Ottawa s'attaque aux thérapies de conversion

Envoyé par ALGI en date du 09 mars 2020 à 16h51
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OTTAWA – Le gouvernement Trudeau a déposé lundi un projet de loi pour mettre fin aux thérapies de conversion visant à «guérir » l’homosexualité ou «corriger» l’identité de genre. 

«La thérapie de conversion est une pratique cruelle qui peut entraîner des traumatismes permanents, particulièrement chez les jeunes », a dit le ministre de la Justice David Lametti en annonçant les changements proposés au Code criminel pour interdire ce genre de «traitements ». 

Si ces changements sont approuvés, il deviendrait illégal de faire subir une thérapie de conversion à un mineur ou de l’envoyer dans un autre pays pour ce faire. 

Les modifications proposées au Code criminel visent aussi à protéger les adultes, comme celle criminalisant le fait de tirer un profit de la thérapie de conversion ou d’annoncer une offre pour ce genre de services. 

«La loi progressiste que nous proposons aujourd’hui contribuera à faire en sorte que chaque personne, partout au Canada, puisse être ce qu’elle est vraiment, et vivre une vie pleine, saine et sécuritaire», a déclaré la ministre de la Diversité et de l'Inclusion, Bardish Chagger, qui était aussi présente à l’annonce. 

Avec une éventuelle adoption de ce projet de loi, les libéraux accompliraient une promesse électorale. Dans leur plateforme électorale, les troupes de Justin Trudeau s’engageaient à agir pour enrayer la pratique «dangereuse et désapprouvée» des thérapies de conversion. 

Cette pratique, souvent offerte par des organisations religieuses, est décriée tant par l’Organisation mondiale de la Santé que par l’Ordre des psychologues du Québec. 

La Nouvelle-Écosse, le Manitoba et l’Ontario ont déjà mis en place des mesures pour protéger les mineurs des thérapies de conversion.

Source : journaldemontreal.com par Émilie Bergeron,


Source : Louis Blouin, Radio-Canada, 9 mars 2020.

Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld publiée sur le site de Radio-Canada

Les thérapies de conversion ou thérapies de réorientation sexuelle sont des interventions psychologiques ou spirituelles censées changer l'orientation sexuelle ou l'identité de genre d'une personne, que ce soit par le biais d'une thérapie par la parole, de médicaments ou d'une combinaison des deux.

Gabriel Nadeau conserve un souvenir traumatisant de sa première thérapie de conversion.

Âgé aujourd'hui de 26 ans, il vit pleinement son homosexualité. Cependant, il en a profondément souffert pendant son adolescence. Élevé dans une famille très religieuse, il s’est inquiété à 12 ans de ressentir une attirance envers les hommes.

Influencé par son milieu, Gabriel a lui-même demandé à sa mère de subir une thérapie de conversion pour tenter de « guérir » son homosexualité. Un religieux s’est livré à une sorte d’exorcisme.

Il s’est mis à crier dans mes oreilles : "Au nom de Jésus, démon, sort!", raconte-t-il.

Gabriel est resté profondément marqué par cette expérience qui a duré une trentaine de minutes.

Je pleurais, pas tant parce qu’on me criait dans les oreilles. Je pleurais parce que je ne voulais tellement pas être comme ça, je ne voulais tellement pas être gai. J'étais tellement désespéré de changer, même à 12 ans.

Gabriel Nadeau

Voyant que cela ne fonctionnait pas, il s’est soumis à deux autres thérapies à 16 ans et 18 ans en payant des centaines de dollars de sa poche. J'avais peur d'aller en enfer, explique-t-il.

Avec du recul, il constate aujourd’hui à quel point cela a été dommageable pour lui. C'est un support social au rejet de soi, remarque-t-il. Aussi, dans mon cas, ç’a été la dépression, j'ai eu des pensées suicidaires, ajoute celui qui s’est éloigné de la religion depuis.

Gabriel Nadeau a subi trois thérapies de réorientation sexuelle dans sa vie.
Photo : Radio-Canada / Thierry Laflamme

Changements au Code criminel

Le gouvernement Trudeau déposera un projet de loi lundi à Ottawa pour s’attaquer à cette pratique.

Pendant la dernière campagne électorale, les libéraux avaient promis des modifications au Code criminel pour interdire, plus particulièrement chez les mineurs, cette pratique dangereuse et désapprouvée scientifiquement. Selon nos informations, certaines mesures proposées par le gouvernement s’appliqueront aussi aux adultes.

On ne choisit pas sa sexualité. On ne choisit pas envers qui l'on est attiré, insiste Bardish Chagger, ministre fédérale de la Diversité, de l’Inclusion et de la Jeunesse.

La science démontre que cette pratique ne fonctionne pas. C’est destructeur, dommageable et ça ne devrait pas exister. Bardish Chagger, ministre de la Diversité, de l’Inclusion et de la Jeunesse

Lire la suite de l'article sur le site de Radio-Canada

Voir aussi :

J'ai survécu à la thérapie de conversion. Voici ce que l’interdiction canadienne doit inclure, huffingtonpost.ca, 17 janvier 2020.

Homosexualité: les «thérapies de réorientation» bien présentes au Québec, ledroit.com, 17 mai 2018.

 


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