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Sujet difficile...

Envoyé par Lexilé en date du 4 août 1998 à 09h14
Brisons la glace...

Gai, seul, pauvre et malade! Le cocktail le plus insipide que je puisse imaginer... Je ne dépose jamais un chèque de paye sans penser au jour ou je ne pourrais plus compter sur ce revenu faute de sécurité d'emploi. Mes ambitions ne se sont pas réalisées, le hasard a fait que j'ai toujours eu des emplois intéressants, mais à contrat : deux ans ici, six ans là, trois ans par ici... Et parfois je me demande si mon orientation sexuelle n'est pas à l'origine d'un certain manque de constance, d'un manque de confiance en moi, d'estime de moi, qui aurait coupé mon envol...

Mes rêves les plus fous ne se sont naturellement pas réalisés. Devenir un grand acteur adulé, devenir un professeur émérite du milieu universitaire. Je n'ai même pas réussi à m'assurer le plus élémentaire : une sécurité d'emploi. Riche et célèbre, c'est pas du tout essentiel pour moi, mais j'ai toujours peur de devenir pauvre et malade! Et notre société est de moins en moins capable de nous garantir cette dignité qui semblait avoir été acquise par les générations précédentes. Pas seulement celle des baby-boomers, car elle n'a que 53 ans..., mais aussi celles qui ont souffert dans les années '30 et '40, comme mes parents, et qui maintenant jouissent de pensions, de sécurité de vieillesse généreuses, de l'inflation des prix des biens acquis au cours des années '50 à '80. Ils ont un âge d'or doré(sic).

Beaucoup de gais des closets des années '50, '60 et même '70 peuvent sortir aujourd'hui, avec une sécurité d'emploi et des retraites dorées. Mais ceux et celles (car les femmes sont entrées dans la grande ronde du travail entre temps) y sont venus au début des années '80, comme moi, n'auront pas, pour la plupart, droit à ces traitements sécurisants.

En passant, je me demande dans quelle mesure les lesbiennes n'ont pas été le véritable fer de lance de l'accès des femmes au milieu du travail professionnel (pas dans les milieux de travail réservés à la main-d'oeuvre féminine s'entend), car qui dit lesbienne qui s'assume et refuse le soutien économique d'un trop cher(sic)époux, dit femme qui devait trouver un job et assurer son avenir?





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