Table des matières

NOUVELLE QUESTION DE LA SEMAINE

Envoyé par GDMANIMA en date du 18 juillet 1999 à 21h11

(source http://pages.infinit.net/@@Yh15lxYAZMkOycbj/cocqsida/cocq01.gif)

Voilà un sujet moins rigolo que le genre de mec ou de fille qu'on reluque pour faire vivre une tendresse. Mais à la veille de la fierté gaie, s'il est un sujet dont nous pouvons peut-être être fier dans notre communauté, c'est de la mobilisation, de l'engagement résolu de milliers de gais et lesbiennes dans la lutte contre le SIDA depuis plus de 15 ans déjà. Et vous, personnellement, où en êtres-vous par rapport à cette maladie qui aura indélébilement marqué la fin du 20e siècle ?

http://www3.sympatico.ca/cpavih/cpavih.htm

http://www.algi.qc.ca/asso/cq.html

Des statistiques québécoises:
http://www.algi.qc.ca/asso/cocq-sida/cq-externe.html

Sur les médicaments de l'Heure :
http://www.algi.qc.ca/asso/cocq-sida/cq-externe.html

Promesses et dangers des vaccins selon RG :

La recherche vaccinale anti-VIH
Espoirs et dangers reliés au vaccin

--------------------------------------------
rg - montréal*

Il n'existe actuellement aucun médicament capable d'éradiquer le virus causant le sida. Certains produits pharmaceutiques améliorent la situation des personnes infectées qui vivent dans les pays industrialisés, sans les guérir. Pour la majorité des personnes infectées sur la planète, ces médicaments sont de toute façon inaccessibles en raison de leurs coûts prohibitifs. Seul un vaccin efficace pourrait stopper l'épidémie qui se répand à raison de 16 000 nouvelles infections par jour dans le monde.

La seule façon de se protéger du VIH-sida demeure la prévention: c'est-à-dire l'usage du condom lors des pénétrations vaginales ou anales et l'utilisation de seringues neuves ou stérilisées pour l'injection de drogues par voie intraveineuse.

Déjà réglé le problème du sida ?

Les médias parlent régulièrement des avancées de la science en ce qui a trait au VIH, de telle façon que beaucoup pensent que le sida est un problème du passé. La réalité est tout autre. Les effets secondaires des médications anti-VIH-sida sont tels que plusieurs personnes ne peuvent les supporter et doivent cesser leur traitement, ce qui entraîne leur décès relativement rapidement. Celles qui prennent les médications de façon suivie voient leur virus développer des résistances et doivent changer fréquemment le cocktail de médicaments pour déjouer ses capacités à se transformer.

Lorsque toutes les combinaisons sont épuisées, la santé des personnes décline rapidement vers la mort. Des souches de virus résistantes à l'un ou plusieurs des médicaments anti-VIH ont fait leur apparition, ce qui réduit d'autant les chances de longévité et de survie des personnes nouvellement infectées. Finalement, et ce qui est le plus important, les personnes qui peuvent bénéficier de ces médications représentent un maigre pourcentage de l'ensemble des personnes infectées par le VIH-sida sur la planète. Pour celles qui n'y ont pas accès, le décès plus ou moins rapide est une tragique certitude.

La prévention en danger

Les responsables des campagnes de prévention de la transmission du VIH s'adressant à la population en général et aux hommes gais et bisexuels en particulier, sont confrontés à des effets indésirables des campagnes de publicité vantant les mérites des médications anti-sida, en toute logique commerciale. Bien sûr, personne ne contestera les avantages que ces médicaments apportent aux personnes atteintes. Toutefois l'impact négatif de ces publicités se ferait déjà sentir dans les comportements de certains hommes gais ou bisexuels eu égard au sécurisexe. Pour la majorité hétérosexuelle, le message de prévention ne passe tout simplement pas ou à peu près pas.

Or, en 1998, au Québec, 17,6% des nouvelles infections l'ont été par contact hétérosexuel, contrairement à 6,2% en 1994. Si on y ajoute les cas d'infection par contact hétérosexuel chez les personnes provenant de pays endémiques, on atteint pour 1998 presque 30% des nouvelles infections. Par contre, la proportion des infections par contact homosexuel est passée de 70% entre 1979 et 1994 à 45% en 1998.

Le relâchement au niveau du sécurisexe devient très inquiétant pour les infections. Le raisonnement logique qui pourrait probablement soutenir ce relâchement, est celui-ci: lassés d'avoir à se préoccuper constamment d'être infectés et de s'imposer le port systématique du condom, certains commenceraient à croire que le statut de séropositif n'est plus aussi inquiétant qu'avant. Malgré les nombreux comprimés des médications et leurs effets secondaires, les personnes atteintes semblent bien portantes et mènent en général une vie plus libre, et certaines peuvent même retourner au travail. Les publicités sur le traitement ne sont-elles pas remplies de beaux garçons bien portants, souriants et qui semblent profiter de la vie au maximum?

PPE et pré-PPE

Pour ajouter à la complexité de la situation, on parle de plus en plus de prophylaxie post-exposition (PPE) sexuelle, c'est-à-dire de traitements anti-VIH donnés par des médecins dans les heures ou jours qui suivent en cas d'incidents impliquant des partenaires sexuels sérodiscordants. La prophylaxie post-exposition était déjà utilisée depuis plusieurs années dans les cas d'accidents professionnels. Depuis deux ou trois ans, plusieurs médecins nord-américains et européens de cliniques spécialisées les prescrivent à leur clientèle la plus à risque sur une base compassionnelle et ce, sans savoir si cette (PPE) est valide. Plusieurs utilisent déjà l'expression «pilule du lendemain».

Conclusion: un essai vaccinal en terrain glissant

C'est donc dans un contexte difficile que ce premier essai vaccinal a lieu. D'une part, un vaccin doit être trouvé le plus rapidement possible. D'autre part, il importe d'éviter d'aggraver les impacts négatifs déjà perceptibles sur les comportements sécuritaires tant chez les hommes gais ou bisexuels que chez la majorité hétérosexuelle.

Le pire qui pourrait arriver serait que cet essai vaccinal soit interprété par le public comme s'il s'agissait d'une campagne de vaccination. Pour plusieurs, le simple fait d'essayer un vaccin sera compris comme étant le signe avant-coureur qu'une solution définitive sera prochainement trouvée.

En réalité, les recherches pour développer un vaccin anti-VIH prendront encore plusieurs années, sinon des décennies, en autant qu'on puisse en développer un, car le VIH se transforme constamment. À preuve, le virus a pu jusqu'à présent déjouer à peu près tous les médicaments inventés pour lui barrer la route.

* Ce dossier est préparé à partir d'un texte du Dr Jean Vincelette, du Département de microbiologie médicale et infectiologie de l'Hôpital Saint-Luc (CHUM). Étant donné l'importance de ce dossier, le texte original du Dr Vincelette a été repris presque intégralement.

--------------------------------------
RG Numéro 203 Aout 1999

Index
© A l g i