Pour les homosexuels au Sénégal, une vie empêchée

Envoyé par Komitid avec l'AFP/ via ALGI en date du 08 août 2022 à 15h05

Les tensions sur cette question taboue sont de plus en plus fortes, marquées par une hausse des discriminations, selon des organisations des droits Humains.


Le rainbow flag et le drapeau du Sénégal - Yuriy Boyko / Shutterstock, oubliée avec l'article de Komitid

“Les gens ici ne cherchent pas à comprendre. Tu es homosexuel : tu es banni, tapé, livré à la police. Alors je fais de mon mieux pour rester dans mon coin ; j’ai peur de croiser quelqu’un qui me connaît et a de la haine”, souffle Abdou, jeune homosexuel sénégalais.

A seulement 20 ans, Abdou* a été menacé de mort et subit l’ostracisme de sa famille. Il témoigne d’une vie quasi impossible au Sénégal et de l’exclusion sociale des homosexuels dans son pays.

“La situation devient de plus en plus grave”, lâche-t-il. “La colère que les gens ont… ce n’est pas quelque chose qui existait avant”.

Les tensions sur cette question taboue au Sénégal sont de plus en plus fortes, marquées par une hausse des discriminations, selon des organisations des droits de l’Homme.

Dans ce pays musulman à 95 % et très pratiquant, l’homosexualité est largement considérée comme une déviance. La loi réprime d’un emprisonnement d’un à cinq ans les actes dits “contre nature avec un individu de son sexe”.

“La situation de la communauté LGBTQI est très compliquée, notamment la dernière année et demie” caractérisée “par une campagne massive” contre l’homosexualité “menée par des associations religieuses et conservatrices qui veulent prétendument restaurer les valeurs sénégalaises”, dit à l’AFP Ousmane Aly Diallo, chercheur à Amnesty International au bureau pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

“Il est plus risqué aujourd’hui d’afficher publiquement son identité LGBTQI qu’il y a quelques années ; il y a de plus en plus d’agressions contre des membres de cette communauté, souvent filmées et diffusées sur les réseaux sociaux”, note-t-il.

En mai 2021 et en février dernier, des milliers de personnes ont manifesté à Dakar pour réclamer un renforcement de la répression de l’homosexualité.

Le sujet est aussi instrumentalisé politiquement. Le principal opposant Ousmane Sonko a fait de la lutte contre l’homosexualité un argument de campagne pour les législatives de dimanche.

(...)

“Au Sénégal, vivre avec l’homosexualité c’est être en danger du matin au soir ; c’est un chemin très sombre”. Plusieurs de ses amis se sont suicidés. Ils ne parvenaient pas à vivre cachés.

Dans ce contexte, nombre de gays mènent une double vie. Jusqu’à il y a 3 mois, c’était le destin de Khalifa*, bisexuel. Marié depuis 4 ans, il a vécu jusqu’à ses 34 ans sans que son entourage ne soupçonne rien. Récemment “dénoncé”, il a perdu son emploi, sa carrière.

Son père a menacé de “le tuer”, il ne voit plus sa femme ni son enfant et survit dans une ville loin de Dakar.

Khalifa ne voit plus d’autre choix que de demander l’asile à l’étranger, car un mouvement anti-LGBT l’a selon lui identifié et risque de le traquer ou de publier son nom sur internet.

Abdou aussi aimerait quitter le Sénégal pour un endroit où il est “accepté” et éloigner sa mère de la stigmatisation.

“Si je pars, ce sera la paix pour ma mère…”, dit-il, la voix brisée.

 * Prénoms modifiés pour raisons de sécurité.

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