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Le coming out doit partir d'un besoin

Envoyé par GDMphile en date du 20 novembre 2001 à 17h02
Votre question hebdomadaire m'intéresse et je désire ajouter mon grain de sel...

Je pense que le coming out doit toujours partir d'un besoin d'être vrai, de s'assumer et de vivre au grand jour. Lorsque c'est le cas, la personne concernée identifie plus facilement les personnes qu'elle a le goût d'informer, le moment propice et la façon de le dire. À mon avis, tant que ce besoin ne se fait pas spontanément sentir, ce n'est pas encore le temps d'agir.

Il ne faut pas perdre de vue que la sexualité est une des zones les plus intimes d'une personne et qu'elle ne regarde personne d'autre. Cependant, le fait de taire systématiquement tout ce qui pourrait s'y rapporter peut, à la longue, créer un inconfort grandissant puisqu'elle est aussi en lien avec beaucoup de situations vécues quotidiennement.

Par exemple, en milieu de travail, un gars qui cache sa sexualité devra éviter de parler de toute sa vie privée. Alors que les autres racontent leur week-end ou leur vacances avec leur petite famille, leur femme ou leur blonde... lui, n'a rien à en dire à moins que Gustave ne devienne Geneviève... :-)) Et si par hazard, on compte une bonne blague sur les "tapettes", il devra rire plus fort que tout le monde et en rajouter si c'est possible... Steeve, lui, dans la cours de l'école, devra se vanter de ses exploits sexuels avec telle ou telle fille et jouer les petits machos pour cacher son désir secret pour un compagnon, un prof. ou les hommes en général.

Bien sûr, on peut donner le change pendant un période plus ou moins longue mais... la vérité nous rattrape toujours et le grand secret devient de plus en plus lourd jsuqu'au jour où on décide que tout ça n'est plus tenable, où apparaît le désir d'être soi-même... et d'en assumer les conséquences.

Le moment de la libération est alors venu et ce qui paraissait naguére impensable devient un besoin urgent auquel trouve une façon de répondre. D'ailleurs, dans la plupart des cas, les réactions négatives si longtemps appréhendées sont beaucoup moins importantes que prévues.

Quant au outing, je pense que c'est un manque de respect total pour une personne et que rien ne saurait le justifier.
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Une démarche personnelle

Envoyé par Stephane en date du 21 novembre 2001 à 05h40 en réponse à Le coming out doit partir d'un besoin (reçu de GDMphile le 20 novembre 2001 à 17h02).
Bonjour,

J'ai appris l'existence de votre débat sur monchoix.net.

Il me semble que le coming out est une démarche personnelle, complètement. On ne peut l'imposer à personne, quelles que soient les justifications militantes que certains voudraient se donner.

C'est à chacun de choisir à quel moment, comment et à qui parler de sa sexualité. Selon le milieu dans lequel on travaille, la culture familiale, celle des amis que l'on a, les contraintes ne sont pas les mêmes. "Dénoncer" l'homosexualité -l'anglicisme outing cache cette dimension de manière bien pratique- de quelqu'un, c'est d'une part faire comme si l'homosexualité était quelque chose de dénonçable, qui pouvait permettre de montrer quelqu'un du doigt. C'est d'autre part une manière inacceptable d'empiéter sur la liberté de quelqu'un.

Je ne crois pas qu'il faille révéler son homosexualité en bloc, surtout si l'on ne se donne pas les moyens d'être compris de la personne qui reçoit l'information.

Personnellement, c'est au moment ou le malaise que je ressens à dissimuler (je m'efforce de mentir le moins possible) l'emporte sur la crainte d'une mauvaise réaction que j'entâme la démarche. Ca peut être progressif. Peu importe.

Ma première révélation a été plus ou moins contrainte, mais cela ne concernait qu'une seule personne, qui n'en a parlé à personne avant que je le fasse moi-même.

Je n'ai jamais forcé personne à me parler de son orientation sexuelle, même si j'étais intimement convaincu de son homosexualité. Je suis convaincu depuis deux ans de l'homosexualité d'un de mes amis. J'ai respecté son silence. Je ne lui ai pas explicitement parlé de la mienne. Mais j'espère avoir su lui faire comprendre qu'il pouvait me parler de lui sur ce plan là s'il en avait besoin. Je ne veux rien lui imposer.

Je crois donc qu'l ne faut pas être dogmatique sur ces questions. En revanche, rien ne nous interdit d'aider ce qui ont du mal à franchir le pas, sans blesser leur sensibilité, ni devancer leur propre décision.

Stephane
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Bravo Stéphane

Envoyé par Machiavel en date du 22 novembre 2001 à 12h15 en réponse à Une démarche personnelle (reçu de Stephane le 21 novembre 2001 à 05h40).
Ayant constaté ta réponse, je suis content de voir ta bonne santé sexuelle. Le discernement est le premier pas vers la sagesse et permet la libération de certains obligations sociales qui sont futiles et celles qui sont nécessaires.

Le coming out est avant tout un processus social d'affranchissement, c'est-à-dire, rendre politiquement indépendant. Il faut toujours évaluer la "dangeurosité" des conséquences d'un coming out.

Ce qui ne veut pas dire que le coming out n'est pas un processus de libération en soi. Le coming out aide à reconstruire l'estime de soi, à faire un nettoyage sur des concepts intégrés d'homophobie et d'homophobie intergay.

Ton témoignagne ramène sur le terrain des "personnes" et non sur le territoire des "pro".
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