Chapitre 4. Ma vie d'enfer comme réfugiée au Maroc (sept. à déc. 2020)

Envoyé par Vania, femme camerounaise en prison dans la peau d'un garçon en date du 02 août 2021 à 15h32 en réponse à Chapitre 2. Mon départ du Cameroun (reçu de Vania, femme camerounaise en prison dans la peau d'un garçon le 26 juillet 2021 à 21h48).

Septembre 2020.

Je suis toujours violentée, même en public. Du coup, j'ai peur même de sortir. Actuellement je suis malade car j'ai fait une crise de stress et j'étais sur le point de m'évanouir. On a refusé de m'admettre à l'hôpital.

L'agent qui s'occupe des réfugiés malades étant très loin, et comme c'était le weekend, il m'a demandé d'acheter du Doliprane et jusqu'à aujourd'hui c'est ça que je prends. Je sais que le travail du HCR Maroc a été très difficile à cause du Covid. Mais la je pense qu'ils ont déjà repris. Je ne suis pas de traitement médical pour le stress. Je suis mal reçue et refoulée quand je vais a l'hôpital. Du coup, je préfère rester chez moi et ne plus appeler quelqu'un a l'aide. Si je meure j'aurai au moins un repos de toute cette vie qui me traumatise.

Parfois je pleure et me demande pourquoi je suis venue ici. Mais après, je préfère me replier sur moi-même. Je suis à bout de souffle et j'ai parfois envie d'en finir avec mes jours pour être en paix.

Il y a près de 2 semaines j'ai encore été agressée et j'en ai fait part à la personne qui s'occupe de notre écoute a la Fondation Orient Occident. J'ai été frappée et j'ai eu des éraflures sur les bras, le genou droit et la cheville gauche. Ils m'ont giflé j'ai eu l'oeil touché. J'ai voulu aller a l'hôpital mais on m'a refoulée, j'ai appelé la psychologue du HCR. J'ai même pas voulu trop lui en parler, car je sais que c'est pas facile pour eux actuellement avec le travail. Je suis allée à l'hôpital des réfugiés lundi après mon écoute à la Fondation, mais il y avait trop de monde et je ne voulais pas rentrer tard. Ce matin je voulais aller à l'hôpital des réfugiés et on m'a encore attaquée. J'ai été blessée au doigt avec une lame. Et j'ai dû fuir pour rentrer me cacher à la maison. J'ai vraiment besoin de protection. J'ai même peur de sortir maintenant et même de me plaindre à un agent de police de passage. Il me chasse comme une chienne. Je suis a bout de souffle je vous assure. Parfois j'ai envie de me donner la mort mais je garde espoir.

Novembre 2020.

Actuellement il n'y a même pas que le Covid qui nous dérange, mais la police aussi. Il y a trois semaines, je voulais me rendre à l'hôpital je me suis fait arrêter même avec mon document du HCR. La première des choses qu'ils font c'est d'arracher votre téléphone et tout ce que vous avez. Quand ils ont vu que je suis trans on m'a presque frappée. C'est un policier âgé, qui a eu de la peine pour moi et a demandé qu'on me relâche. J'ai à témoin un couple LGBT assis ici que j'ai appelé parce que la dernière fois que j'ai demandé une protection, on m' a craché au nez. Je ne dois pas penser qu'en maison de protection il y a la police qui va me protéger. Ça peut être pire.

Depuis une semaine je fuis mon domicile, car je suis traquée par le voisinage. Et ma logeuse m'a demandé de partir. J'ai trouvé refuge chez un jeune couple de LGBT pas loin et, d'ici peu, nous irons prendre mes affaires. J'ai même peur de sortir pour aller chercher de petites jobs par crainte de la police. Hier j'ai rencontré la psychologue le l'ALCS Maroc à qui j'ai expliqué ce que je vis et que j'ai décidé de ne plus appeler le HCR, car je vois comme si je dérange.

(photo publiée sur la page Facebook de l'Association de Lutte Contre le Sida au Maroc)

Je suis à bout et je prie que la Covid passe et que je sois à un endroit où je peux être utile et travailler pour m'en sortir et vivre tranquillement. Je déprime et je ne dors pas de la nuit car ma vie est toujours en danger. Là où je veux aller pour rester, on me chasse comme une chienne et des réfugiés ont même témoigné devant la psychologue. Je prie Dieu tous les jours que je sorte d'ici. J'aimerais rencontrer un écrivain ou un journaliste pour parler de ma vie, car des gens n'ont pas idée de ce que je vie et j'ai vécu. J'aimerais un jour que mon histoire, même si je meure, soit écrite et qu'on puisse en témoigner.

Décembre 2020.

Bonjour à vous Mr. J'espère que vous allez bien? Moi, de mon côté, j'essaye de me cacher et de m'enfermer. J'ai peur de sortir à cause des refoulements et la police qui nous a traumatisés. J'ai perdu mon téléphone dans une agression. Même dans les bus, je suis traitée comme une chienne et je ne peux pas me plaindre, sinon même la police me gifle et me menace. J'ai été chassée de là ou je vivais et j'ai trouvé refuge chez une dame sénégalaise où je suis rendue en bonniche de peur d'être exposée.

Je n'ai plus personne dans ma vie, juste sur vous que je peux me tourner pour parler. Je me disais qu'en venant par ici je serais un peu en sécurité. Mais, même la police me traumatise, les populations aussi et même les propriétaires de maison. Tout ce que je veux, c'est de vivre et partir d'ici. Sinon je risque même de me suicider pour ne plus souffrir comme cela.

Pour le HCR je n'ai pas de nouvelle depuis la dernière fois que je suis juste aller pour renouveler mes documents. Mais je prie Dieu que tout soit terminé bientôt car, même là où je vous écris, je suis en train d'être mise à la porte par mon bailleur à cause du fait que certains voisins lui ont soufflé que je suis LGBT. Ma voisine, par pitié, m'a caché la vérité, mais une ancienne colocataire avec qui je cause par téléphone m'a dit qu'elle a appris cela. Et me demandait de faire attention à moi. Car même certains voisins black ici, que je ne connais même pas et qui fréquentent la Fondation du HCR, leur ont soufflé cela. Demain je vais appeler le HCR pour les informer encore et je vais aller rester chez une camarade lesbienne en attendant.

(…) Actuellement même je suis très mal car, comme l'assistance financière du HCR tarde à venir, le bailleur nous met la pression pour payer le loyer. Il y a 3 ou 4 jours nous sommes sortis pour aller demander l'argent . En route la police m'a tapée en me laissant des traces sur le corps. On a appelé le HCR plusieurs fois. Mais, ils n'ont même pas pris le téléphone. Je suis à bout je vous assure. Je ne sais plus quoi faire et si je dois me suicider pour en finir avec cette souffrance.

 


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