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Être ou ne pas être visible ?

Envoyé par Lexilé en date du 10 avril 2001 à 23h27
Telle est la question ?

Je ne sais pas trop si je suis visible ou invisible ; je ne suis pas du genre folle, ni du genre matcho cuir à mosselles, et je n'ai jamais été injurié agressivement du titre de fif, tapette ou autres indicateurs de visibilité. Je dirai donc que je me perds aisément dans la foule. Par contre, je suis visible dans le Village, des lieux ou des événements gais, dans le métro où je ne me gêne plus pour lire le Fugues ou le RG (il y a une douzaine d'années je les rangeais dans ma serviette et ne les consultais qu'à la maison. J'ai fait les parades de la Fierté, banderolle à bout de bras, des kiosques d'information à Montréal comme à Québec, je me suis activé dans des organismes communautaires... Je suis visible à qui veux bien me voir... au travail, dans les relations amicales... Je dirais qu'avec l'âge, j'ai gagné en visibilité..., même si c'est moins beau à voir..;O))

Plusieurs préférent, l'ombre, même l'anonymat sur le Net, même le silence sur les babs, de peur d'être identifiable, rejoignable,etc. Je comprends cette démarche dans l'ombre, car la vulnérabilité des gais et lesbiennes demeurent une réalité. On peut encore humilier un être en le traitant de fif ou de butch... le rabaisser aux yeux de trop de gens encore... Certains sont capables d'y faire face, d'autres pas. C'est d'ailleurs ce que j'ai apprécié dans le film "Le placard" qui illustre, sans drame ni démonstration théorique, les effets terribles que peut entrainer une soudaine "visibilité" : mépris, fausse accusation, confrontation avec l'ignorance crasse des gens.. etc Le regard des autres se transforme selon les traits du portrait que nous leur présentons.

Je l'avoue, je n'aurais pas apprécié être identifiable à cent pieds de distance en tant que gai. Trop dure à vivre. J'ai du respect et de la compassion pour ceux qui vivent une telle situation. Il faut un sacré tempérament pour recevoir les regards durs ou moqueurs des Autres, surtout quand on est jeune.

Dernièrement, j'attendais dans un hall d'entrée et un beau jeune homme arrive au volant de son automobile juste devant moi. Il descend de voiture et il y a cinq ou six autres personnes qui comme moi l'observe. Le garçon gros et grand, de type hispano, se dirige vers la porte d'entrée en dodelinant ses hanches très larges. Sa tête bat la mesure et tout son corps transpire une féminité certaine. Je suis moi-même étonné par sa démarche, mais j'ai surtout saisi les regards moqueurs et les gênes évidentes qui sont apparus sur les visages des badaux présents. A-t-il perçu ses diverses réactions. Est-il immunisé contre ces jugements ? Je le lui souhaite car il semble bien que l'invisibilité soit du domaine de l'impossible pour lui... Et je suis persuadé qu'il n'affectait pas, comme certains gais, cette féminité qui transpirait de lui.. c'était sa nature qui émanait, sans fard ni voile...

Dur, dur,dur d'être... différent...;o(
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Les temps changent....

Envoyé par B. en date du 27 avril 2001 à 16h49 en réponse à Être ou ne pas être visible ? (reçu de Lexilé le 10 avril 2001 à 23h27).
Je ne viens plus souvent lire les messages et donc, je n'en lis que très peu. Je ne sais pas pourquoi parmi tous ces messages, j'ai ouvert le tien.

J'avoue avoir été très impressionnée d'apprendre qu'il y a (au moins) deux gays (niveau CEGEP mais quand même...) qui vont se présenter à leur bal de finissants accompagnés d'une escorte... masculine!

Et il semble bien que ça soit en toute simplicité, qu'absolument personne n'a passé de commentaires le moindrement désobligeants...

Chapeau à ces deux jeunes!
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Ouais

Envoyé par Catou en date du 14 avril 2001 à 16h24 en réponse à Être ou ne pas être visible ? (reçu de Lexilé le 10 avril 2001 à 23h27).
That is the question, comme dirait l'autre!

Et, voilà qui porte à réfléchir.

Évidemment, on ne choisit pas son apparence. Donc, le garçon qui a naturellement une allure féminine ou la fille qui a l'air tomboy ne font qu'être eux-mêmes. Ils doivent tenter de se blinder contre les regards obliques. Je pense même que certains préfèrent en mettre plus qu'il ne faut. Ils jouent le jeu du gai un peu bouffon. C'est un moyen de défense comme un autre pour tenter de se faire une place.

Mais, il y a aussi des formes de visibilité qui sont facultatives. Par exemple, on peut choisir d'être visible en affichant le drapeau gai sur sa voiture, dans sa porte d'entrée, ou en choisissant de se promener en chaps en allant voir môman au centre d'accueil!

Mettons qu'on passe alors de minorité invisible à minorité visible!

Dans ce sens-là, moi j'ai choisi de ne pas être visible. En même temps, je ne veux pas me cacher et surtout pas mentir. J'affirme mes positions quand je pense nécessaire de le faire. Et je n'hésite pas à marcher dans le défilé de la fierté gaie. Mais, autrement, je reste discret parce que je n'ai pas le goût de me battre constamment. Dans la vie quotidienne, je veux juste passer inaperçu.

Je constate aussi qu'il y a des gens qui ne veulent pas voir ou ne veulent pas parler de notre différence. Donc, dans la mesure où ça ne m'empêche pas de vivre, je reste invisible sur cette partie-là de ma vie. Par exemple, dans ma famille, il n'y a qu'avec ma nièce que j'en parle. Parce que ça l'intéresse et que ça établit une connivence entre nous.

C'est sûr qu'il y a un fond d'homophobie intériorisée dans tout ça. Rien d'agressif. Juste que ça dérange et que c'est plus simple d'ignorer...

Cat.
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