Un homosexuel syrien trouve refuge au Canada pour échapper à la persécution

Envoyé par Comité de solidarité internationale - ALGI (CSI) en date du 05 janvier 2017 à 15h35

Grâce à l'intervention de l'ONU, un homosexuel syrien a enfin pu trouver refuge au Canada. Source : Radio-Canada (2017-01-04)


 

Un homosexuel syrien qui a supplié l'Organisation des Nations unies de lui venir en aide après la décapitation d'un ami gai ainsi que le viol et la mort d'une transsexuelle turque, brûlée vivante, vient de s'installer à Winnipeg.

Adam, dont le nom a été changé en raison des risques de représailles, dit remercier Dieu d'être arrivé au Canada. « C'est un véritable rêve devenu réalité », confie-t-il.

Originaire d’Alep, il a quitté la Syrie en 2011, lors du déclenchement de la crise qui a ravagé le pays. Comme plusieurs de ses compatriotes, il cherchait à vivre non seulement dans un pays paisible, mais aussi là où son homosexualité serait tolérée.

Malheureusement, la fuite de l’homme de 26 ans est allée de mal en pis : voulant s'échapper aussi vite que possible de la Syrie, Adam s’est retrouvé en Russie, et ensuite en Turquie. « Mon homosexualité n’était acceptée ni en Russie ni en Turquie », confie-t-il autour d’une tasse de café, avant de relater sa vie secrète à Istanbul.

Dans la métropole turque, Adam et environ 500 autres réfugiés syriens appartenant à la communauté LGBT se sont servis d’un groupe Facebook secret ainsi que d’un réseau de lieux souterrains à Istanbul pour pouvoir communiquer entre eux.

« [Avec la création du groupe Facebook], c'était formidable. Nous pouvions partager nos problèmes. En fait, pas juste nos problèmes, mais toutes nos expériences », se souvient-il.

La Turquie a ouvert ses frontières à un grand nombre de réfugiés syriens, concède Adam. Toutefois, le jeune homme dit que leur orientation sexuelle fait toujours d’eux la cible d’actes de violence et de représailles, et que les membres du groupe cherchent toujours un pays où vivre en sécurité et en paix.

La police antiémeute se sert d’un canon à eau pour disperser des défenseurs des droits des LGBT avant un défilé de la fierté gaie à Istanbul, en Turquie, le 28 juin 2015.
La police antiémeute se sert d’un canon à eau pour disperser des défenseurs des droits des LGBT avant un défilé de la fierté gaie à Istanbul, en Turquie, le 28 juin 2015. Photo : Reuters/Kemal Aslan

La violence contre les membres de la communauté LGBT en Turquie est un problème courant, et le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme a déjà exprimé son inquiétude par rapport aux attaques contre la population allosexuelle du pays.

Ami décapité

Adam explique que lorsque l'homosexualité d'une personne est publiquement révélée en Syrie, cela peut susciter des problèmes et constituer un danger pour la personne ainsi que pour les membres de sa famille.

[Les membres de famille] restent chez eux, dans leur maison, parce qu'ils ont peur des gens [...] ou parce qu'ils ont honte de leur enfant et ne veulent pas se montrer en public.

Adam, réfugié syrien homosexuel

La violence a touché le jeune homme de près quand le corps de Muhammed Wisam Sankari, un ami syrien d’Adam qui était gai, a été retrouvé décapité et mutilé dans la métropole turque. « C’était effroyable, se souvient-il. On l'a enlevé et on lui a fait ça. C'était encore un homme très jeune. Il débordait de vie. »

Ce meurtre a mené Adam à demander le statut de réfugié en Australie, sous motif que sa vie et sa sécurité personnelle étaient en danger en raison de son homosexualité. Le gouvernement australien a toutefois refusé sa demande avec une lettre qui se terminait par ces mots : « Cette décision est sans appel et donc définitive ».

« J’ai beaucoup pleuré », avoue Adam, qui garde toujours la missive datée du 29 juin comme preuve que le pays du Commonwealth a, selon lui, tourné le dos à un homosexuel en danger.

Le groupe de réfugiés syriens LGBT en Turquie a arrêté ses réunions clandestines après le meurtre de Muhammed Sankari, raconte le jeune homme, mais, finalement, ses membres ont repris leurs rendez-vous hebdomadaires. « C'était dangereux, mais cela n'était pas important, car il fallait qu'on se voie », explique Adam.

« La prochaine victime »

En août, Adam a redoublé d'efforts afin de quitter la Turquie quand le corps battu et brûlé de Hande Kader, une militante transsexuelle turque de 22 ans, a été découvert à Istanbul.

Ne sachant plus quoi faire, le Syrien a pris contact avec l’Organisation des Nations unies. « J’ai plaidé avec eux au téléphone. Je leur ai avoué que je pensais que je serais la prochaine victime », relate le réfugié.

Son cri du coeur a été entendu et, quatre mois plus tard, l’organisme international a payé son billet d’avion vers Ottawa. À la suite d’une modification de dernière minute, Adam a atterri dans les Prairies canadiennes plutôt que dans la capitale fédérale.

À Winnipeg, le directeur général du Rainbow Resource Centre, Mike Tutthill, soulève toutefois le fait que les réfugiés LGBT arrivant en sol canadien ne sont pas hors d’atteinte et que leur homosexualité risque toujours d'être révélée dans leur pays d’origine par des tiers.

Nous connaissons des cas où des [réfugiés LGBT] ont croisé d’autres personnes de leur pays natal, parce qu’ils accédaient aux mêmes services d’établissement [de personnes déplacées]. Ces autres personnes ont révélé l’homosexualité des réfugiés LGBT aux autorités chez eux, et ensuite les autorités ont révoqué leurs droits fonciers.

Mike Tutthill, directeur général du Rainbow Resource Centre

Le directeur de l’organisme venant en aide aux gais, lesbiennes et transgenres souligne également le fait que, même après leur arrivée, les réfugiés LGBT doivent lutter pour venir à bout de la bureaucratie nécessaire pour demander l’asile au Canada.

« Les employés du système des réfugiés et même parfois les responsables des services d’établissement ne semblent pas bien comprendre comment les demandeurs d’asile doivent s’y prendre », regrette M. Tutthill.

Quant à Adam, le jeune homme est toujours en train d’identifier les prochaines étapes à suivre. Il dit qu’il doit encore se faire des amis et se trouver un emploi, mais qu’il se sent optimiste par rapport à sa nouvelle vie à Winnipeg.

« Je pense que je vais l’aimer, cette ville. Et dans un mois, je vais commencer à apprendre le français », fait savoir le Syrien, qui souhaite, un jour, entrer en politique. « J’aimerais pouvoir dire à tous que le Canada, c'est mon pays. C'est ici que je veux continuer mes études et fonder une famille et vivre en paix. »

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