Queer et réfugié : survivre à l’enfer des camps de demandeurs d’asile

Envoyé par urbania.ca / via ALGI en date du 04 mai 2020 à 16h14
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Le magazine URBANIA de Montréal publiait, en février dernier, un important reportage signé par Alexis Boulianne et Ariane Labrèche :  Après avoir vécu le pire dans leur pays d'origine, les réfugiés LGBTQ+ doivent affronter de nouveaux dangers dans les camps d'accueil. Le reportage a été réalisé au camp de Moria en Grèce qui compte plus de 20 000 demandeurs d’asile. On y lit le témoignage d'un réfugié gai provenant du Cameroun. En voici quelques extraits.


( Crédit photo : Alexis Boulianne, publiée avec son article sur urbania.ca )

Pour lui parler, il faut sortir du camp. Adama est homosexuel, et si cela se savait, il risquerait d’être privé de nourriture, battu, violé ou tué. Établir le contact avec une personne queer ici relève pratiquement du miracle; ces migrants, les plus vulnérables des vulnérables, vivent cachés et dans une peur constante.

(...) Attablé dans un café quelques minutes plus tard, Adama peut enfin parler librement. «Ma maman est morte et c’est de ma faute», nous souffle-t-il finalement, les épaules affaissées et les yeux rougis. Parce qu’il aime les hommes, ce Camerounais de 27 ans a vu sa mère et son amoureux mourir devant ses yeux, sous le soleil brûlant de septembre.

«J’avais un ami avec qui je flirtais tout le temps secrètement, nous raconte-t-il avec un sourire triste. On se cachait pour se voir parce que dans mon État du nord du Cameroun l’homosexualité est punie de mort.»

«Je voyais toujours mon copain dans une vieille maison abandonnée de mon village, se souvient Adama. Un jour, nous étions en train de faire l’amour. C’est là où une dame nous a surpris. Elle est allée alerter le chef du quartier. Tout le monde est venu, nous ont fait sortir nus de la maison. Ils ont commencé à nous tabasser.»

 La foule, déchaînée, s’est ruée sur l’amoureux d’Adama. Cette pluie de coups lui a coûté la vie. La mère d’Adama s’est ensuite jetée en panique sur son fils, l’impératif viscéral de sauver son enfant étant plus fort que tout. La dame a reçu un coup sur la nuque et s’est affaissée. «Vu son âge, elle est décédée», lâche Adama, dont le regard est visiblement encore hanté par ces images.

(...) «Quand ils ont découvert que j’étais homosexuel, j’ai fait 10 jours en prison. On me tapait tout le temps, chaque matin on disait que j’avais tué mon ami, que j’avais tué ma maman.»

C’est dans cette prison camerounaise qu’il a été violé à répétition. Ses blessures étaient encore visibles par le médecin qu’il a consulté en arrivant en Grèce, explique Adama.

(...) Adama, lui, n’est à Moria que depuis deux mois, mais déjà, c’en est trop pour lui. «On dit que l’Europe protège les homosexuels, mais ce n’est pas ce que je vois. C’est pas mieux de mourir, au lieu de vivre comme ça?», lance-t-il, les yeux pleins d’eau.

Lire l'article sur urbania.ca.


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