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Retour du bal....

Envoyé par GDMANIMA en date du 22 janvier 2000 à 00h02
La discussion ce soir a été très intéressante et surtout très révélatrice. Une première partie se base sur un tour de table portant sur le mot sexe. Chacun dit le mot qui lui vient spontanément: alors le tableau s'est couvert de beaux mots comme intimité, complicité, tendresse, baiser, énergie, plaisir, le plus osé étant jouissance !!! Ouf, déjà là le silence sur les termes crus et les pratiques sexuelles est révélateur. On part avec ça et l'importance de la sexualité dans nos vies, ce qu'elle représente, ce que l'on souhaite, offre, donne, mais tout se fait sans jamais appeler un chat un chat; la censure, le vague, le flou règnent en maître. Les généralisations de certains soulèvent des protestations. Les "nous les gais" que disent certains suscitent un appel au droit à la différence À la question "Sommes nous plus sexués que les hétéros... " Non disent la plupart, même si la vie sexuelle est plus active, les hétéros sont tout aussi concernés et motivés par leurs désirs sexuels... Les divergences ressortent: il y a ceux qui disent que le partenaire doit s'offrir et découvrir tout ce qu'on lui offre,; d'autres que l'on offre et se place à l'écoute du besoin du partenaire; enfin d'autres se disent près à attendre avant de consommer, tandis que certains se moquent d'eux doucement..

Si un gai dit qu'il n'a pas baiser son chum la première fois ou la première semaine, il suscite des sourires en coin.

Il ressort rapidement que la sexualité demeure un jardin secret, un élément privé, car fragile et susceptible d'être ridiculisé ou utilisé par des étrangers, des amis, des amants...On réclame le droit à ses fantaisies ou fantasmes sans être obligé de tout dire, de tout avouer...

Et il existe aussi dans le milieu gai un malaise face à la division entre top et bottom; les sodomisés sont les soumis, les dominés, moins homme aux yeux de certains, alors que le sodomiseur est un homme à part entière (référence à la culture grecque, romaine ou arabe qui considèrent qu'un sodomisé est homo, mais pas nécessairement l'enculeur...(disons les mots justes pour une fois)

En fin de soirée, les gens ont lu des messages qu'ils avaient écrits en début de soirée; ils devaient écrire un fantasme... Encore là beaucoup en sont restés à des termes vagues, des descriptions d'atmosphère genre, plage, bord de ruisseau, mais la moitié des messages était beaucoup plus explicite et les pratiques sexuelles ont été quasi toutes mentionnées au moins une fois : sucer, enculer, lècher, 69, baiser, manger, mais le tout était anonyme car chaque participant avait pigé un billet au hasard pour en faire la lecture...;o) Bref la sexualité demeure un jardin secret chez les hommes gais, même si plusieurs gais ou hétéros croient le contraire.....

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Cendrillon a eu un malaise

Envoyé par Petrouchka en date du 22 janvier 2000 à 02h56 en réponse à Retour du bal.... (reçu de GDMANIMA le 22 janvier 2000 à 00h02).

(source http://www-dept.usm.edu/~engdept/cinderella/c1-8.gif)

Oui la discussion a été assez révélatrice, d'une certaine réserve ou pudeur, tant dans par les mots employés que par les silences éloquents. Je m'attendais aussi à plus de vantardise ou fabulation de la part de certains, mais je n'en ai pas senti.

Mais j'ai cependant ressenti un certain conformisme ambiant: rejet de pratiques "hors-norme" (ex.: GS ou scato.), trop "spécialisées" (ex. SM ou fétichisme), ou des rôles stéréotypés et figés (ex. top/bottom). Un peu comme si tout ce qui sortait de la sexualité "normale" (??!) était rejeté par le groupe. En somme, "tout le monde il était beau, tout le monde il était gentil!" jusque dans ses fantasmes, pour la plupart d'ailleurs plutôt ternes et pas très "wild".

Je me suis demandé où étaient ceux qui mettent toutes ces annonces "hard" ou "spécialisées" sur Internet? Pas dans la salle en tout cas! À moins qu'on ait pratiqué l'auto-censure, pour se conformer au sentiment général. Est-ce de la rectitude politique homosexuelle ou le désir de se conformer au groupe? Étonnant tout de même pour nous qui avons une sexualité non conformiste dans un monde ou la norme est encore hétéro!

Triste de constater que maintenant on s'auto-censure même jusque dans notre imaginaire, à moins qu'on soit victime de la banalisation du sexe qui tue la fantaisie? Peut-être les fantasmes d'antan (et qui faisaient la fortune des psychanalystes) ont-ils été remplacés par toutes ces pratiques cyber-sexuelles virtuelles d'aujourd'hui. Et on le sait, regarder (un écran de télé, cinéma ou ordinateur) est une activité passive qui stimule moins l'imaginaire que la lecture ou l'écoute.

Le rêve le plus flyé n'est donc plus possible? La trangression du tabou, en pensée, n'est plus tolérée? On touche pourtant là à la fonction même du fantasme d'exutoire mental: s'éclater, aller - en pensée - là où la société et la morale ne nous permettraient jamais d'aller dans la vie réelle. Heureusement certains des fantasmes qui ont été lus, de façon anonyme, étaient plus "osés", plus provoquants (trop au goût de la plupart des participants, si on en juge par leur commentaire).

Malheureusement, dès son annonce, l'idée de faire commenter le fantasme par son lecteur (qui, à moins d'un hasard, n'en était pas l'auteur) ne m'a pas semblée très bonne, car elle risquait d'entraîner des jugements de valeur. J'ai deviné ce qui allait suivre et j'aurais dû tout de suite intervenir pour rappeler le PREMIER COMMANDEMENT DU GDM: "TU NE JUGERAS POINT!". J'imaginais le malaise de ces auteurs qui ont presqu'été traités comme de dangereux pervers, alors que le fantasme, tant qu'il ne se réalise pas, ne doit justement pas connaître de limites, et je me sentais moi-même très mal à l'aise. J'aurais dû le dire, je ne l'ai pas fait...

Oui on aurait dû lire les fantasmes des participants à la fin de la soirée, mais sans les commenter. Et sans l'influence d'un tiers, chacun, dans son for intérieur, aurait été entièrement libre d'en disposer selon ses propres valeurs ou de s'en servir pour nourrir son propre imaginaire.

Oui, Cendrillon a eu un malaise en sortant du bal, et en a presque perdu sa pantoufle de vair...











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La Belle et la Bête en chacun de nous...

Envoyé par GDMANIMA en date du 22 janvier 2000 à 09h37 en réponse à Cendrillon a eu un malaise (reçu de Petrouchka le 22 janvier 2000 à 02h56).

(source http://www.avana.net/~tonyc/batb/title2.jpg)

Oui, tu donnes là un témoignage et des réflexions très justes sur la soirée d'hier... mais il faut aussi préciser que le GDM n'est pas nécessairement représentatif de l'ensemble de la communauté... Plusieurs participants en sont à leurs premières armes dans le milieu, d'autres sont justement des gens qui préfèrent échanger, discourir, découvrir leurs partenaires éventuels à une relation amicale ou amoureuse et qui fréquentent le groupe pour réaliser leur côté sentimental...

Je crois, à tort ou à raison, qu'un groupe comme le GDM offre une approche particulière des échanges sociaux, basée sur la discussion, le témoignage,( l'aveu comme nous faisait remarqué un participant qui citait Foucault et son ouvrage sur l'histoire de la sexualité) et rassemble des hommes qui ont des attentes, des espoirs, voire des illusions particulières face à l'Amour et aux relations humaines. Je ne dis pas qu'ils sont tous semblables, tous vertueux, tous bégueules, mais assurément plus cérébraux, sensibles aux mots et symboles, certes ! Ils aiment causer ou écouter, ce qui constituent des traits de caractère en soi que tout le monde gai ne partage pas. Il y avait d'ailleurs des nouveaux qui se sont sauvés à l'entracte et dont la figure en disait long au court de la première partie de la soirée,; il ne trouvait pas là leur tasse de thé ;o)

Je connais des mecs qui se refusent totalement à tout partage et même à entendre des témoignages qu'ils considèrent comme du temps perdu... Il reste somme toute intéressant de voir qu'une vingtaine de gars se réunissent un vendredi soir -- avant le bal au Village pour certains -- ;o), pour réfléchir, partager, rire et fraterniser autour d'un thème aussi secret que les pratiques sexuelles.

Je suis d'accord que les commentaires sur les fantasmes ont donné lieu à des expressions d'intolérance peu encourageantes, mais l'anonymat protégeait l'auteur, et cela permettait de faire ressortir encore une fois le vrai sentiment de certains, des impressions positives ou négatives, qui, autrement, seraient demeurées secrètes, inavouées, enfouies. Ce dernier tour de table aura eu pour avantage de soulever, ne serait-ce qu'un instant, les lourds voiles de la pudeur qui avaient recouverts une bonne partie des interventions et de briser le silence obstiné de plusieurs participants. Ce dernier jeu nous a révélé des jouisseurs et des intolérants, le côté Belle et le côté Bête des uns et des autres, ce qui nous informait sur la complexité du groupe et l'impossibilité de nousnousfier nos interventions que ce soit pour parler des hommes, des homosexuels, des GDMistes, des Gdmistes qui causent versus ceux qui gardent le silence... et autres sous-groupes..;o))

ALP et je t'invite à revenir nous faire d'aussi bons témoignages chaque semaine... c'est essentiel à la dynamisation de ce bab...Merci encore.

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