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Le jeu des libertés humaines...

Envoyé par GDMANIMA en date du 05 février 2001 à 12h12

(source "http://www.ilestvivant.com/iev/hs2/hs2_20_1.jpg")


Vivre seul et heureux, voilà un des nouveaux modes de vivre recherchés par un nombre croissant de Français. (En Europe, la tendance a commencé dans les pays scandinaves). Ces « solos » ou « solistes », comme les appellent les sociologues, ont un dénominateur commun : ne pas partager le quotidien d’un couple.


Ils ne sont cependant pas nécessairement seuls : ils peuvent habiter chez les parents ou avec un enfant et on estime à près de 300 000 en France ceux qui « vivent en couple chacun chez soi » ! D’après un article du Figaro Magazine de mai 1999, ce phénomène s’explique par 3 facteurs : la tendance des jeunes à ne plus emménager aussi vite qu’il y a 15 ans, l’augmentation du nombre des divorces et l’attente plus exigeante d’une nouvelle relation avec le souci de préserver une autonomie chèrement acquise. Dans les témoignages de ces solistes, on entend souvent l’affirmation d’une liberté retrouvée, qui permet de se réaliser professionnellement, sans contrainte familiale, sans la désastreuse routine du couple au quotidien, sexuelle ou relationnelle.

Le couple, ennemi de la liberté personnelle ?

Les traditions de l’enterrement de la vie de garçon ou de la vie de jeune fille montrent bien que ce sentiment de mort d’une certaine vie en solitaire, était perçu par les générations précédentes, mais sur le mode de l’humour, et non comme un refus de créer ce lien d’une relation durable entre l’homme et la femme dans le mariage.

Comment vivre la liberté dans le couple ?

Il faut bien constater que l’idéologie ambiante est le primat de la “liberté” sur l’engagement réciproque dans ce choix libre de s’aimer, comme le disait la belle et rude formule d’autrefois : pour le meilleur et pour le pire. Tout le monde aujourd’hui aspire au bonheur, mais personne ne veut souffrir. Et pourtant le divorce est toujours une souffrance : et comme le dit une femme qui vit en solo : « Personne n’est fait pour vivre seul et ceux qui disent le contraire sont de gros menteurs. »

L’histoire d’un couple est, comme l’histoire avec un grand H, le jeu des libertés humaines : la mienne, celle de l’autre, celle de ceux qui nous entourent.

La vie à deux n’est pas un enfermement de ma liberté car l’acte libre qui fait qu’on a choisi de vivre ensemble se déploie au fil des années où l’on construit ensemble un projet de vie. Elle ne sera routinière que si notre désir d’aimer s’émousse ou se laisse dévorer par le stress et l’activisme qui caractérisent notre société actuelle. En conséquence, renoncer à l’engagement de mon mariage, c’est renoncer à l’acte libre le plus décisif que j’ai posé dans ma vie, c’est casser profondément le projet le plus important de ma liberté, celui dont j’attendais le plus. C’est donc un échec de ma liberté.



Liberté, autonomie ou… indépendance ?

L’autonomie, si elle est comprise comme la possibilité de décider sans en référer à l’autre, se rapproche de l’indépendance et d’une certaine idée de la liberté, comprise comme absence de contrainte. En ce sens, il n’y a pas d’autonomie ou d’indépendance possible dans la vie d’un couple si on fait le choix d’aimer cette dépendance réciproque qui fait qu’on a besoin de l’amour de l’autre pour vivre.

Les écueils de la liberté dans la vie à deux…

Si on veut absolument tout vivre ensemble, on risque d’étouffer l’autre : monsieur oblige madame à regarder les matchs de foot et l’équipe du dimanche sur Canal + ; ou madame traîne monsieur dans les magasins de vêtements tous les samedis après-midi…

S’il faut aller dans la belle-famille tous les dimanches pour faire plaisir à l’autre, l’un va probablement finir par « craquer ».

Il y a par ailleurs un danger de croire que l’amour implique que l’autre doive penser comme moi : le plus fort ou le plus câlin va dominer jusqu’au jour de la révolte ou de la fuite !

Alors, comment vivre libre ensemble ?

Si on évite ces « peaux de banane », dans la dépendance de l’amour, la liberté de chacun n’est pas aliénée. Chacun peut trouver une juste autonomie selon les domaines. La liberté peut exister par le respect et l’attention à l’autre dans son altérité, dans ses besoins en tant qu’homme ou en tant que femme. Monsieur doit faire son jogging, madame passer du temps au téléphone avec ses amies ; monsieur a besoin de silence pour écouter de la grande musique le dimanche après-midi, madame ne peut pas articuler un mot aimable tant qu’elle n’a pas bu son petit-déjeuner, etc.

La liberté se vit à travers la répartition des rôles dans la vie familiale : dans les orientations professionnelles, le choix des loisirs, les relations avec les amis, les familles, la gestion des comptes, l’entretien de la maison, l’éducation des enfants.

Il y a plusieurs modes d’approche selon les périodes de la vie. Pour chacun de ces rôles, il y a celui qui décide et celui qui fait. Certaines tâches sont décidées et faites à deux, mais pas toutes : l’exercice de la liberté se fait alors par le dialogue et la confiance. La liberté s’exerce également à travers l’expérience de la paternité responsable, c’est-à-dire le nombre d’enfants désirés et le moment favorable pour les accueillir. En principe, la liberté des époux grandit aussi par rapport aux pulsions puisque la vie à deux est un remède à la solitude affective.

Si la liberté est de faire ce que je veux quand je veux, la vie m’apprendra les limites de cette façon égocentrique de voir les choses, et j’aurai du mal à réussir une vie de couple.

Si la liberté rime avec l’amour vécu en couple, c’est l’autre qui sera pour moi source de la vraie liberté, d’une liberté qui va grandir, parce que c’est l’amour reçu de l’autre qui m’aidera à devenir moi-même, le vrai moi-même, et non l’esclave de mes désirs.
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