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Pour maximiser votre masse virile...

Envoyé par GDMANIMUSCLES en date du 16 mai 2001 à 17h57
Hormones

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L'Express du 27/07/2000

Le gel qui dégèle la virilité
par Jean-Sébastien Stehli, Nathalie Tiberghien
AndroGel, c'est son nom, pallie les déficiences en testostérone. Son efficacité et sa simplicité d'utilisation séduisent même certaines femmes. Mais il n'est pas sans risques

Vient-on enfin d'enfermer la virilité dans un tube? Depuis quelques semaines, les Américains trouvent sur les étagères de leurs drugstores un nouveau produit baptisé AndroGel, qui les fait rêver. Ce médicament, délivré sur ordonnance - et qui devrait être distribué en France dans les prochains mois - contient de la testostérone, l'hormone masculine. Jusqu'à présent, il fallait s'injecter cette hormone avec une seringue ou bien se coller un patch sur le testicule, avec la contrainte de le chauffer régulièrement avec un séchoir à cheveux, histoire d'obtenir un effet optimal... Dans ces conditions, seuls ceux qui souffraient d'un sévère déficit de testostérone, sécrétée naturellement par l'organisme, en prenaient. Aujourd'hui, avec un produit aussi facile d'utilisation qu'un gel, tous les hommes - même certaines femmes - sont intéressés et un marché noir commence même à s'organiser.

Raison de cet engouement: cette hormone développe de manière substantielle la masse musculaire et «booste» la libido (mais elle peut aussi provoquer la chute des cheveux, voire accélérer le cancer de la prostate). Bref, on devient plus viril. Andrew Sullivan, auteur d'un long article dans le New York Times qui a lancé le débat sur la testostérone, raconte que, grâce à des injections régulières, il a pris 9 kilos de muscles en deux ans et que son tour de poitrine a gagné 8 bons centimètres. «Mon appétit, dans tous les sens du mot, s'est développé au-delà de toute mesure. Quelques heures après l'injection, raconte Sullivan, je ressens une forte poussée d'énergie. C'est moins amer qu'un double expresso, mais tout aussi puissant.»

Avec le gel miracle, la question de la masculinité risque de repartir comme aux plus beaux jours du féminisme. Les qualités propres aux mâles sont-elles le résultat de cette hormone ou bien de l'environnement? Hommes et femmes produisent la testostérone, mais, sur ce point-là, les deux sexes ne sont pas à égalité. L'organisme masculin en sécrète de 10 à 20 fois plus. «La testostérone est l'hormone de virilité par excellence, au niveau aussi bien physique que mental», affirme Jean Belaïsch, andrologue et coauteur de Questions d'hommes (Odile Jacob).

Les études en laboratoire sont éloquentes. Lorsqu'on injecte de la testostérone à des rates, celles-ci se mettent à développer un pénis et, surtout, elles n'ont aucun doute sur son utilisation auprès des autres femelles. En revanche, les jeunes mâles qui en sont privés voient leur sexe s'étioler et deviennent passifs devant les femelles.

Sans la testostérone, le monde serait féminin. A six semaines, en effet, une poussée de testostérone transforme un embryon asexué en un garçon. Le livre de la Genèse s'est trompé: c'est non la femme qui vient de l'homme, mais plutôt l'inverse. Une seconde grosse poussée de testostérone intervient à la puberté. Mais, à l'évidence, la masculinité ne se résume pas à une affaire de gel. Ceux qui attendent de ce produit des miracles pour se sentir bien dans leur peau, «ceux-là vont droit dans le mur, assure le Dr Sylvain Mimoun, coauteur de L'Univers masculin (Seuil). La masculinité est multifactorielle. Il ne suffit pas de prendre des hormones pour voir la vie en rose et avoir une musculature d'apollon. De plus, la testostérone ne produit pas l'érection; elle ne fait qu'intervenir dans le processus». Mais il est bien difficile de résister à un petit coup de pouce quand le corps gonflé, sculpté, bronzé est érigé en norme. Le Dr Harrison Pope, professeur de psychiatrie à Harvard, affirme, dans son tout récent livre The Adonis Complex, que l'homme moderne veut de plus en plus ressembler au dieu de la mythologie à la plastique superbe. Au moment où la femme est l'égale de l'homme dans presque tous les domaines, «le muscle est le seul point où ce dernier peut encore affirmer sa supériorité», explique le Dr Pope.

Cette dimension narcissique n'est pas l'apanage des seuls Etats-Unis. D'ailleurs, AndroGel a été développé par un laboratoire français, Besins International, en 1982. Mais, à l'époque, il était passé inaperçu. «Il y a vingt ans, les mentalités n'étaient pas encore prêtes pour un tel produit, constate Christelle Bobinet, responsable marketing de Besins International. A présent, les baby-boomers arrivent à l'âge où ils se préoccupent de leur corps. Nous allons donc relancer AndroGel comme un produit totalement nouveau.»

Bien des choses ont en effet changé en deux décennies. Le mâle français est nettement plus préoccupé de sa personne. Surtout, il est paumé, affirme Elisabeth Badinter, auteur de XY (Odile Jacob). Selon la philosophe, les hommes sont encore plus fragiles aujourd'hui qu'il y a vingt ans. Après avoir perdu un à un tous leurs domaines réservés et leur pouvoir sur les femmes, leur dernière ligne de protection est la performance sexuelle. «Sur le marché de la séduction, les garçons sont dans la même situation que les filles auparavant, note Elisabeth Badinter. Ils ne sont plus en position de choisir.» Alors, ils essaient de plaire, mais ne savent plus très bien comment faire. Selon Badinter, ce rajustement psychologique masculin, imposé par l'actuelle révolution sexuelle, demandera plusieurs générations. Pour commencer, prévient Badinter, «les femmes doivent cesser de regarder les hommes comme des machines à baiser».

Quête de virilité par le muscle et féminisation cohabitent et s'affichent dans les magazines masculins qui fleurissent ces temps-ci dans les kiosques. «Ce n'est pas un accident si, dans la dernière décennie, il y a eu un intérêt grandissant pour le physique masculin dans notre culture populaire, une poussée de magazines primaires pour mâles, ou encore une explosion des jeux vidéo violents, affirme Andrew Sullivan. Ce sont là les signes d'une désorientation culturelle, d'un monde dans lequel le pouvoir de la testostérone est attaqué ou ignoré. Le résultat est qu'il émerge ailleurs, sous une forme plus grossière et moins sociale.»

Ce n'est pas l'avis de certaines femmes. La philosophe Paule Salomon, auteur des Hommes se transforment (Albin Michel), voit plutôt d'un bon œil cette préoccupation des mâles pour leur apparence. C'est le signe, selon elle, d'un progrès. «Les hommes qui prennent soin de leur corps sont plus en contact avec leur nature», estime- t-elle. Paule Salomon s'attend cependant à une poussée de manifestations exagérées de virilité, à une régression, comme cet attrait pour la testostérone, avant de trouver un équilibre.

En fait, après trente ans de féminisme où l'on a tenté de nier ou, du moins, de gommer les différences entre hommes et femmes, la polémique qui couve annonce peut-être un changement d'humeur. On a trop souvent voulu réduire les différences entre les deux sexes à une affaire d'éducation, oubliant un peu vite l'ingrédient physiologique. En novembre dernier, une jeune femme racontait dans l'hebdomadaire new-yorkais The Village Voice son expérience après des injections régulières de testostérone. «Je ne suis pas certaine de pouvoir dire ce qui fait qu'un homme est un homme, écrivait-elle. Mais je sais au moins une chose: ce n'est pas le pénis.» La testostérone, peut-être?

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