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Articles divers

• Recommandations de Marina Castaneda pour les bisexuel(le)s et pour les thérapeutes (extrait transcrit par Myriam Brunel)

• Les préjugés, on s'en passe! (traduction : Nancy leclerc / texte original : Tamsin Bohnet)

• Le rôle social de la bisexualité (Myriam Brunel)

• Bi Unité Montréal : pour l’affirmation des bisexuel(le)s
(Émilie Chaix)


• La bisexualité : par ici la sortie (Émilie Chaix)




 Recommandations de Marina Castaneda pour les 
 bisexuel(le)s et pour les thérapeutes (extrait) 

 mars 2004 

Transcription de Myriam Brunel, 26 mars 2004
 
NOTE : Marina Castaneda est psychothérapeute et hypnothérapeute. Son livre, dont je vous transmets ici un extrait, s'intitule : Comprendre l'homosexualité, des clés, des conseils pour les homosexuels, leurs familles, leurs thérapeutes. 1999, Paris, Robert Laffont. L'extrait en question - pp. 239-241 - provient de la fin du chapitre nommé "Le mirage de la bisexualité". Personnellement, j'ai certaines réserves sur quelques points, mais l'ensemble est très pertinent. Bonne lecture et bons cheminements.

Myriam

(voir la note supplémentaire à la fin du texte)
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Recommandations pour le bisexuel
 
- Dans la mesure du possible, rapprochez-vous d'autres bisexuels ou des associations spécialisées. Il est probable que les meilleurs partenaires pour vous soient des personnes qui partagent vos valeurs et votre mode de vie - en un mot, d'autres bisexuels.

- Essayez d'expliciter et de comprendre ce qui vous attire chez les deux sexes. Pour la grande majorité des bisexuels, ce n'est pas la même chose d'être en relation avec un homme ou avec une femme, et il est important de ne pas chercher d'un côté ce qui n'existe que de l'autre.

- Essayez de définir par vous-même, et indépendamment de vos partenaires éventuels, quel genre de relations vous voulez : monogames, ouvertes, sans ou avec engagement - et cherchez ensuite des personnes qui partagent votre point de vue.

- Si une relation ne marche pas, prenez le temps et faites l'effort de comprendre pourquoi, au lieu de chercher ailleurs ce que vous n'y trouvez pas. Il est probable que changer de partenaire, ou se tourner vers quelqu'un de l'autre sexe, ne résoudra pas le problème.
 
Recommandations pour le thérapeute
 
- Lorsqu'on voit une personne bisexuelle qui présente des difficultés dans ses relations intimes, on peut facilement tomber dans le piège de considérer que son problème central, c'est la bisexualité. Mais celle-ci ne fait souvent que masquer d'autres problèmes intrapsychiques ou interpersonnels. La bisexualité n'est pas nécessairement, en elle-même, le problème ou la solution, même si l'individu considère qu'elle résoudrait toutes ses difficultés. Comme chez les homosexuels ou chez les hétérosexuels, il y a des bisexuels malheureux... et heureux.

- Ne pas supposer automatiquement que le bisexuel est "en transit" vers l'homosexualité ou l'hétérosexualité, et encore moins le pousser dans un sens ou dans l'autre. D'abord, il est impossible de prévoir son évolution future; et ensuite, beaucoup de bisexuels le resteront toujours et ne seront nullement "en transit".

- Se méfier des stéréotypes suivants : la bisexualité est un prétexte à la promiscuité; la bisexualité est une preuve de confusion ou d'immaturité psychosexuelle; les bisexuels sont incapables d'avoir des relations intimes. Si ces problèmes sont parfois présents, ils ne le sont certainement pas dans tous les cas.

- Ne pas supposer que les bisexuels sont obligatoirement androgynes. Quelques-uns se présentent comme tels, mais beaucoup d'autres sont clairement masculins ou féminins dans leur identification, leur image de soi et leur apparence.

- Se rappeler qu'il n'y a pas une seule définition ni un seul type de bisexualité. Il est important d'abord de se mettre d'accord sur la signification du terme. Il est indispensable aussi de faire une distinction entre la "bisexualité" de quelqu'un qui n'a encore jamais eu de relations intimes avec personne (chose fréquente chez les adolescents), et la bisexualité d'un adulte qui a déjà eu des relations avec des personnes de l'un ou des deux sexes. La conscience de la bisexualité peut apparaître à divers moments de la vie, et elle a un sens très différent selon l'âge et l'expérience de chacun.

- La relation primaire d'une personne ne donne aucune indication sur son orientation "véritable". En particulier, un individu marié n'est pas nécessairement "plutôt" hétérosexuel. La première relation n'indique rien non plus; la plupart des bisexuels ont commencé par être hétérosexuels (ainsi que bon nombre d'homosexuels). Cela veut dire que leur histoire sexuelle ne constitue pas non plus un indicateur fiable de leur "véritable" orientation.

- Être sceptique quand une personne affirme qu'il est exactement pareil pour elle d'avoir des relations avec des hommes ou avec des femmes. Généralement, il y a des différences importantes dans la façon qu'a un bisexuel d'entrer en relation, de se conduire, de s'exprimer et de se sentir avec des personnes de l'un ou de l'autre sexe. Diverses parties de sa personnalité peuvent être en jeu ou en conflit.

- Prendre en compte que les bisexuels, par opposition aux homosexuels ou aux hétérosexuels, n'ont pas d'identité sociale reconnue, ni de communauté à laquelle s'affilier. Au contraire, ils sont souvent vus avec méfiance par les deux groupes. Cela veut dire qu'ils sont souvent isolés, qu'ils n'ont pas les réseaux d'appui que peuvent avoir les homosexuels ou les hétérosexuels, et qu'ils se sentiront parfois incompris ou dévalorisés par leur proches et par la société en général.

- Les bisexuels ont encore moins de modèles à suivre que les homosexuels. Ils sont toujours très peu nombreux et peu visibles, et doivent donc tout inventer au fur et à mesure de chaque relation.

- Un des grands risques de la bisexualité, c'est que la personne se sente divisée - qu'elle ressente un clivage entre deux modes de vie, selon le sexe du partenaire. Il faut alors l'aider à développer le concept et la pratique de rôles variables, qui ne font que se superposer à une seule identité et à une image de soi, qui demeurent constantes. Il y aura presque toujours un travail de synthèse à faire.


Transcription : Myriam Brunel
26 mars 2004

Texte original extrait du livre Comprendre l'homosexualité, des clés, des conseils pour les homosexuels, leurs familles, leurs thérapeutes de Marina Castaneda. 1999, Paris, Robert Laffont. L'extrait en question - pp. 239-241 - provient de la fin du chapitre nommé "Le mirage de la bisexualité".

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Note supplémentaire :

Bien que nous trouvions ce texte pertinent dans l'ensemble, nous tenons à faire part au lecteur de nos réserves face à certaines affirmations de son auteur :

- Nous croyons que, bien que l'orientation bisexuelle ne représente pas toujours le seul problème (ou le problème central) dans les relations intimes de la personne bisexuelle, elle constitue souvent un problème majeur dans ses rapports avec ses partenaires.

- Nous mettons en doute l'affirmation selon laquelle les bisexuels soient "très peu nombreux" dans la société, et nous croyons justement que c'est leur difficulté à s'afficher qui les rend peu visibles, isolés les uns des autres et privés souvents de modèles.

L'équipe de rédaction de BUM


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 Les préjugés, on s'en passe! 
 août 2003 

Les bisexuel(le)s on dû se battre pour leurs places, non seulement au sein de la communauté hétéro mais aussi dans la communauté "queer".

« Ils couchent avec n'importe qui, ils transmettent des maladies vénériennes, ils ne pensent qu'au sexe, ils ont peur de l'engagement, ils doivent faire le choix d'être normaux, ils ne me dérangent pas en autant qu'ils ne s'essaient pas avec moi ».

Cela rappelle les commentaires homophobes habituels que l'on entend dans les écoles secondaires ou encore dans les médias. Toutefois, les personnes qui s'identifient comme bisexuelles les entendent des deux côtés : de la part des suspects habituels mais aussi dans la communauté "queer".

Officiellement, les groupes pour gays et lesbiennes ont une politique d'inclusion envers les bi, et les variations de l'acronyme GLBT (Gays, Lesbiennes, Bisexuel(les), et Transgenres) sont devenues de la terminologie reconnue. Les comités dévoués à la diversité à Edmonton incluent maintenant des présentations de personnes bisexuelles ainsi que des gays et des lesbiennes. Notre propre Centre Communautaire des Gays et des Lesbiennes de Edmonton est aimable aux bi, comme le sont plusieurs autres groupes communautaires, espaces publics et membres de la communauté.

Les bisexuel(le)s ne peuvent toutefois pas prendre pour acquis cette acceptation. À l'échelle internationale, les bisexuel(le)s ont dû se battre pour la permission de participer à certains événements "queer". Même ici à Edmonton, plusieurs groupes ont encore des politiques, officielles ou non, qui excluent les bi. Ils n'empêchent généralement pas les gens de participer en se basant sur leurs passé sexuel sinon peu de gens seraient éligibles.  Toutefois, ils mettent l'accent sur l'identité, ou l'identification sociale. Autrement dit, les bisexuel(le)s sont admissibles en autant qu'ils/elles ne s'affichent pas.

C'est familier, n'est-ce pas?

La plainte la plus répandue est que les bi diluent l'espace "queer" par le fait même qu'ils ouvrent le potentiel aux partenaires de sexe opposé ou des admirateurs hétéro. Cette crainte peut être compréhensible : on se sent bien lorsqu'on fait partie d'un groupe spécial, et pour avoir un groupe inclusif, il faut avoir des catégories de gens qui sont exclus.

Tiger Woods a été critiqué pour son identification en tant que multi- racial au lieu de Noir. Dans la même veine, les bi font face à la pression de choisir une allégeance pour le bien commun. Lorsque nous choisissons de nous identifier par rapport à qui nous sommes globalement, menaçons-nous les sphères distinctes des hétéro et des "queer' et, par conséquant, le scénario "nous" contre "eux"?

Je l'espère!

Cette division a le potentiel de faire des gays, des lesbiennes, des bisexuel(le)s et des transgenres une communauté serrée qui occupe des espaces sociales magnifiques. Elle apporte toutefois des risques tels la dépression, l'isolation par rapport à nos familles d'origine, la violence, des lois injustes et un taux de suicide élevé chez nos adolescents.

La semaine de la fierté est un beau moment pour la communauté "queer".  Le défilé de la fierté apporte une ambiance d'appartenance, de sécurité qui provient de la solidarité contre une culture qui est trop souvent hostile.

Petit à petit, ça marche. Bien que nous soyons loin de l'idéal, nous arrivons tout de même à créer une société qui est moins axée sur les polarités et dans laquelle les gens ressentent de moins en moins le besoin de rester sur un côté de la barrière. L'acceptation de la bisexualité signifie un autre pas vers une société où nous ne sommes pas definis selon qui nous aimons et où nous ne sommes pas exclus du système de protections et de privilèges à cause de nos choix amoureux. Il me semble que c'est une bonne cause pour marcher, n'est-ce pas?

Ressources bi à Edmonton :

"Bi Pride" (soutien pour les hommes et les femmes) : bipride@telus.net

"Coffee Group" (pour les Femmes Bi) : bwcoffeegroup@yahoo.ca


Traduction : Nancy Leclerc
août 2003
Texte original en anglais : Tamsin Bohnet
juillet 2003


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 Le rôle social de la bisexualité 
 décembre 2002 

J'aimerais vous faire part de mon opinion sur le "couple". En tant que bisexuelle, ce sujet m'interpelle énormément à cause des possibilités de trios, voire de quatuors amoureux. Bien entendu, je valorise aussi le couple mais je sens intensément que notre société a un besoin bien réel de redéfinir les notions même de "couple", de "famille" et "d'engagement".

Selon la "théorie des formes de l'amour" du psychologue Robert Sternberg, les trois éléments constitutifs de l'amour sont: l'intimité, la passion et l'engagement. Ces éléments peuvent (ou non) se retrouver à divers degrés dans une relation. Lorsque les trois sont présents, il parle "d'amour achevé". Mais qui peut affirmer que ces éléments ne se retrouvent uniquement qu'à l'intérieur d'une relation "à deux"? Pourquoi une tierce personne (ou un deuxième couple) ne pourrait-elle pas très bien s'intégrer dans un couple déjà harmonieux et ouvert à un apport enrichissant?

À l'heure du mariage et de l'union civile entre conjoint(e)s de même sexe, il est nécessaire, à mon avis, d'approfondir davantage le concept, et ce, dès maintenant. Il vaudrait mieux le faire avant que toutes les lois ne soient rédigées seulement qu'en fonction de deux personnes. Ceci ne veut pas dire que tout(e) bisexuel(le) - ou autre - doive se sentir concerné(e) par une relation engagée et reconnue socialement mais plutôt que TOUT INDIVIDU qui désire le faire ait la POSSIBILITÉ et le DROIT de s'engager avec qui il le souhaite, en étant reconnu à part égale dans ses choix. Ceci peut très bien inclure plusieurs personnes consentantes car la fidélité n'a rien à voir avec la possessivité d'un individu. L'exclusivité peut très bien inclure plusieurs personnes!

Je ne vois pas pour quelles raisons on refuserait l'accès à un statut égalitaire à quiconque se sent prêt à s'engager, à être responsable de son propre rôle dans cet engagement. Vous savez sans doute que l'orientation sexuelle n'est aucunement liée à la "moralité" ni au sens des responsabilités. Il faut distinguer clairement l'ORIENTATION sexuelle du COMPORTEMENT sexuel : c'est fondamental!

À preuve, on peut malheureusement constater qu'il y a autant, sinon plus, de perversions sexuelles chez les hétérosexuels (par exemple : la pédophilie) que dans les autres orientations. Et je suis convaincue qu'il y aurait beaucoup moins de drames conjugaux si la notion de possessivité (très unie à l'histoire même du couple hétérosexuel, donc du "système de l'héritage" de la famille traditionnelle) était mieux comprise. C'est surtout elle, la possessivité, qui mène à la jalousie et aux drames qui peuvent en découler.

Il y aurait moins de drames aussi si la société reconnaissait davantage les diverses orientations sexuelles car les gens ne se sentiraient pas obligés de se cacher autant que présentement, (donc de se sentir "faux", "pervers" ou "criminels") pour vivre leur(s) relation(s). Bien sûr, le mensonge, la perversion et le crime continueront d'exister et se retrouveront dans toutes les orientations sexuelles, mais plus on parlera des vrais problèmes, comme la notion de possessivité, plus on éliminera les drames.

Enfin! C'est un sujet extrêmement vaste et encore en balbutiements, mais tendez bien l'oreille, écoutez les "malaises" de TOUTES les sociétés et vous pourrez sans doute entendre, comme moi, une multitude d'appels à l'aide pour le respect des droits et libertés. Je ne comprends pas tous les langages mais celui-là est mondial!

Bref, notre propre société bénéficie d'un atout inestimable : la démocratie. Et la liberté d'expression doit être utilisée au profit du plus grand nombre. Ceci inclut aussi les bisexuel(le)s!

Allons-nous laisser les gais et lesbiennes revendiquer seuls leurs droits, les obtenir, pour ensuite nous rendre compte que notre société possède maintenant deux communautés bien constituées, tout à fait reconnues et distinctes, entre lesquelles les bisexuel(le)s et polyamoureux(ses) devront encore se partager et choisir un unique modèle d'engagement, en l'occurrence, le "couple"?

Les trios amoureux existent aussi chez les gais et lesbiennes. Ils peuvent même représenter un type de famille reconstituée très particulier. Devront-ils, néanmoins, ne jamais être reconnus?

Et les transsexuel(le)s? Et les transgenres? Où se situent-ils(elles)au juste? Et la polygamie? Certaines sociétés et religions l'encouragent mais rarement sur une base d'engagement réciproque et égalitaire. Et la polyandrie? Les femmes qui la vivent sont encore bien loin d'être acceptées! Ici, aujourd'hui, la démocratie peut se retrouver au niveau même de l'engagement relationnel. N'est-ce pas là un signe social évident de sa vitalité et de sa pertinence?

Et qu'en est-il des relations dites "incestueuses"? Par exemple, l'homosexualité fraternelle ou encore entre cousin/cousine? La procréation peut sans doute poser un certain problème génétique (pour l'instant) mais leur droit à l'engagement, à l'adoption, à l'insémination? Doit-on le leur refuser pour autant?

D'ailleurs, ces types de relations incestueuses n'ont-ils pas été proscrits pour des raisons purement "héréditaires", de l'ordre de la génétique et du droit légal? Notre société est aujourd'hui en mesure de distinguer et de palier au "fatalisme" ancestral et les législations se sont certainement mieux adaptées que les religions, mais il reste à le faire comprendre à la population qui, elle, reproduit souvent des schèmes de pensée par automatisme, schèmes de pensée hérités précisément des valeurs familiales traditionnelles très impreignées par les religions. 

Bien entendu, ces valeurs peuvent être précieuses mais elles ne sont pas les seules et c'est ça qu'il faut que la majorité accepte. Il n'y a que la reconnaissance sociale qui puisse arriver à le faire et se sont les législateurs qui ont l'outil principal pour y aider : la loi. Lorsque les lois autorisent et régissent les unions, tout le monde est rassuré. Encore une fois, ce n'est pas une garantie de respect des lois, l'humain étant ce qu'il est, mais au moins cela accrédite les individus qui s'y conforment auprès de ceux qui peuvent avoir des doutes quant à la validité de leur engagement.

Et nous, les bisexuel(le)s, dans tout ça? Ferons-nous résonner l'écho de nos voix, (bis-tris-polys!), pour rappeler au monde que nous existons aussi? Si nous ne nous faisons pas entendre davantage, n'est-ce pas parce que la société ne nous accepte pas? Continuerons-nous à nous cacher ainsi indéfiniment? Continuerons-nous à nous intégrer secrètement aux deux autres communautés sans jamais y être totalement reconnus, ni dans l'une, ni dans l'autre?

Comment les enfants issus de familles non-traditionnelles se sentiront-ils si leur schéma familial ne correspond à aucun des deux seuls modèles de couples socialement acceptés? Une minorité, me direz-vous. Mais cette minorité a autant le droit au respect que la majorité : c'est l'application même de la non discrimination.

Ma génération a commencé à voir apparaître l'éclatement des familles traditionnelles. La monoparentalité a réussi à obtenir une reconnaissance malheureusement et conséquemment très "féminine", en lien direct avec la dominance traditionnelle masculine, financière, à tout le moins.

La génération suivante, a vu la reconstitution des familles puis, de nouveau, leur éclatement. Et la prochaine génération? Lui laisserons-nous seulement un deuxième choix de modèle qui peut tout autant éclater, c'est-à-dire la famille "homosexuelle"? Ce deuxième choix est déjà une étape sociale formidable, j'en conviens tout à fait et j'appuie fortement cette cause, mais je souhaite élargir encore davantage le concept même de "l'union".

Un modèle qui est à développer pourrait ressembler à quelque chose comme officialiser un "contrat d'entente entre partenaires" dans lequel chaque individu impliqué aurait son mot à dire. Il relèverait de chaque union de déterminer les clauses de leur entente, incluant le nombre de partenaires impliqués. Et, s'il-vous-plaît, oubliez la notion sacrée de "pour la vie"! Ce n'est pas impossible dans une relation mais elle ne s'applique pas d'emblée, comme le suggère la religion, à tous et toutes pour qui elle est surtout négociable et renouvelable. Même les termes d'un bilan relationnel pourraient faire partie du "contrat" et être partiellement déterminés par les signataires : plus fréquents au début pour s'espacer au fur et à mesure de la longévité de la relation.

Bref, les raisons de l'éclatement familial sont très nombreuses mais le problème majeur, à mon avis, vient de ses fondements même : la notion d'appartenance "identitaire", de propriété privée, d'exclusivité possessive. "L'autre" comme un territoire sur lequel on a des droits absolus, éternels; "l'autre" qui doit se conformer à l'image et au comportement "normal" qu'on attend de lui, sans en avoir vraiment discuté au préalable.

Qui sait si les trios ou les quatuors n'ont pas de meilleures chances d'épanouissement personnel et social que les célibataires ou les couples? Imaginez un partage des tâches facilité, une plus grande stabilité économique, un enrichissement affectif multiplié, etc. Cela peut sembler très idéaliste mais sans idéaux, l'humain vivrait encore à l'Âge de pierre. J'aimerais mieux parler ici "d'idées-forces" : la bisexualité comme pivot d'un équilibre personnel et relationnel, comme une ouverture vers l'appréciation des différences de genres, comme une action concrète de l'amour et du respect de l'Humain.

C'est pour les enfants de la prochaine génération, pour la société de demain, qu'il faut oeuvrer dès maintenant à l'ouverture d'esprit, à la tolérance, à la reconnaissance de la diversité. Il faut sans doute leur offrir encore plus d'alternatives et d'outils pour qu'ils explorent, se développent et se situent eux-mêmes. Pas seulement reproduire le même modèle : l'améliorer, certes! En définissant mieux ses bases, en les solidifiant, le cas échéant, mais ce modèle s'est révélé trop souvent inadéquat ou mal outillé pour remédier aux crises qu'il peut traverser.

Les religions peuvent avoir un sens pour certaines personnes mais ce ne sont sans doute pas les meilleures conseillères en matière familiale. L'humain se reproduisait bien avant leur avènement et il n'était certainement pas plus "infidèle" ou "spirituel" pour autant. Elles forment même parfois un quatrième participant plutôt nuisible à la dynamique triangulaire du couple (partenaire-relation-partenaire) en ajoutant un pouvoir extrapolé au plus "croyant" des deux partenaires.

On doit garder à l'esprit que lorsque le modèle de couple traditionnel a bien fonctionné, c'était dans un contexte stéréotypé à dominance masculine et je pense que personne, dans l'ensemble de notre société, ne souhaite revenir à cette formule. Pour ceux et celles à qui cela convient, grand bien leur fasse! Encore là, à chacun de déterminer ce qui le rend heureux.

Mais il faut quand même tenter d'apporter d'autres solutions car si nous ne le faisons pas, qui le fera? Nos enfants eux-mêmes, peut-être. S'ils arrivent sains et saufs à l'âge adulte! Car dans un monde de plus en plus individualiste, dur et trop souvent détaché des drames qui se déroulent au seuil de sa propre porte, l'individu cherche plus que jamais le rôle qu'il peut jouer au sein de la société. Même lorsqu'il veut s'impliquer à fond dans son travail, la structure familiale domine là aussi et l'oblige subtilement à céder sa place au profit du fils d'un ancien employé, ou à quelque autre lien familial favorisé.

Et ce ne seront pas les institutions de l'éducation, de la psychologie ou de la religion qui offriront de nouveaux modèles. Elles les valideront ou les dénigreront mais elles ne créeront rien de bien différent à court ou moyen terme parce qu'elles sont encore beaucoup trop axées sur le modèle traditionnel du "couple".

Alors, à nous de proposer de nouvelles avenues et aux gouvernements de tâcher d'inclure le plus possible tous les citoyens dans leurs mandats. Il ne faudrait pas qu'ils agissent seulement en fonction de la "majorité" actuelle car elle est sans doute plus instable, réversible et vulnérable qu'on l'imagine : elle évolue! Ses valeurs changent mais ne sont pas nécessairement remplacées par de meilleures, plus inclusives. Au pire, elle essaie de s'accrocher à d'antiques modèles bien mal adaptés au monde d'aujourd'hui. On le constate chez nos voisins du sud qui tentent, tant bien que mal, de "rééduquer" sa jeunesse en la maintenant plutôt dans un état d'ignorance risqué.

Voilà. Je termine en souhaitant que les années à venir voient s'accroître l'acceptation de la diversité humaine sous toutes ses formes évolutives : c'est là qu'est sa véritable richesse et la source de la paix dans le monde. Et lorsque les lois ne valident pas cette diversité envers la population, les mentalités antagonistes s'enracinent dans la terre des lois ancestrales désuètes.


Myriam Brunel
décembre 2002

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 Bi Unité Montréal : 
 pour l’affirmation des bisexuel(le)s 

 Février 2002 

La fluidité déstabilise. En tant que bisexuel, le cofondateur du groupe Bi-Unité Montréal, Yves Bourgeois, l’a compris en côtoyant le milieu gay et le milieu hétérosexuel. Dans chaque monde, on ne rejette pas les bisexuels, mais on passe sous silence leur réalité en les assimilant soit aux gays, soit aux hétérosexuels. Seulement, comme l’affirme Yves Bourgeois, « les bisexuels n’ont pas une dynamique exclusivement orientée homosexuellement ou hétérosexuellement ». Par cette disposition à intégrer à la fois deux orientations sexuelles, les bisexuels en forment une troisième, bien distincte.

Il y a quatre ans, Yves Bourgeois, avec Sylvie Duchesne, a décidé d’enfin faire reconnaître la bisexualité comme une identité à part entière au Québec en fondant le groupe Bi-Unité Montréal. Il était fâché, « fâché de savoir qu’au Québec on n’était pas rendu à ce niveau-là [celui des États-Unis] de reconnaître la bisexualité autant dans le domaine scientifique, social que communautaire ». Il tenait aussi à faire passer les Québécois « d’un niveau de tolérance à un niveau d’acceptance ». C’est en s’inspirant de ces groupes pour bisexuels existant depuis une vingtaine d’années aux États-Unis et en Europe qu’Yves Bourgeois a fondé l’association Bi-Unité Montréal.

Dynamique, ce groupe a pour mission de montrer l’existence de la bisexualité, faire tomber les préjugés et offrir aux bisexuels un endroit où ils peuvent se rassembler et pleinement s’exprimer.

Depuis août 1998, l’association Bi-Unité Montréal est officiellement reconnue et compte aujourd’hui une cinquantaine de membres actifs et a accueilli plus de 1500 personnes. Le groupe repose sur un conseil d’administration, composé de gens aux aptitudes diverses et se chargeant des volets d’entraide, d’activités sociales et de militantisme.

Au niveau de l’entraide, Bi-Unité Montréal offre des groupes de discussion à chaque premier mardi du mois. Trois sujets sont abordés, en lien avec la réalité bisexuelle. Yves Bourgeois voit dans ces rencontres l’opportunité d’aider les bisexuels à parler de leurs intérêts et difficultés, d’un point de vue bisexuel et dans une perspective bisexuelle. Il donne aussi l’exemple d’autres activités à caractère davantage de divertissement pour consolider des liens entre bisexuels et créer un sentiment d’appartenance : brunch, camp, billard, etc. Le volet « d’éducation » est celui qu’Yves Bourgeois a le plus à cœur. Avec Bi-Unité Montréal, il a ainsi donné des conférences et tenu des kiosques dans des universités, comme l’UQAM et Concordia, pour démystifier la bisexualité.

Yves Bourgeois a d’autres projets pour Bi-Unité Montréal. Pour aider les bisexuels en détresse et se sentant sans ressource, Bi-Unité Montréal offrira bientôt de l’aide psychologique. Pour donner un côté davantage activiste à Bi-Unité Montréal, Yves Bourgeois se prépare également à mettre sur pieds un centre de documentation sur la bisexualité. Un journal portant sur les évènements sociaux, culturels et les enjeux dans la communauté bisexuelle se trouve aussi dans les plans du fondateur du groupe. S’ajoutent à l’agenda de Bi-Unité Montréal encore plus de conférences sur la bisexualité. Toujours dans l’idée de consolider la communauté bisexuelle, de la faire cohabiter avec les communautés hétérosexuelle et homosexuelle et de faire tomber les préjugés tenaces.

Yves Bourgeois explique que les diverses activités de Bi-Unité Montréal existent afin de créer un sentiment d’appartenance chez les bisexuels et de les soutenir dans leur différence encore mal perçue. Mais, idéalement, il souhaite que les bisexuels « vivent leur bisexualité pas seulement à l’intérieur de l’association mais parlent de leur réalité dans toutes les sphères sociales aussi librement. » À ce moment, le cofondateur de Bi-Unité Montréal aura pleinement atteint son objectif : la tolérance silencieuse sera devenue acceptation.


Emilie Chaix
Un condensé de cet article a été publié dans le journal Le Métropolitain en février 2002.

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 La bisexualité : par ici la sortie 
 Novembre 2001

Les bisexuels existent vraiment : j’en ai rencontré. Des gens se situant quelque part entre les 10% d’homosexuels purs et les 10% d’hétérosexuels purs, selon l’étude de Kinsey, ne sont pas que théoriques. Ces hommes et ces femmes bisexuels forment un groupe de plus en plus affirmé et visible. Très diversifiés, ils sont de plus en plus nombreux à se réjouir de leur condition et à affirmer sans indécision leur droit aux préférences sexuelles et/ou amoureuses binaires.

Contrairement à l’idée populaire décrivant le bisexuel mal dans sa peau, torturé entre les hommes et les femmes, pour plusieurs bisexuels, la sexualité qu’ils vivent n’est pas un fardeau. Dual Attraction : understanding bisexuality, la plus grande étude menée sur la bisexualité auprès de 800 hommes et femmes de San Francisco dans les années 80, montre que près de 75% des répondants « ne regrettent pas du tout » d’être bisexuels et qu’aucun ne le « regrette beaucoup ». Les femmes et les hommes se définissant comme bisexuels le voient comme une réponse après bien des questionnements, un nom sur ce qu’ils sont vraiment.

La difficulté à s’affirmer pour plusieurs bisexuels provient de la pression de la société aux pôles opposés homosexualité/hétérosexualité et de la négation de l’existence de l’identité bisexuelle. La bisexualité dans ce monde dichotomique obtient un lot de préjugés et de méfiance : indécis, hétérosexuel en expérimentation, homosexuel refoulé, obsédé sexuel, etc. Une bisexuelle, Marie, en rend compte : « Il n'y a pas d'identité bi socialement établie. Les gens ont aussi peur de l'inconnu donc on est souvent vus comme des personnes étranges qui ne savent pas se brancher. On nous dit qu'il faut choisir un côté. » Laura souligne un autre préjugé qui agace les femmes bisexuelles, le stéréotype de « l’assoiffée de sexe » qui se soumet aux volontés de son mari. « Les hommes imaginent tout de suite que je vais ajouter un peu de piquant à leur mariage. Je n'ai jamais vécu un ménage à trois, mais je n'ai rien contre. Mais je ne suis pas un jouet érotique. » relate-t-elle. Les homosexuels ne sont parfois guère plus compréhensifs face à la bisexualité, comme le souligne Yves Bourgeois, le président de l’association Bi-Unité Montréal. Après bien des années de lutte pour la reconnaissance des droits des gays, affirmer qu’il y a des gens capables d’aller « des 2 côtés » rend l’homosexualité « récupérable » et rapproche de l’hétérosexualité.

Le peu de ressources disponibles pour les bisexuels et la volonté d’exposer la réalité bisexuelle pour les aider à s’affirmer sans honte a poussé plusieurs bisexuels à s’associer. Depuis une trentaine d’années, on a vu aux États-Unis et en Europe naître des centaines de groupes dédiés à la communauté bisexuelle. Selon le site BiNet USA, la référence bisexuelle mondiale, le mouvement bisexuel a commencé en 1972 avec The National Bisexual Liberation Group à New York. Après cette première volonté de mettre en évidence l’identité bisexuelle, les groupes se sont propagés à travers les Etats-Unis. En 1976, le Bisexual Centre à San Francisco a commencé à offrir des services spécifiquement dirigés vers les bisexuels : groupes de discussion, « newsletters », conférences, etc. Dans les années 80, une nouveauté s’est ajoutée : les groupes pour femmes bisexuelles avec The Boston Bisexual Women’s Network. Par la suite, d’autres groupes spécialisés, des congrès, des magazines, des réseaux sur internet ont ajouté leur contribution à l’aide aux bisexuels et à leur reconnaissance.

Au Canada, le mouvement bisexuel est beaucoup plus jeune. À Montréal, on compte 2 groupes bisexuels : Bi-Montreal et Bi Unité Montréal. Ce dernier a beaucoup fait ces 4 dernières années pour la communauté bisexuelle : des rencontres discussions, des conférences, des activités sociales, etc.

On compte également sur internet le réseau BiNet Canada, permettant aux bisexuels canadiens des discussions et des échanges d’information par forum électronique.

Quelques bisexuels croient qu’il est délicat de parler d’une communauté bisexuelle. Les groupes pour gens bisexuels ont pour mission de faire reconnaître l’existence de la bisexualité, d’effacer les préjugés et de créer un lieu facilitant l’échange sur des problématiques à dynamique bisexuelle. Cependant, certains bisexuels redoutent l’idée d’un groupe aux normes définies. Ingrid, une bisexuelle, raconte : « Communauté, c’est un couteau à 2 tranchants. Ça a un pouvoir de force, mais ça peut être aussi dangereux. Il faut pouvoir s’en détacher le temps venu. »

Dans le monde moderne, être bisexuel, « n’est-ce pas une forme de contestation, consciente ou non, de la logique binaire et de ses intégrismes en matière d’érotisme? » Avec son livre Éloge de la diversité sexuelle, Michel Dorais bouscule le concept de l’identité sexuelle, des genres et de l’orientation sexuelle en mettant en évidence la mince ligne entre le masculin et le féminin, entre l’homosexualité et l’hétérosexualité. Pour lui, le concept d’identités polarisées, définies et immuables est inconciliable avec la nature humaine changeante.

Si nous faisons preuve de diversité dans tous les domaines de l’existence, pourquoi pas dans la sexualité, une zone si sensible et illogique de notre vie?  « Ne correspondant pas tout à fait au modèle hétérosexuel ni à son contretype désigné, le modèle homosexuel, les personnes (am)bisexuelles sont probablement moins enclines que d’autres à tomber dans le piège des identités toutes faites ; elles ont tout au moins à questionner le clivage hétéro/homo. »

Des chercheurs tels Klein et Kinsey ont élaboré des hypothèses semblables avant lui. Klein a instauré une échelle où plusieurs compartiments de l’identité sexuelle sont analysés : attraction sexuelle, attraction sociale, préférence émotionnelle, préférence au niveau des fantasmes, comportement sexuel, style de vie hétérosexuel ou homosexuel et identification personnelle. Pour chacune des dimensions, il y a 7 réponses possibles : des hommes aux femmes exclusivement et d’hétérosexualité à homosexualité exclusivement. Par cette grille, il offre une vision plus complète de l’orientation sexuelle et montre que plusieurs personnes ont un potentiel à se situer entre les pôles homosexuels et hétérosexuels sur un ou plusieurs aspects. Suivant cette logique, Marie, une bisexuelle affirmée, explique sa vision de la bisexualité : « Je vois ça comme une forme de sexualité parmi une vaste gamme de formes. C'est tout naturel et libérant de pouvoir tomber en amour, ou de vouloir partager son intimité, avec quelqu'un quel que soit son sexe. »


Emilie Chaix
Cet article a été écrit dans le cadre d'un cours de journalisme en novembre 2001, et a été publié pour la première fois sur ce site en août 2002.

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