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OUTING = HARCÈLEMENT ?

Envoyé par GDMANIMAFRANCE en date du 04 mai 2001 à 15h17
Paris, le 24 octobre 2000
Communiqué de Presse
Le Centre gai et lesbien s'élève vigoureusement contre les récentes dérives de la presse gratuite gay, consistant à révéler, sans y avoir été dûment autorisée, la sexualité de personnes publiques.
Ainsi, dans le cas particulier de Monsieur Jean-Luc Romero, conseiller municipal de Bobigny et Président des "Élus Locaux Contre le Sida", dont l'homosexualité a été révélée sur fond de campagne des municipales à Paris, le dérapage du magazine "e-male" est un grave manquement à la déontologie professionnelle de la presse, une initiative totalement inacceptable de la part d'une revue distribuée bénévolement par les lieux associatifs et de convivialité parisiens, à toute la communauté homosexuelle.
Toutefois, le Centre gai et lesbien considère que la démarche d'e-male n'a rien à voir avec l'outing (révélation publique de l'homosexualité d'une personnalité), moyen de lutte sociale de dernier ressort, qui ne peut s'utiliser que face à une violence politique avérée, comme le mouvement de libération homosexuel s'en est servi outre-Atlantique. Pour le Centre gai et lesbien, l'outing doit s'inscrire dans la même logique que certaines techniques radicales utilisées dans les plus honorables des luttes syndicales historiques. Mais cette mesure extrême n'a encore jamais été employée en France, même au pire des ignobles manifestations de violence verbale impunie et indigne, de la part notamment des parlementaires opposés au Pacs.
Dans le cas personnel de Monsieur Jean-Luc Romero, son action remarquable dans la lutte contre le Sida est exactement à l'opposé de la logique qui pourrait justifier une quelconque initiative d'outing public. Le comportement irresponsable de la publication d'e-male doit être publiquement dénoncé.
Ce nouveau dérapage de la société de presse Delta Editions, éditeur d'e-male, déjà mise en cause en septembre 2000 dans le mensuel Têtu pour ses liens avec une imprimerie proche du Front National, conduit le Centre gai et lesbien, à titre conservatoire, à cesser immédiatement la diffusion des publications de cette société.
Le Centre gai et lesbien recommande également à ses associations adhérentes d'en faire de même, et invite le SNEG (Syndicat National des Entreprises Gaies) dont Delta Editions est adhérente, à agir afin qu'il soit mit un terme à ces lamentables agissements, qui portent préjudice à l'image de toute la communauté homosexuelle.

Michel Bujardet, Président
Centre gai et lesbien - 3 rue Keller - Paris 11
http://www.cglparis.org
Ouvert du lundi au samedi, de 16 h à 20 h Tél : 01.43.57.21.47
liste email : communiques-subscribe@cglparis.org



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News de TF1 - Source site TF1
Pour la première fois en France, un homme politique a vu son homosexualité révélée dans un journal; l'homme visé, Jean-Luc Romero (photo), conseiller régional RPR d'Ile-de-France, a annoncé qu'il allait porter plainte pour "atteinte à la vie privée" et dénonce une manœuvre politicienne .
Philippe MATHON
mardi 24 octobre - 14h03

Intimidations, procès d'intentions… On savait que la bataille de Paris ne serait pas de tout repos. Une nouvelle illustration, inattendue celle-là, a vu le jour lundi.

Au départ, un article paru le 19 octobre dans un petit journal gay, e.m@le. Le journaliste, Alain Royer, y stigmatise la "stratégie contradictoire" de Philippe Séguin (RPR) dans la course à la mairie de Paris. Parlant plus particulièrement du IVème arrondissement, le "fief" de la communauté homosexuelle, Alain Royer écrit : "Manifestement, le bon candidat seguiniste pour le Marais doit avoir un profil tout à fait particulier : apprécié des homosexuels voire homosexuel lui-même, c'est le point commun de toutes les personnes dont le nom circule. Roselyne Bachelot : appréciée des homosexuels ou Jean-Luc Roméro : homosexuel lui-même".

Le mot est lancé. Il fait mal. Cet outing (révéler l'homosexualité d'une personne sans son consentement, NDLR) est "une atteinte intolérable à la vie privée", s'indigne Jean-Luc Romero qui, depuis la semaine dernière, parlait à ses proches de faire son coming out" (révéler lui-même son homosexualité, NDLR). Conseiller régional RPR d'Ile-de-France mais aussi président de l'Association "Elus locaux contre le Sida", il a aussitôt annoncé qu'il porterait plainte pour "atteinte à la vie privée".

"J'étais à 100 000 lieux de penser"

Du côté d'e.m@le, on se défend d'avoir voulu faire un "coup", à un moment où les journaux gays connaissent une popularité inédite. "Je n'ai pas fait d'outing", insiste Alain Royer, l'auteur de l'article. "C'est quelqu'un que je connais depuis très longtemps, j'étais à 100 000 lieux de penser que Romero n'avait pas fait son coming out", se défend-il de manière un peu contradictoire.

Interrogé sur LCI lundi soir, Jean-Luc Romero a balayé le caractère accidentel de l'outing. "J'ai rencontré le journaliste il y a trois semaines. Il m'a posé la question et je lui avais dit que pour le moment, il n'était pas question pour moi de révéler mon homosexualité". Jean-Luc Romero, pressenti comme la possible tête de liste de Philippe Séguin dans le IVème arrondissement, va même plus loin : il voit dans cet outing une manoeuvre politicienne de la gauche parisienne. Même son de cloche de la part de sa collègue, Roselyne Bachelot (RPR).

"Je trouve le truc un peu louche"

"Il est indigne de s'attaquer à la vie privée des gens. Chacun gère ses fesses comme il l'entend", nous a-t-elle affirmé. "Derrière ça, il y a des manoeuvres politiciennes. Je trouve le truc un peu louche. A Paris, vraiment, tous les coups sont permis. A gauche, ils veulent que la communauté homo de Paris reste dans leur pré-carré".

La communauté homosexuelle ne semble pas plus tendre. Jean-François Chassagne, le président du SNEG (Syndicat national des entreprises gaies), juge "dégueulasse" la méthode et loue les mérites de l'intéressé. "Jean-Luc Romero a fait un très bon boulot au sein de son association. C'est à peu près le seul de son parti à s'être mobilisé". "Le outing peut exister. Aux Etats-Unis, cela existe mais seulement dans le cas d'homosexuels qui se rendent coupables d'actes homophobes. Ce n'est absolument pas le cas ici. J'avais déjeuné avec Romero la semaine dernière. Il m'avait dit "il faut absolument que je fasse mon outing, c'est délicat, je ne sais pas trop comment m'y prendre".

Pour l'heure, les ténors de la campagne parisienne gardent le silence
DOSSIER COMPLET : http://www.multimania.com/jgir/romero.htm

http://www.jourapresjour.com/2000/56_coming_out/invites/specialiste_01.shtml
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