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La Belle et la Bête...

Envoyé par Lexilé en date du 26 mai 1999 à 20h15

(source http://www.webgraphique.com/images/4/Caa0104.jpg)

J'ai déjà exprimé ce qui va suivre dans une précédente intervention ici ou sur le bab AU QUOTIDIEN. J'ai toujours été fasciné par le film de Cocteau et récemment j'ai eu le plaisir de lire la nouvelle de Mme Leprince de Beaumont, belle et sobre, mais sans toute la magie qu'a su y insuffler Cocteau.

Face à l'Amour et à la sexualité, je suis comme la Bête qui frémit de désir lorsqu'une biche passe à l'orée du bois, alors qu'il tient à son bras l'objet de son plus cher amour, son plus cher désir, celle qui doit l'arracher à sa condition de bête humaine...

Et c'est là une splendide image qui résume mon déchirement, ma division, mon double visage face à l'Amour et à la concupiscence.

Les amours faciles sont attirants, émoustillants, exhaltants, mais ils laissent en moi une rancoeur, un vide, un gouffre, car il ne comble aucunement le besoin de tendresse, de complicité, de Bonheur. L'acte sexuel est un geste d'apothéose, de libération, de plaisir comme tel, que je ne peux me résoudre à confiner uniquement aux jeux de l'Amour... sauf quand je me suis clairement engagé envers l'Aimé. Mais malgré mon engagement, comme la Bête, je frémis devant la chair qui défile sous mes yeux, l'esprit vagabonde au souvenir des chairs secrètes, anonymes et de plaisirs faciles, rapides, qui demeurent toujours tentants, aguichants, troublants.

N'ayant pu retrouver un nouvel ami depuis deux ans, je dois me contenter de ces plaisirs faciles, j'ose le dire, mais je n'y trouve pas mon plaisir réel, celui qui construit une vie, charpente un univers. Culpabilité ? Oui, facilement ! Les joies sexuelles sont adorables, mais ne comblent , qu'un instant, ne durent qu'un moment ... pas une vie... pas même un an, six mois, deux semaines. Deux semaines d'amour fou valent toutes les jouissances-minnutes du monde, aussi factisce soient-elles.

C'est là tout mon trouble, mon rejet, mon partage face au désir de l'Autre qui a deux visages, tel Janus : l'un pour le plaisir, l'autre pour l'appaisement, l'appaisement de l'âme inquiète de tout être qui doit faire seul faire face à la vie et qui n'espère plus trouver "le Bel" qui aurait pu l'accompagner..

Comme Phébus, je suis déchiré entre Fleur de Lys et Esméralda la Zingara...

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C'était en décembre dernier...

Envoyé par Lexilé en date du 26 mai 1999 à 20h37 en réponse à La Belle et la Bête... (reçu de Lexilé le 26 mai 1999 à 20h15).

(source http://www.ozemail.com.au/~video/images/belle.jpg)

(copie de mon message du 3 décembre dernier qui m'apparaît plus clair que le précédent... je suis devenu paresseux...!!!;0) -- Mais je constate que j'ai une certaine constance... voyez vous-même...
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J'ai toujours été fasciné par ce merveilleux conte de Mme Leprince de Beaumont et tout particulièrement par le film qu'en a tiré Cocteau.



C'est tout simplement parce que je trouve là une belle alllégorie, une parfaite illustration des notions de désir et de séduction. La Bête aime la Belle, mais non seulement elle se croit indigne de son amour à cause de sa laideur, de sa nature monstrueuse, mais de plus elle ne peut contenir son désir pour les proies qui passent à sa portée.



Une scène magnifique résume tout ce drame: la Belle et la Bête se promènent au jardin et une amitié naissante, peut-être même de l'amour s'annonce dans cet instant de félicité qu'accompagne une musique envoûtante. Soudain la caméra se porte sur une biche effarouchée qui passe près du couple à l'orée de la forêt. L'instinct de la Bête s'éveille, ses oreilles frémissent, ses yeux se révulsent, ses griffes s'agitent... le désir, la soif de la chair... La Bête résiste avec beaucoup de mal à l'envie de pourchasser la biche...



Dans une scène précédente, de retour d'une chasse fructueuse, la Bête se présente, les mains fumantes et les vêtements déchirés, devant la porte de la chambre de Belle. Le monstre est tourmenté, déchiré (comme l'indique sa chemise en lambeaux)par son amour et par sa honte. Belle le surprend et il s'enfuit, honteux.



Je me sens souvent comme cette Bête, déchiré entre le désir de capture et le plaisir de m'abreuver à la fontaine d'amour d'où jaillit l'eau la plus pure, la plus susceptible d'assouvir ma soif... de tendresse, de présence de l'Autre.



Et quoi de plus beau, mais de plus illusoire aussi, que l'envol final de la Belle et du Prince qu'elle a fait naître des entrailles de la Bête grâce à son amour pur et véritable! J'aimerais y croire à cet envol vers le firmament du bonheur; je l'ai déjà expérimenté, mais reste à trouver les moyens de se maintenir en vol, de planer au dessus des autres en compagnie de l'être aimé, comme on le fait si bien en solo dans nos rêves... J'ai échoué une fois, après cinq ans d'envol. Le problème, c'est que lorsque l'on décolle, on ne peut savoir si l'Autre restera bien à bord ou si chez lui comme chez moi l'instinct ne nous pousssera pas à aller voir ailleurs... à retrouver le plaisir de séduire... de capturer! Avec l'âge, la quarantaine, je croyais que ce désir de plaire, de séduire, de capter, s'étiolerait... Mais j'ai ouï dire des amis d'un âge certain... bien loin déjà de la quarantaine, que la concupiscence ne meurt jamais, sauf si le corps et son apparence sont durement altérés, et là encore, l'espoir demeure de capturer quelques proies perdues à l'orée des bois...

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