Chapitre 3. Ma vie d’enfer comme réfugiée au Maroc (avril à aout 2020)

Envoyé par Vania, femme camerounaise en prison dans la peau d'un garçon en date du 26 juillet 2021 à 21h48 en réponse à Chapitre 1, Ma vie au Cameroun (reçu de Chapitre 2. Mon départ du Cameroun le 12 juillet 2021 à 21h14).

Avril 2020.

Je viens vers vous pour demander de l'aide car je vis des tortures et une discrimination à cause de ce que je suis. Ce 1er avril 2020, mes colocataires et moi avons subi des violences à domicile de la part des forces auxiliaires du Maroc et je me suis retrouvée évanouie à l'hôpital. Je me suis vue privée jusqu'à aujourd'hui de mon téléphone.

J’ai crié à l’aide, mais on m’a dit d’attendre. Je n’ai pas arrêté de faire des crises de mauvaise respiration et d’évanouissement depuis le 1er avril. À l’hôpital, on ne me traite pas bien. Parfois, on ne veux même pas me toucher et on me chasse de la salle.

J'ai contacté le HCR à plusieurs reprises, mais je suis toujours sans suites. J'ai peur pour ma vie. Hier même, deux jeunes marocains m’ont brutalisé alors que je sortais de l’hôpital. Je ne sors plus car, quand je sors, les gens du quartier m'insultent : zamel , pédé… J'ai même failli être agressée aujourd'hui alors que j'allais chercher de quoi manger. J'ai très peur pour ma vie car ceux qui sont sensés me protéger deviennent un danger pour moi.

J'ai fui mon pays à cause des tortures et parce que ma vie était en danger. Je me suis réfugié ici et je vois que je suis encore plus en danger. Je ne sais pas quoi faire. Tout ce que je demande c'est de vivre librement loin de ce calvaire. Je vis dans la peur et je suis traumatisée.

J’ai déjà obtenu mon statut de réfugiée auprès du HCR en janvier 2020. Mais ce qui m’inquiète, c’est ma sécurité depuis près d’un mois. Je ne me plains plus parce que, même quand on se plaint, on a pas de résultat qui suit. Je suis camerounaise et j’ai été battue par les forces auxiliaires à cause du fait que je suis gay trans et noire. Au Cameroun, j’ai été rejetée même par ma famille et mon village. J’ai pris le risque de venir ici et depuis que je suis là, je me suis déjà faite agresser 4 ou 5 fois, 3 fois à Casablanca par des Marocains, ce qui m’a poussée à fuir pour venir ici à Rabat. Ici aussi, je me suis faite agresser par les Marocains et maintenant par la police.

C’est comme si ces gens nous déteste. J’ai peur vraiment pour ma vie et je vois que, si ça ne va pas, je vais aller mourir dans la mer pour rejoindre l’Europe car c’était ma première option.

Le HCR ne m’a pas parlé de réinstallation. Je sais même pas ce que c’est. Je vais essayer de demander pour la réinstallation. Mais actuellement, je vis dans la peur et l’angoisse. Je vais attendre que le confinement finisse et je vais aller vers eux.

Juillet 2020.

J'essaie tant bien que mal de me cacher comme je peux malgré les agressions. La semaine passée, j'ai eu un entretien pour la réinstallation. Mais, je pense que si votre association envoie une lettre au HCR Maroc et à l'ambassade portant mes informations, ils peuvent me réinstaller au Canada.

Actuellement, je vis cachée dans l'angoisse et la peur. Parfois même, j’ai dégoût de la vie et je me demande si je suis vivante. Ici, il arrive que des gens avec qui je vis, quand ils constatent que je suis un homme, le disent au bailleur et on me fout à la porte. Là, je me suis installée dans une petite localité près de Rabat et j’évite même de m'exposer en attendant qu'une solution se présente.

Le travail du HCR au Maroc n'est vraiment pas facile et je le remercie pour ce qu’il fait pour nous, les plus vulnérables.

Aout 2020.

Bonsoir. Je reviens auprès de vous car ça ne va toujours pas. J'essaye même de changer de coupe mais mon caractère efféminé, ma voix et mon visage me font défaut. Je me suis coupé les cheveux récemment pour passer inaperçue mais, même des black maintenant m'attaquent par des injures qui attirent l'attention sur moi. En 1 mois, j'ai fui de 2 à 3 domiciles pour essayer de me cacher. Mais même là, soit ce sont les Marocains qui m'attaquent physiquement, soit des black qui m'insultent au passage. Le stress et l'angoisse veulent me détruire. Je ne peux pas facilement aller à une boutique ou au marché car j'ai peur. Je ne peux non plus aller à la police me plaindre à cause de ce que j'ai subi de leur part le 1er avril. Je suis désespérée et déprimée... Je suis partie de la mignonne A..., la poupée black, à un monstre qui va peut être mourir bientôt de stress.

Je ne veux plus appeler le HCR pour ce qui m'arrive, car vu qu'ils sont débordés, ils n'interviennent pas à temps. Là je me suis cachée hors de la ville de Rabat chez une dame qui a pris le risque de me garder en attendant.


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