme un phénomène importé d’Occident. Non seulement c’est historiquement absurde, mais c’est même contradictoire avec le fait que les législations coloniales, en particulier britanniques et portugaises, étaient très sévères pour les homosexuels.

Mais cette idée d’une importation s’est répandue avec la lutte contre le sida et l’action de prévention et d’éducation de nombreuses ONG occidentales ou bénéficiant de financements occidentaux. Paradoxalement, c’est souvent au nom d’un christianisme conservateur, une religion venue d’Europe donc, que se fait la condamnation de l’homosexualité. L’église anglicane d’Ouganda a ainsi voté pour se détacher de l’église d’Angleterre lorsque celle-ci s’est montrée tolérante vis-à-vis des personnes LGBT.

La question homosexuelle a pris un tour politique en s’inscrivant dans un rejet de l’Occidentalisation, perçue comme une libéralisation des mœurs autant qu’une domination économique et idéologique.

C’est donc un enjeu beaucoup plus vaste, surtout si l’on considère que la Russie de Poutine, dans son rejet de l’Occident, ne manque jamais d’inclure le mariage pour tous et ce qu’elle appelle la dépravation des mœurs. Et elle utilise cet argument dans ses campagnes de propagande, ouverte ou indirecte, en Afrique. Elle fait de l’homophobie un marqueur sociétal, et même civilisationnel, pour discréditer un Occident présenté comme décadent.

(...) Comment défendre les droits des personnes LGBT sans tomber dans le piège d’un clivage Nord-Sud contreproductif ou d’un jugement moral aux relents néo-coloniaux ? Difficile, pour autant, de fermer les yeux quand des lois aussi répressives que celle d’Ouganda viennent piétiner des droits humains indéniables. C’est une des questions les plus difficiles de la relation Europe-Afrique.

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