Fragile

Envoyé par PAunsouvenir... en date du 18 août 2000 à 01h30
Ce texte n'est peut-être pas un morceau d'anthologie, mais je tenais à vous faire partager ce moment intense en émotions, que j'ai vécu l'an passé.

L'histoire se déroule lors de la soirée de clôture de DIVERS/CITÉ, je me retrouve dans la foule, tout près du SKY pub, sur la rue Ste-Catherine, il y avait pleins de monde qui festoyait, moi je regardais attentivement ces débordements de joie. À ma droite, tout près de moi, je vis une petite dame âgée d'environ 70 ans, le dos recourbé, toute frêle, elle mesurait à peine cinq pieds. Péniblement, elle ramassait les cannettes de bière, une à une, qu'elle vidait sur le trottoir, pour ensuite les déposer, lentement, d'un geste tremblotant, dans l'un de ses innombrables petits sacs blancs, qu'elle avait peine à tenir près d'elle tellement il y en avait. Je n'ai pu m'empêcher de la regarder longuement, j'avais le cœur brisé, la voyant travailler durement pour ramasser ces cannettes, pendant que la foule, près d'elle, l'ignorait complètement. Je me penchai un instant, pour l'aider à mettre une cannette de plus dans l'un de ses sacs et, avec un petit accent français charmant, elle me remercia, j'aurais voulu l'aider à trouver d'autres sacs mais c'était impossible à cet endroit.

A cette époque, j'étais sans le sous, il me restait à peine 20$ pour terminer la semaine, j'y réfléchis longuement, puis, je m'approchai d'elle pour lui donner, mais poliment elle le refusa, ce qui me surpris et d'un autre côté me donna l'impression que j'avais fait un faux pas, j'étais visiblement très secoué de voir mon offre refusée. Je compris alors à quel point son cœur de petite femme était fier et ne demandait aucunement la charité, dans un geste inattendu, elle me pris la joue droite de sa petite mains frêle, pour ensuite m'embrasser sur l'autre et me dit que j'étais beau, j'avais les larmes aux yeux et le cœur gros comme le ciel.

Ce petit bout de femme ne saura probablement jamais à quel point elle a fait jaillir en moi l'humanité que je croyais enfouis, son image restera a jamais gravé dans mon cœur, pour toujours me rappeler à quel point nous sommes fragiles, si fragiles.

PA

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