En Corse face à l’homophobie, la parole se libère enfin

Envoyé par Têtu / via ALGI en date du 30 août 2021 à 13h49

À bas l'homophobie, la transphobie et la lesbophobie

Le magazine français Têtu a publié le 25 août 2021 un reportage de Benjamin Soyer sur la mobilisation en Corse contre la violence entre les personnes des communautés LGBT+. En voici des extraits.

Un mois après la violente agression dont a été victime un couple gay à Macinaggio, en Haute-Corse, une manifestation anti-LGBTphobies a été organisée dimanche dans les rues de Bastia. Une première du genre, qui s'inscrit dans un réveil des consciences initié par des militant·es lassé·es du climat viriliste toxique encore omniprésent sur l'île, et qui ont décidé de lutter. Témoignages.

"La violence de l’agression nous a tous choqués. On voulait réagir, dire que ce n’est pas tolérable". Pour Mattea, comme pour les dizaines d’autres personnes qui se sont rassemblées ce dimanche 22 août dans les rues de Bastia pour dénoncer les LGBTphobies en Corse, "il fallait manifester". Un mois après la violente attaque qui a visé un couple gay devant un bar à Macinaggio, au Cap Corse, la colère est toujours là, et la volonté de faire évoluer les mentalités plus présente que jamais. Se mobiliser donc, pour "dire basta" à l’homophobie ambiante : un acte essentiel puisqu’il s’agit de la première marche "vraiment revendicative, en soutien direct aux victimes de LGBTphobies" jamais organisée sur l’île de Beauté.

Ne plus se taire

"Il y a une volonté d’être visibles, bruyants, de montrer qu’on est là, qu’on existe et qu’on ne veut pas se taire ni se cacher", poursuit la militante de 24 ans auprès de TÊTU. Une initiative portée par plusieurs collectifs féministes et LGBTQI+, déterminés à "casser l’isolement" sur l'île des personnes concernées. Arcu Corsica en fait partie. Créée en 2019, l’association veut être un repère pour la communauté LGBTQI+ en Corse. Un projet légèrement ébranlé par la crise sanitaire, qui avait jusqu’à présent empêché la tenue de rassemblements, même si l’association a déjà pu apporter son aide à quelques victimes : "On s’est occupé de quatre agressions physiques majeures depuis qu’on existe, déclare Mattea. C’est pas mal, mais ça ne reflète pas la réalité car il y a des gens qui ne parlent pas".

"Les homos que je connais sont quasiment tous partis"

En Corse, "il y a ceux qui seraient très heureux de 'casser du pédé' – et ça arrive assez régulièrement –, mais il y a aussi une homophobie plus passive", constate Nicolas, jeune trentenaire partagé entre son île natale et Paris. C'est cette homophobie latente et quotidienne qui se fait la plus pesante pour les Corses LGBTQI+, jusqu’à nourri l’envie de s’exiler sur le continent. "Les homos que je connais, qui sont Corses ou qui ont grandi en Corse, sont quasiment tous partis, souligne le garçon qui vient lui-même de se décider à rejoindre de nouveau la capitale. Et ceux qui restent ne l'assument pas, ou le vivent de manière cachée". Et la militante féministe qui se fait appeler "Cassio sorcière" de surenchérir : "On est en 2021 mais ils ne peuvent pas vivre leur amour librement ici. (…) La seule solution qu’ils trouvent, c’est l’exil." Pour Mattea, jeune femme de 24 ans également partie vivre sur le continent pour y suivre des études, "il n’y a pas beaucoup d’agressions physiques", du moins probablement "pas plus qu’ailleurs" : elle rejoint ainsi Nicolas sur l’idée d’une "homophobie intériorisée, commune et omniprésente", corollaire d’un "virilisme très poussé" sur l’île.

Lire la suite sur tetu.com


    Répondre Corriger
Répondre     ou Corriger votre message

Remarque
Si la date ou l'heure de la publication est plus ancienne que celle indiquée dans l'index,
vous pouvez actualiser la page en cliquant ICI.

© Algi [Accueil]