L’immigration LGBTQ française au Québec pour s’épanouir

Envoyé par Urbania / via ALGI en date du 02 août 2020 à 14h23

Le 8 juillet dernier, la revue québécoise Urbania publiait un article signé Daisy Le Corre intitulé L’immigration LGBTQ française au Québec : changer de pays pour s’épanouir. En voici quelques extraits.

( crédit photo quebecfrance.org/ )

Notre journaliste – elle-même venue ici pour s’assumer pleinement et devenir parent – raconte. (...)

À l’époque, du Québec, je connaissais : les répliques cultes des Amours imaginaires de Xavier Dolan, URBANIA, Anne Archet et son Carnet écarlate… et la légendaire ouverture d’esprit. Comparée à la France, l’ouverture québécoise à la communauté LGBTQ+ me semblait irréelle, impensable. Plusieurs potes, en revenant de Montréal, m’avaient d’ailleurs dit : « Tu serais trop bien, toi, là-bas. »

En 2014, le destin a pris les choses en mains : j’y suis allée deux fois pour le travail, je ne suis jamais rentrée. Depuis, je me suis mariée et je suis devenue parent sans heurts ni fracas, dans une indifférence bienveillante. Mon rêve québécois à moi. Mes potes avaient raison, je sais maintenant pourquoi.

Je ne suis clairement pas la seule à avoir fait ce choix. Il y aurait environ 100 000 Français installés au Québec, incluant les résidents permanents, les étudiants et les détenteurs de permis temporaires. C’est près de 2 fois plus qu’il y a 15 ans.

Et là-dessus, une tonne est LGBTQ+, observe Mona Greenbaum, directrice de la Coalition des familles LGBT. Déjà en 2010, près de la moitié des 17 membres du conseil d’administration de son organisme étaient des Français. Et ça continue. « C’est difficile à chiffrer, évidemment, mais il y a eu une vague d’arrivées depuis 2013. Certains d’entre eux m’ont expliqué en avoir eu marre du discours négatif sur la communauté, des anti-mariages pour tous. Ils se sont sentis blessés, tout simplement. » Elle reçoit quotidiennement des messages de Français.e.s. « Beaucoup m’écrivent pour savoir comment s’y prendre pour la gestation pour autrui [NDLR : le recours à une mère porteuse] et parfois ils viennent à Montréal spécialement pour suivre un de nos ateliers sur le sujet. »

D’après elle, on commence à peine à mesurer les ravages de La Manif pour tous. « En Australie, une étude a évalué l’impact émotionnel et psychologique des discours négatifs autour du mariage pour tous. C’est édifiant. » Là-bas aussi, le débat législatif sur le mariage gai, en 2017, a été violent. Et selon les chercheurs, les conséquences sont lourdes. La santé mentale des personnes LGBTQ+ est la plus fragile de toutes les populations d’Australie : elles ont davantage tendance à faire des tentatives de suicide ou à s’automutiler.

En France, le nombre d’actes LGBTphobes a atteint un sommet l’année de l’adoption de la loi et des manifs (3517 signalements), selon SOS homophobie. Même si le nombre de signalements a diminué par après, il connaît de nouveau une hausse depuis 4 ans (1905 actes ont été signalés en 2018). D’après le gouvernement français, l’explication est double : d’un côté, les victimes témoignent davantage; de l’autre, la montée du « rejet de l’autre » entraîne une augmentation de toutes les violences identitaires (l’homophobie, mais aussi l’antisémitisme, par exemple).

Ce n’est pas plus rose dans la sphère professionnelle. Dans un sondage réalisé par l’association Autre Cercle, le quart des personnes LGBT interrogées déclaraient avoir été victimes d’au moins une agression verbale ou physique au travail.

« L’homophobie reste bien présente dans la société française. On est encore loin du jour où tous les couples homosexuels pourront afficher librement leur relation dans l’espace public en présence d’amis, de voisins ou dans leur famille. Où, finalement, elle ne “s’affichera” plus, car elle sera banalisée. » C’est l’Observatoire des inégalités qui le dit.

(...) Parce qu’au-delà de la possibilité (importante, là!) de se minoucher en public, une grosse différence entre la France et le Québec pour les couples LGBTQ+, c’est la parentalité. Ici, on reconnaît un lien de filiation légal entre un enfant et deux conjoints de même sexe depuis 2002.

(...) D’après Étienne Marouseau, « la bisexualité reste problématique pour une bonne partie de la population, les enjeux trans commencent à peine à percer et le polyamour est encore associé à beaucoup de préjugés. Tout comme le fait de pouvoir vivre sans stéréotype de genre est encore problématique du point de vue social. »

La preuve en chiffres : à l’heure actuelle, au Québec, plus d’une personne LGBTQ+ sur deux a vécu le rejet de son partenaire par sa famille, une sur trois a subi de la violence physique, verbale ou sexuelle, et une sur cinq doit rompre tout contact avec sa famille d’origine en raison de son identité LGBTQ+.

Ces chiffres – qui viennent de SAVIE-LGBTG, un projet de la Chaire de recherche en homophobie de l’UQAM – peuvent donner l’impression que la situation ici n’est pas meilleure qu’en France, finalement. Mais je persiste à croire (comme pas mal tous les LGBTQ+ français que je connais ici) que le feeling est radicalement différent. De manière générale, il règne dans la Belle Province une indifférence bienveillante qui est apaisante et rassurante. Il faut le vivre pour le comprendre.

 

Lire l'article sur le site d'Urbania

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