Sentier littéraire Louise-Amélie

C'est en octobre 2018 que la Médiathèque littéraire inaugurait le Sentier littéraire Louise-Amélie à Sainte-Mélanie dans la belle région de Lanaudière. Situé sur les terres du moulin de l'ancienne seigneurie d'Ailleboust, le Sentier littéraire Louise-Amélie a été nommé ainsi pour célébrer la découverte de cette grande dame des arts et lettres que fut Louise-Amélie Panet, née en 1789 et héritière de la Seigneurie d'Ailleboust en 1832. C'est à cette découverte que nous vous convions en parcourant ces sentiers construits autour de la poésie de cette pionnière de notre littérature. Dans sa version inaugurale, les sentiers permettent aussi de découvrir des poèmes inédits du poète mélanien Jean-Paul Daoust. En octobre 2019, s'est ajouté Empreintes, une installation sonore du compositeur Yves Daoust.

Ce projet a été rendu possible grâce à un partenariat avec un  grand amoureux de la nature et du patrimoine, Monsieur Bernard Pilon, le propriétaire du domaine des Jardins de la Montagne. Grand merci ! Merci aussi au comité Culture en Action Sainte-Mélanie pour son soutien.

Les modalités de l'ouverture permanente du Sentier littéraire Louise-Amélie restent encore à déterminer, mais le sentier est accessible aux promeneurs respectueux des lieux.

Espérons que la petite visite virtuelle qui suit vous donnera envie de venir nous visiter.

Adresse du stationnement : 531 rang du Pied-de-la-Montagne, Sainte-Mélanie,  QC J0K 3A0. Tél. 514 861-0880

 

Portrait d'Amélie Panet-Berczy peint par son beau-père William Von Moll Berczy vers 1810.

Photo sans identification trouvée dans un mur du manoir.

Le manoir Panet dans son état actuel occupé depuis trois générations par la famille Massicotte. [Agrandir]
(photo de Johanne Pichette et Denis Bélanger)

La vie de Louise-Amélie Panet en quelques dates

1789
27 janvier, Louise-Amélie Panet naît à Québec, fille de Pierre-Louis et de Marie-Anne Cerré. Sous la gouverne de son père, homme politique et juge à la cour du banc du roi, qui agit comme percepteur, elle fréquente de nombreuses écoles jusqu’à celle de Charlotte Allamand et l’atelier de son mari, le peintre William Von Moll Berczy.

1812
Décès de Pierre-Louis Panet. Louise-Amélie hérite, en partage, de la seigneurie d’Ailleboust ; elle rédige ses premiers poèmes, une forme d’écriture qu’elle pratiquera jusqu’en 1850. Louise-Amélie possédait une infinité de connaissances : elle pratiquait l’italien, l’allemand, le latin, l’anglais. Selon le témoignage de son mari (rapporté par Roger Le Moine dans Louise-Amélie Panet, Ottawa, éditions David, 2000) Louise-Amélie se plaisait surtout à analyser les langues et à découvrir l’étymologie des mots par rapport à leur usage dans le Canada de l’époque. Peintre, musicienne, elle avait puisé dans la lecture et la juste appréciation des ouvrages philosophiques du jour, des connaissances très étendues sur l’homme et les choses humaines.

1819
Louise-Amélie épouse, à la Cathédrale anglicane de Montréal, le fils du couple Allamand-Berczy, qu’elle suit à Sandwich, puis dans la région de York (Toronto).

1828
Décès de sa mère, Marie-Anne Cerré-Panet, au manoir. Louise-Amélie et son mari s’occupent de l’administration de la seigneurie.

1832
Louise-Amélie restaure le manoir et s’y installe à demeure avec son mari.

1836
Le 26 janvier, Louise-Amélie contemple une aurore boréale du haut de la montagne de Sainte-Mélanie. Inspirée par ce phénomène, elle entreprend la rédaction d’un long poème, Quelques traits particuliers / Aux Saisons du Bas Canada / Et aux Mœurs / De l’habitant de ses Campagnes / Il y a quelques quarante ans / Mis envers., composé de 1101 vers décasyllabiques à rime plate, plus 60 vers d’une chanson traditionnelle, C’est le Prince d’Orange au gué.

1839
Décès de sa belle-mère, Charlotte Allamand, au manoir. Elle apparaît avec Louise-Amélie sur cette photo.

29 mars, Louise-Amélie met un terme à son poème.

Dans la quiétude de son manoir, Louise-Amélie imagine l’œuvre fondatrice de notre littérature. Ses écrits novateurs, imprégnés du français du XVIIIe siècle, donnent à voir et sentir la vie autour du manoir, une célébration des saisons certes, mais encore plus celle des habitants, des femmes, rompus aux durs labeurs, des « sauvages » transmettant leur culture, tous et toutes forgeant le pays. Un portrait ethnologique et culturel de Lanaudière, s’esquisse déjà dans sa spécificité folklorique : les danses avec violoneux, le conteur, la chanson traditionnelle. L’oralité garde ce peuple vivant, ce poème l’illustre à merveille. Louise-Amélie crée la littérature canadienne-française, avant les Crémazie, Garneau et le seigneur Philippe-Aubert de Gaspé, qui tous ne publieront qu’après sa mort.

1862
Décès de Louise-Amélie au manoir. Dans le cimetière de Sainte-Mélanie, l’épitaphe rappelle certains monuments maçonniques et ne comporte aucun symbole religieux.  « ICI REPOSENT / LES RESTES MORTELS / DE DAME / LOUISE- AMÉLIE PANET / ÉPOUSE DE WILLIAM BERCZY ECUr / DÉCÉDÉE LE 21 MARS 1862 / AGÉE DE / 73 ANS ET DEUX MOIS. / CE MONUMENT A / ÉTÉ ÉRIGÉ PAR SON / AFFECTIONNÉ MARI. // L’Éternel l’avoit donnée / L’Éternel l’a otée ; que le / nom de l’Éternel soit béni. »

1873
Décès de William Bent Berczy au manoir.

2000
Publication du long poème de 1836-39 édité par Roger Le Moine, aux Éditions David.

Le sentier littéraire présente des extraits de cette édition, dans la langue évolutive du XVIIIe siècle, en respectant scrupuleusement l’orthographe et la ponctuation dans la transcription. [ Réf.  Quelques traits particuliers/Aux Saisons du Bas Canada/Et aux Mœurs De l’habitant de ses Campagnes/Il y a quelques quarante ans/Mis en vers, 1836-1839, Texte édité par Roger Le Moine, Les Éditions David, 2000, 81p. ]


Panneau d'accueil du sentier littéraire [Agrandir]
(photo de Johanne Pichette et Denis Bélanger)

[Agrandir] (photo de Johanne Pichette et Denis Bélanger)

Louise-Amélie Panet revit dans le Sentier littéraire du Pied-de-la-Montagne de Sainte-Mélanie.

« À une Session générale et mensuelle du Conseil municipal de la Paroisse de Ste-Mélanie, tenue le troisième jour du mois de février mil huit cent soixante et dix neuf » est entériné un règlement stipulant : « que le chemin de route conduisant ci devant (au moulin de feu William Berczy ...) soit aboli … vu qu’il n’est d’aucune utilité quelconque, vu aussi que le dit moulin ne marche plus vu son mauvais état ... »

Or, c’est justement le long de ce chemin de route que le Sentier littéraire s'est établi, célébrant ainsi la découverte de cette grande dame des arts et lettres que fut Louise-Amélie Panet, pionnière en tout, et dont l’œuvre restée en manuscrit n’est publiée qu’en 2000 à Ottawa, sans grand écho dans les médias ; la biographie de Marcel Ducharme vient à peine de percer ce silence.

Cette œuvre naît dans le vide culturel de l’après cession de la Nouvelle-France, au moment où la vie culturelle est limitée à une petite bourgeoisie instruite. C’est pourtant dans ce contexte que Louise-Amélie Panet rédigera son poème de 1,101 vers intitulé Quelques traits particuliers / Aux Saisons du Bas Canada / Et aux Mœurs / De l’habitant de ses Campagnes / Il y a quelques quarante ans / Mis en vers. Qu’une femme ait accédé à un degré d’instruction tel que, dans la quiétude d’un manoir où elle s’est installée avec son mari, elle ait pu imaginer cette œuvre fondatrice de notre littérature tient de l’improbable.

L’ancien « chemin de route », jadis parcouru par la seigneuresse, inscrira dans le paysage, 12 extraits de ce poème, tant sur l’hiver, sa saison de prédilection, que sur les autres saisons ; l’intervention du conteur fait apparaître les coutumes et mœurs des « sauvages » et l’ensauvagement d’un blanc ; l’esprit festif s’illustre dans la noce et les affres de la révolution de 1837-38 suscitent quelques compassions tout au plus. Loin du monde, « elle a tourné le dos à son milieu d’origine pour vivre dans celui qui lui plaisait. Voire, elle s’est retrouvée dans la situation des ethnologues qui se sentent chez eux au milieu de ceux qu’ils étudient. » écrit son éditeur Roger Lemoine.

Ce long poème naît d’un éblouissement ; l’apparition d’une aurore boréale, le 28 janvier 1836, « et moi, auteur du Poeme suivant, je pus la contempler dans toute sa beauté : du haut d’un des coteaux du District de Montreal, faisant partie de la chaine de montagnes, qui longent a quelques lieux de ses bords, la rive Nord du Fleuve Saint Laurent » Sans doute en haut de la montagne même de Sainte-Mélanie. C’est au Pied-de-la-Montage que nous pourrons à notre tour, nous éblouir devant un tel chef d’œuvre enfin révélé.

La poésie n’a pas cessé de s’inscrire dans la vie culturelle de Sainte-Mélanie : à travers l’œuvre singulière de Jean-Paul Daoust apparaît le présent, la continuité en ce lieu, où bat un cœur littéraire de tout un peuple.

Gaëtan Dostie
Médiathèque littéraire

[Agrandir] (photo de Johanne Pichette et Denis Bélanger)

[Agrandir] (photo de Johanne Pichette et Denis Bélanger)

Les Jardins de la Montagne — Espace culturel au Pied-de-la-Montagne — Un projet en émergence à Sainte-Mélanie.

Les Jardins de la montagne est un vaste domaine de 200 arpents s’étendant du lac Rocher jusqu’au rang du Pied-de-la montagne. Le domaine a été rassemblé au fil des ans par un résident de longue date de Ste-Mélanie, Monsieur Bernard Pilon. Monsieur Pilon y a aménagé un véritable jardin forestier valorisant l’écologie d’une forêt patrimoniale située au cœur de l’ancienne seigneurie d’Ailleboust.

La section des Jardins de la Montagne donnant sur le rang du Pied-de-la Montagne fait 30 arpents dans un secteur à vocation recréotouristique. On y trouve de magnifiques chutes alimentées à même la tourbière en amont. C’est sur cette chute qu’était érigé l’ancien moulin à carder de la seigneurie  d’Ailleboust, moulin qui sera ensuite converti en scierie. On y trouve aussi des zones de coquillages, vestiges de l’ancienne mer de Champlain.

C’est dans cette partie des Jardins de la Montagne que Monsieur Pilon caresse le projet d’un espace culturel consacré au patrimoine culturel de la région. Il faut savoir en effet que Louise-Amélie Panet, née en 1789, est l’héritière en 1832, de la Seigneurie d'Ailleboust. Écrivaine et portraitiste, Louise-Amélie Panet tenait un salon littéraire fréquenté notamment par Jacques Viger, journaliste et maire de Montréal de 1833 à 1836. Louis-Joseph Papineau a aussi fréquenté le salon littéraire de la propriétaire du manoir d'Ailleboust, bâtiment toujours présent à quelques pas du village de Sainte-Mélanie. Et cette tradition littéraire, datant du XIVe siècle, se poursuit toujours avec le poète renommé Jean-Paul Daoust, aussi résident très impliqué de Sainte-Mélanie.

L’espace culturel
Si l’histoire a donné rendez-vous à Monsieur Pilon pour célébrer la culture au Pied-de-la montagne, une rencontre magique rend ce projet immédiatement réalisable. En s’associant à la Médiathèque littéraire Gaëtan Dostie de Montréal, au point d’en devenir vice-président, Monsieur Pilon s’est trouvé un partenaire de premier choix, alors que la collection unique de Monsieur Dostie se cherche justement de nouveaux lieux d’exposition. Ainsi, non seulement le projet initial de sentier littéraire peut-il prendre forme dans la nature féerique des Jardins de la Montagne, mais il est aussi possible de songer à l’érection d’un premier pavillon offrant une aire d’accueil pour les visiteurs et des expositions uniques de livres d’art, de peintures et d’artefacts littéraires.

Plus encore, la Médiathèque littéraire est un lieu de création voué à une relève de jeunes créateurs qui veulent perpétuer les techniques d’édition et d’impression traditionnelles. Ainsi, ce premier pavillon, et des ateliers d’artistes qui pourraient s’y adjoindre dans le futur, donneront toute sa dynamique créatrice au projet.

Ce pavillon pourra aussi accueillir des activités ponctuelles de formation, de croissance personnelle et de santé alternative d’artisans de la région voulant offrir leurs services dans un contexte champêtre favorisant les balades en nature.

;

[Agrandir] (photo de Johanne Pichette et Denis Bélanger)

 

[Agrandir] (photo de Johanne Pichette et Denis Bélanger)

Montage d'Annie Durette évoquant les coquillages de la mer de Champlain au bas de la chute. [Agrandir]
(photo de Johanne Pichette et Denis Bélanger)

Montage de Ghislaine Beaufort inspiré du poême
L'été des sauvages de Louise-Amélie Panet.
[Agrandir] (photo de François Daoust)

[Agrandir] (photo de Johanne Pichette et Denis Bélanger) 

[Agrandir] (photo de François Daoust)

[Agrandir] (photo de Johanne Pichette et Denis Bélanger)