Objet : JRNL MTL: Couple insulté à cause de son homosexualité
Gais et lesbiennes du Québec dans les médias
Édition du LUNDI 30 AVRIL 2001
Dans les QUOTIDIENS
Une vie d’enfer à cause des voisins
Couple insulté à cause de son homosexualité
Amaro, leur chien Mastif de 180 livres, a même dû être privé de sa marche quotidienne pour éviter que son maître ne soit suivi.
Theo Wouters et Roger Thibault se demandent comment ils ont bien pu mériter tout cela.
La maison de leur voisin qui devra répondre de ses actes devant les tribunaux.
Jérôme Dussault
LE JOURNAL DE MONTRÉAL
Lundi 30 avril 2001, page 6
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Roger Thibault et Theo Wouters, deux citoyens d'un paisible quartier de Pointe-Claire, vivent véritablement l'enfer depuis près de quatre ans. La raison : l'intolérance de leurs voisins face à leur homosexualité.
Installés depuis 1978 dans une maison qu'ils ont transformée en véritable coin de paradis, les deux quinquagénaires qui font vie commune depuis 28 ans ont vu leur univers s'assombrir dramatiquement à l'été 1997. Un nouveau voisin s'est alors installé devant chez eux.
"Nous avions l'habitude de toujours aller nous présenter aux nouveaux arrivants de notre secteur, mais cette fois-là nous avions senti qu'il semblait très inconfortable qu'un couple d'homosexuels demeure devant chez lui", raconte Roger Thibault.
Insultes
"La première fois qu'il m'a adressé la parole, c'était pour me dire de me chercher une femme et de me marier comme tout le monde. Je ne pouvais pas croire ce qui m'arrivait."
Et ce n'était là que le début des insultes et des invectives qui comprenaient généralement le mot tapette assorti de quelques jurons. Selon leur récit, ils n'avaient rien vu ou entendu encore.
"À un moment donné, on s'est aperçus que notre voisin d'à côté, avec qui nous n’avions jamais eu de problème, se mettait de la partie", dit M. thibault, technicien en photographie à la faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal.
Crachats
L'été dernier, ce dernier voisin a passé la saison à les observer sans relâche à partir de sa cour arrière. Gestes disgracieux et crachats en leur direction complétaient le portrait.
"Il était là tous les jours, de 6 h à 20 h 30 ou 21 h. Quand ce n'était ça, c'est qu'il me suivait dans le parc lorsque j'allais promener le chien. J'ai fini par arrêter d'y aller."
Robert Walker, 51 ans, a été arrêté à deux reprises pour des incidents impliquant le couple depuis.
Une fois, il a véritablement tenté d'écraser avec son automobile Theo Wouters. L'autre fois, il a transgressé ses conditions de remise en liberté en s'approchant de ses victimes et en les suivant jusqu'à leur travail un bon matin.
" C'est devenu invivable "
"Ils ont pris notre vie en otage. Nous avons perdu la jouissance de notre terrain, de notre chez nous. Au point d'en tomber malades."
Depuis l'automne, Roger Thibault et son conjoint, un couturier de renom, suivent une thérapie auprès de psychiatre et de psychologues. Ils prennent des antidépresseurs pour tenir le coup.
Les gestes d'intimidation qui n'ont jamais cessé depuis maintenant quatre ans ont fait leur œuvre sur le moral. Un jour l'été dernier, leur voisin Walker a décidé de frapper des balles de golf en leur direction mais ce n'est là qu'un exemple.
"C'est invivable. Je me demande comment on a fait pour passer au travers."
En consultant les nombreux rapports de police traitant de leur cas, on apprend notamment que l'accusé n'ajourais caché aux agents sa haine pour les homosexuels.
Ce dernier est accusé d'intimidation à leur égard et il lui est interdit de s'approcher à moins de 50 pieds de ses victimes.
La Commission des droits de la personne du Québec mène aussi son enquête.
Depuis que leur histoire a commencé à être connue, Roger Thibault et Theo Wouters affirment avoir eu de nombreux appuis de résidants de leur secteur et d'ailleurs. Une marche contre l'intolérance et l'homophobie est d'ailleurs prévue dans le quartier dimanche le 27 mai prochain.
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