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Une soirée effervescente...

Envoyé par GDMANIMA en date du 17 avril 1999 à 00h35
J'ai eu le plaisir d'animer ce soir le thème de cette semaine au GDM.

J'avais pris la peine d'inviter des journalistes de divers médias gais, mais la plupart ont jugé le thème trop "hot", c'est pour dire comme le sujet était brûlant. Par contre, des représentants du Fugues sont venus à titre personnel pour échanger avec nous.

À la question êtes-vous pour le Outing, seulement 10 % des gens présent ont reconnu qu'il ne fallait pas se priver de cet instrument de pression socio-politique. Un 15 à 20 % hésitaient et souhaitaient nuancer leur position, mais plus des deux-tiers étaient contre, et plusieurs farouchement !

Je ne peux pas vous rapporter fidèlement les propos et les échanges et nuances, mais il me semble que plus la soirée avancait plus on parvenait à encadrer cette pratique qui d'emblée doit demeurer une procédure tout à fait spéciale, que dis-je, extraordinaire!!!. Les seuls cas acceptables seraient ceux où des politiciens ou autres acteurs sociaux, comme des religieux, prendraient ouvertement position contre la cause des gais et lesbiennes, comme ce fut le cas encore en France récemment à l'égard d'homosexuels de droite qui participaient à des manifestations anti-gays et contre le PACS (réf au dernier numéro de TÊTU). Devant de telles situations extrêmes, une majorité des participants au groupe de discussion semblaient accepter le outing, mais encore là avec des bémols, car la non-intervention d'un gai ou d'une lesbienne en position de pouvoir ne justifierait pas le outing; seuls d'ultimes outrages fait à la communauté justifiaient le outing.

En fait, on sentait bien que la crainte du outing personnel était omniprésente et suscitait des oppositions farouches et indémontables. Même l'exemple de J.Edgar Hoover, fondateur du F.B.I., - en son temps considéré comme le plus grand salaud d'Amérique -- homosexuel vivant avec son conjoint officiellement bras droit au FBI, et qui faisait chanter tous les les hommes politiques et publiques de l'Amérique puritaine, gais compris --, même Hoover parvenait avec peine à ébranler certaines positions.

Certains ont cependant fait remarquer que dès que tu acceptes de vivre ta vie gaie ou lesbiennes, tu deviens susceptible de subir un outing dans ton entourage ou dans les médias si tu es une vedette. On le regrettait, mais on acceptait... cette fatalité. Cela fait partie de l'assumation de l'homosexualité! La question est de savoir quand sommes-nous prêt à assumer le outing indirect, passif, accidentel,qui risque de se produire au fil de notre affirmation au sein de la communauté même, et non pas seulementau une fois qu'elle est engagée au sein de la société en général. Le coming out a bien meilleur goût et nous prépare à l'assaut de la curiosité des uns et de la méchanceté des autres, mais il faut avoir des assises solides pour faire face au vent qui déferle par bourrasques parfois.

Que dites-vous lorsqu'une connaissance, un parent, un ami, homo ou non, sachant bien que vous êtes lesbienne ou gai, vous demande si un tel qui était avec vous au restaurant l'autre jour est gai ou lesbienne ? Et cet ami/e ou amant/e ne vit pas ouvertement sa vie gaie, chemine lentement et se refuse encore à diffuser la nouvelle. Que répondez-vous ? Heu!heu,heu,,,, demande-le lui !" dites-vous. Et un intervenant de dire: "Ben là, bingo, y'a eu sa réponse".;o)

En fait la grande question sous-jacente était aussi de savoir, mais est-ce une honte encore en 1999 que d'être désignée comme une lesbienne ou un gai ? Les uns refusaient d'accepter de légitimer cette honte, tandis que d'autres rappelaient qu'ils fallait prendre la société là où elle était rendue et qu'en fait elle n'était pas rendue très loin. Pourquoi se rendre victime, tendre la joue... Et c'est là que Catou rejoint les tenants du outing en cas de situation extrême..."pourquoi faudrait-il se laisser cracher au visage sans répliquer". Je vous le demande ?

Bonne nuit, je tombe de fatigue...

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