Quelques faits bisexuels


Le drapeau bisexuel





Le premier drapeau de la fierté bi a été dévoilé le 5 septembre 1998 par Michael Page.
Sa création visait à assurer la visibilité bisexuelle d'une façon globale. Jusqu'à sa création, il n'existait pas de symboles spécifiquement "bi" affirmant la reconnaissance de l'identité bi d'une façon évidente.

En 1978, le créateur du drapeau bi a connu Gilbert Baker (celui qui a crée le drapeau arc-en-ciel.) en Italie lors du World 2000. Chaque couleur sur ce drapeau représente la diversité des gais et lesbiennes. Ce symbole que ce drapeau reste maintenant connu et indissociable à la communauté gaie. Par contre, les bisexuel(le)s ne se sentaient pas concerné(e)s par le drapeau arc-en-ciel.

Les couleurs du drapeau bi sont le magenta, le lavande et le bleu royal. La couleur magenta, le première couleur du drapeau, couvre 40% de la dimension horizontale. Le lavande, quant à lui est le résultat du métissage du magenta et du bleu royal. Il couvre 20% de la totalité. La partie inférieure, de couleur bleu royal, représente aussi 40% de la dimension totale du drapeau.

Le magenta représente l'attirance vers une personne de même sexe (Gai et Lesbienne). Le métissage qui résulte en la couleur lavande représente l'attirance envers les deux sexes (Bi). Le bleu royal représente l'attirance pour le sexe opposé (Hétéro). L'idée maîtresse pour comprendre la symbolique du drapeau bi est que la couleur bi (lavande) est à peine percevable dans le monde gai et hétéro (magenta et bleu royal), comme dans la réalité. Ce qui vient démontrer l'invisibilité bisexuelle dans les communautés homosexuelles et hétérosexuelles.



Source : Bi Flag http://biflag.com
Texte traduit de l'anglais par Yves Bourgeois.





L'histoire du mouvement bisexuel aux États-Unis.


Apparition à San-Francisco

Le mouvement américain de visibilité bi a commencé en 1970 à San Francisco lorsque The Bay Area (un groupe mixte pour la visibilité gaie et lesbienne) demande à Maggi Rubenstein, thérapeute, sexologue et avocate d’intervenir dans un de leurs colloques. Comme seule condition, Maggi exige que la bisexualité soit intégrée dans les programmes comme une orientation sexuelle à part entière. Ayant elle-même fait son « come out » auprès de ses collègues du Center for Special Problems, elle ne se rend pas compte qu’elle réalise le 1er acte de visibilité bi.

En 1972, le comité Quaker des Amis de la bisexualité fait paraître dans The Advocate, un des plus célèbres magazines gay américains, le « Ithaca Statement on Bisexuality » : c’est une étape importante car c’est toute la population gaie et lesbienne qui est avertie de l’existence d’un groupe organisé autour de la bisexualité. La même année à New York, le National Bisexual Liberation Group produit The Bisexual Expression : la première lettre bi.

Le mouvement de visibilité qui est en train de naître est influencé par l’ambiance après Vietnam caractérisée par beaucoup d’activisme. Pendant ce temps, Maggi Rubenstein œuvre pour que les bi se regroupent et que la bisexualité soit reconnue. Elle est à l’origine du Bisexual Center de San Francisco (SFBC) qui ouvre ses portes de 1976 à 1984. En fait, dès son ouverture, le Centre forme des activistes bi et, à travers son succès, encourage la création d’autres groupes à travers les Etats-Unis.

1974: c’est bi’chic!

Selon Stephen Donaldson, la presse d’après l’Affaire Nixon trouve dans la bisexualité un moyen de parler de la libération gaie tout en intéressant son public. David Bowie, Elton John... la mode bi est lancée mais la presse se concentre sur les stars et artistes bi ayant fait leur coming out plus que sur le mouvement de libération sexuelle qu’il représente.

Les années 80: diffusion et politique

Peu importe le bi chic, les bi des années 80 luttent ouvertement pour que le mot « bi » soit utilisé dans les écrits destinés aux Gais et Lesbiennes et surtout, pour une approche positive de la sexualité. Le travail et l’influence du SFBC se concrétise par la naissance de Groupes bi à travers le pays.

En 1981, Loraine Hutchins crée BiWays à Washington. En 82, à Boston, Robin Ochs est à l’origine d’un débat lesbien sur la bisexualité. Chicago (83) et Seattle (86) suivent le mouvement grâce à des femmes qui, pour la plupart, ont déjà milité dans des groupes féministes et/ou lesbiens. Elles s’engagent dans la création de groupes bi par réaction contre la biphobie qui règne souvent dans les cercles lesbiens et enfin, pouvoir s’identifier entre elles en rompant le silence.

Les années 80 voient aussi les groupes se politiser. Ainsi le BICEP (Bisexual Community Engaging in Politics) à Boston surveille les médias, écrit aux éditeurs, proteste contre la politique homophobe quant à l’adoption des enfants. Ou encore le BIPOL, créé en 83 à San Francisco, qui organise une manifestation devant l’ambassade d’Haïti contre l’arrestation d’hommes gais et bi séropos.

Fin des 80’s : la communauté bi américaine se structure

En 1987, lors de la marche de Washington pour les droits des gais et lesbiennes, 75 personnes marchent derrière une banderole bisexuelle. Les bi ressemblent enfin à un « mouvement ». Anarchistes, hippies, jeunes, ex-lesbiennes : le melting pot bi apporte une nouvelle énergie, la mixité est de retour, et à travers différentes affiliations politiques, le mouvement bi trouve la force de diriger une communauté qui se resserre autour de la dénonciation de la biphobie. BIPOL organise en 1990 la première conférence nationale bi à San Francisco : 400 personnes se déplacent et donnent une image multiculturelle, forte et viable. Anything that Moves, premier magazine bi national naît en 1991, l’année de la première conférence internationale bi à Amsterdam.

En 1992, Maggi Rubenstein est co Grand Marshall de la San Francisco Lesbian and Gay Freedom Parade. Elle luttera avec Lani Ka’ahumanu (la première à avoir parlé de biphobie dix ans auparavant) pour qu’enfin en 1995, la marche s’appelle la San Francisco Lesbian, Gay, Bisexual and Transgender Pride Parade.

Aujourd'hui

Aujourd’hui, le mouvement bi américain est riche de groupes bi mixtes et non mixtes, de groupes de support et d’autres de discussion, de groupes « black », juifs, étudiants, de parents et d’épouses de bisexuels. Bref, il existe plus de 350 organisations bi. Leur diversité témoigne de leur vitalité et de leur raison d’être.


Texte écrit par l’Association bisexuelle Bi’Cause de Paris
http://www.pelnet.com/bicause/Docu/synthdiv/chronus.html#sources





Le manifeste bisexuel français 2002

De l'identité bisexuelle :

La bisexualité existe. Elle existe parce que nous, bisexuel-le-s, déclarons l'être. C'est un sentiment d'être au monde avant d'être un style de vie.

Nous sommes attirés affectivement ou sexuellement par des personnes de tout sexe et de tout genre sans nécessairement avoir de pratiques sexuelles, et nous l'assumons.

Nous aimons vivre nos désirs, nos plaisirs, nos amours successivement ou simultanément. Nous les vivons - comme les autres - de façon permanente ou transitoire.

Nous nous octroyons un large choix de possibilités sexuelles (de la virginité au multipartenariat).

Nous ne différons des personnes monosexuelles que par cette double attirance.

Parmi nous, certain-e-s vivent leur bisexualité comme un choix, pour d'autres, elle va de soi. Ce que nous partageons, c'est la volonté de l'assumer.

De la dignité bisexuelle :

L'identité bisexuelle n'est ni plus digne ni moins digne que les identités hétérosexuelle et homosexuelle.

Pour nous, la liberté ne consiste pas seulement en ce que l'on peut choisir sa vie, mais aussi en ce que l'on peut en changer. Cette liberté-là nous expose à la biphobie.

Nous sommes pleinement responsables à l'égard de nos proches et de la société. Simplement, nous ne pouvons nous accomplir si nous devons sacrifier notre identité bisexuelle.

Comme beaucoup de citoyen-ne-s lucides, nous remettons en cause la domination masculine et la norme hétérosexuelle prépondérante.

Nous luttons contre toute hiérarchie des genres et contre l'ordre normatif masculin qui impose la marginalité aux personnes homosexuelles, bisexuelles, transsexuelles et transgenres.

Nous refusons également la nouvelle normativité gaie et lesbienne, qui voudrait réduire la sexualité aux deux seules catégories hétérosexuelle et homosexuelle. Nous sommes pour une bisexualité qui permette à chacune et à chacun de vivre ses désirs sans être stigmatisé(e).

À cette fin, par notre visibilité et par la valorisation de modèles bisexuels, nous nous employons à prévenir le désarroi des plus fragiles d'entre nous.

Afin de réduire les multiples difficultés (sociales, familiales, économiques) entraînées par ces discriminations, nous nous élevons contre la catégorisation des comportements sexuels et affectifs décrétée par les pouvoirs (religieux, médical, juridique, médiatique, etc.)

Des droits des bisexuel-le-s :

Nous exigeons :

*d'être reconnu-e-s comme bisexuel-le-s quelle que soit notre situation passée ou actuelle
*de voir la bisexualité considérée au même titre que les autres sexualités
*de pouvoir vivre nos inclinations affectives ou sexuelles sans avoir à les justifier
*de pouvoir fonder la famille de notre choix (célibat, couple, multipartenariat) et dans tous les cas de voir reconnu notre rôle éventuel de parent
*des espaces où il soit possible de s'exprimer, d'échanger et de partager des expériences avec d'autres personnes bisexuelles
*des médias qu'ils rendent compte de l'existence des bisexuel-le-s au même titre que celle des hétérosexuel-le-s et des homosexuel-le-s
*que les politiques d'éducation et de prévention - notamment en rapport avec les Maladies Sexuellement Transmissibles - traitent la bisexualité avec le même respect et la même importance que l'hétérosexualité et l'homosexualité.

Par ce manifeste, nous nous déclarons solidaires de toutes les personnes dont la sexualité est injustement marginalisée, réprimée ou exploitée. Nous défendons le droit à une sexualité sans honte, sans rejet, sans violence. Respectant chacune et chacun dans sa différence, nous, bisexuel-les-s, luttons pour la liberté de toutes et de tous.


Auteurs : L’Association Bi’Cause de Paris. http://www.pelnet.com/bicause/Docu/manijuin02.html