Table des matières

Est-ce que je te dérange ?

Envoyé par GDMANIMAIDE en date du 17 avril 2001 à 10h53
Que faire lors d'un appel téléphonique d'une personne suicidaire ? (texte utile pour les associations ou les standards d'écoute).


Soyez vous-même. “Les mots justes” ne sont pas importants par rapport au "ton juste". Si vous vous sentez concerné, votre voix et votre attitude le montreront.

Écoutez. Laissez la personne décharger son désespoir, ventiler sa colère. Si cette occasion lui est offerte, elle se sentira mieux à la fin de l'appel. Peu importe combien négatif cet appel peut paraître, le fait qu'il existe est un signe positif, un appel criant à l'aide.

Soyez empathique, patient, calme. Acceptez, ne jugez pas. La personne qui appelle a déjà fait un pas et le bon en prenant contact avec une autre personne.

Si l'appelant vous dit “Je suis si déprimé que ça ne peut plus continuer comme ça”, posez LA question : “Est-ce que vous pensez au suicide?” Vous ne lui mettez aucune idée en tête, vous faites une bonne chose pour lui. Vous lui montrez que vous êtes intéressé, que vous le prenez au sérieux, qu'il est possible pour lui de partager sa douleur avec vous.

Si la réponse est oui, vous pouvez commencer à poser une série de questions supplémentaires: Avez-vous pensé comment vous ferez ?(PLAN); Avez-vous ce dont vous avez besoin pour cela? (MOYENS); Avez-vous pensé quand vous le ferez? (DATE). 95% des appelants suicidaires répondront non à l'une de ces questions ou diront que la date est fixée quelque part dans le futur. Ce sera un soulagement pour vous deux.

Le simple fait de parler de leurs problèmes pendant un certain temps soulagera les personnes suicidaires de leur solitude et de leurs sentiments jusque là refoulés. Cela leur permettra de prendre conscience qu'une autre personne se soucie d'eux et leur donnera le sentiment d'être compris. Cela les fatigue aussi beaucoup. Tout cela peut prendre le dessus sur leur état agité et les aider à passer le cap d'une nuit difficile.

Évitez de débattre, de tenter d'avoir raison en pensant résoudre leurs problèmes, de renvoyer rapidement vers quelqu'un d'autre, de déprécier ou de faire sentir à l'appelant qu'il doit justifier ses sensations suicidaires. La question n'est pas la gravité du problème, mais la gravité de la souffrance qu'il entraîne chez la personne qui y est confrontée.

Si la personne avale ou a avalé des médicaments ou produits toxiques, obtenez des détails (lesquels, combien, avec de l'alcool, d'autres médicaments, le dernier repas, sa santé générale) et appelez le Centre Anti-Poison le plus proche de chez elle. Une personne près de vous peut appeler pendant que vous continuez à parler au suicidant ou vous pouvez obtenir son autorisation et appeler sur un autre téléphone pendant qu'il écoute l'appel. Si le Centre Anti-poison recommande une assistance médicale immédiate, demandez au suicidant s'il a un parent proche, un ami, ou un voisin qui peut l'aider à le transporter ou se charger de l'ambulance. Dans quelques cas rares, la personne refusera initialement l'assistance médicale dont elle a besoin. Souvenez-vous que son appel est toujours un appel au secours et conservez un ton empathique et non jugeant. Demandez lui son adresse et son numéro de téléphone au cas où il changerait d'avis (Appelez le numéro pour vous assurer qu'il est occupé.). Informez-le si votre standart ne permet pas de localiser son appel afin qu'il soit conscient des conséquences.

N'y allez pas seul. Obtenez de l'aide pendant l'appel et faites un compte-rendu (debriefing) après.

La personne qui téléphone peut appeler au sujet d'une autre personne suicidaire. Ecoutez-la, et rassurez-la en lui disant qu'elle a fait la bonne chose en prenant la situation au sérieux, et sympathisez avec sa situation stressante. Avec un peu de soutien, beaucoup d'intervenants tiers résoudront seuls pas mal de choses. Dans le cas rare où cet intervenant s'avère être le suicidant lui-même qui ne veut pas se dévoiler immédiatement, l'écoute vous permettra d'amener la conversation vers ses problèmes. Vous pouvez alors demander “Avez-vous été vous-même dans une situation où vous avez pensé au suicide?”

La plus importante ressource pour prendre en charge la douleur est l'aide d'un psychothérapeute professionnel (psychologue, psychanalyste, psychiatre). Une personne qui se sent suicidaire doit obtenir de l'aide et l'obtenir plus tôt que trop tard.



David L. Conroy Texte original sur le site de metanoia.org Traduit et légèrement modifié par Stéphane Barbery.
http://www.barbery.net/psy/suicide/telephone.htm
Index
© A l g i