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Harcèlement hétérosexiste !!

Envoyé par GDMANIMA en date du 30 avril 2001 à 21h36
Le harcèlement hétérosexiste

Depuis une quinzaine d'années, de nombreuses recherches ont fait état du harcèlement sexuel exercé à l'endroit des femmes en milieu de travail. Pour les travailleuses lesbiennes, un autre type de harcèlement s'ajoute à ce dernier : le harcèlement hétérosexiste. Des farces grivoises aux injures, des menaces voilées aux comportements violents, le harcèlement hétérosexiste peut être défini comme étant l'utilisation répétée de paroles ou de gestes visant à disqualifier le lesbianisme et à réaffirmer la norme hétérosexuelle.

Une travailleuse de la construction qui ne cache pas son lesbianisme oeuvre sur un chantier regroupant majoritairement des hommes. A son avis, les réactions de ses collègues ne sont pas différentes de celles constatées dans d'autres milieux de travail. L'affirmation de son identité lesbienne lui a valu d'être pointée du doigt et ridiculisée plus d'une fois. Elle raconte, sourire en coin, l'inévitable rituel qui accompagne la simple affirmation de sa vie amoureuse. Travaillant à décharger un camion avec un collègue, ce dernier interpelle les autres ouvriers en leur disant : " Aïe les gars, elle est lesbienne ! " Elle ajoute n'avoir jamais vu une autre personne pointée du doigt à cause de son orientation hétérosexuelle. Certains la méprisent ouvertement alors que d'autres témoignent de la curiosité et veulent en savoir davantage. A la fin de la journée, elle fréquente occasionnellement un bar avec ses confrères et compagnes de travail. Sa vie amoureuse y est souvent l'objet de propos grivois, ce qui reflète d'une certaine manière la conception qu'ont ces travailleurs de la sexualité des femmes, et celles des lesbiennes, en particulier. Mais, selon cette ouvrière, que l'on soit sur un chantier de construction ou rue Sainte-Catherine à Montréal, des paroles méprisantes à l'endroit des lesbiennes sont susceptibles de se faire entrendre.

" En ville, tu te promènes sur la rue Ste-Catherine, tu tiens la main de ta blonde, et, soudainement, il y a un gars qui passe et te dis : " toi, mon espèce de bitch ".
Toujours selon cette travailleuse de la construction, ces réactions agressives ne représentent que la manifestation visible d'une homophobie généralisée, mais véhiculée et transmise à mots couverts. Des compagnes de travail lesbiennes l'avisent parfois des " horreurs " qui se disent à son insu. Craignant d'être ainsi méprisées, ces dernières ont opté pour la clandestinité. Nous pourrions croire que cette situation est propre au milieu ouvrier, or il n'en est rien.

Une enseignante au niveau collégial raconte :

" Eh bien oui, il y a des gars qui m'ont insultée parce que je ne répondais pas à leurs avances, des gars qui m'ont achalée dans la rue quand j'étais avec ma blonde, des gens qui ont eu des réactions bizarres quand ma blonde venait me reconduire au cégep et qu'on s'embrassait comme tout le monde parce que l'on ne se reverrait pas avant le lendemain ... On a déja des problèmes à vivre dans certains milieux de travail parce qu'on est des femmes, si on ajoute à cela le fait d'être lesbienne, ça n'aide pas.
Une agente des services correctionnels qui travaille dans un milieu masculin a vécu la même chose :

" Dès qu'ils ont su, ç'a été les jokes à double sens, les bonnes vieilles jokes d'hommes, les jokes de cul... Ils vont envoyer des remarques comme " c'est bien meilleur quand ça se fait avec un homme, hein ? "
Ainsi, bien que les manifestations de harcèlmenet hétérosexiste revêtent plusieurs formes, ce sont autant de moyens coercitifs dont la visée est de rappeler aux lesbiennes qu'elles transgressent le modèle hétérosexuel, et que cette trangression est concrètement et symboliquement inacceptable.
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