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UN LIVRE DE BASE : LE DICTIONNAIRE ?

Envoyé par GDMANIMA en date du 01 avril 1999 à 21h20
Instrument de base dans notre apprentissage du français et d'une langue étrangère, le dictionnaire est un ouvrage de référence tout au long de notre vie, si bien qu'on le retrouve aisément dans toutes les écoles et la plupart des foyers. Or, il constitue un très efficace instrument de propagation des stéréotypes, des images pérojatives. Prenez le temps de lire ce texte, surtout les analyses d'exemples et la conclusion. Et dites-nous ce que vous en pensez...


LE DICTIONNAIRE ET L'IDÉOLOGIE DOMINANTE :
LE PORTRAIT DES GROUPES MARGINAUX

Matthew Ball
Université d'Ottawa
ACFAS 1997




Cet article vise à examiner le parti pris culturel dans la lexicographie. Si l'on considère le
dictionnaire comme étant une forme de commentaire culturel, que véhicule-t-il alors au sujet
des différents groupes que la société marginalise en raison de leur statut minoritaire, des
normes et des valeurs de la culture dominante ou des préjugés et des stéréotypes que cette
dernière détient envers ces groupes? Le dictionnaire inclut et exclut un grand nombre de
renseignements sur les unités lexicales qu'il définit, et beaucoup de ses renseignements ne
sont pas linguistiques, mais plutôt socioculturels.

Je ferai d'abord un résumé de certains concepts théoriques, puis une analyse de 32 unités
lexicales qui traitent d'un groupe marginal spécifique : la communauté lesbienne, bisexuelle et gaie(1).


L'idéologie influence-t-elle le dictionnaire?

Le dictionnaire occupe une place importante dans la société. Selon Jean-Claude Boulanger,
certaines personnes le considèrent comme «la Bible» de notre temps, surtout dans une
société qui devient de plus en plus profane (96). D'autres le comparent à un miroir qui
reflètent les attitudes et les valeurs dominantes (Jean et Claude Dubois 99, et Marina Yaguello
8). Les lexicographes, quant à eux, sont divisés en deux groupes. Le premier met l'accent sur
la linguistique et la sémantique, c'est-à-dire qu'il regarde la production du dictionnaire et les
connaissances théoriques. Le deuxième met l'accent sur les aspects sociohistorique et culturel, c'est-à-dire qu'il considère les conditions concrètes de production du dictionnaire.

Pour le non-initié, la description de la langue que fait le dictionnaire semble objective, neutre et scientifique, mais il existe des spécialistes qui démentissent ce fait. Selon eux, le dictionnaire prétend être descriptif, mais son métalangage révèle le contraire. Il se sert de marques pour signaler les sujets délicats, les «mauvaises» connotations et les registres «inférieurs» et «supérieurs». Selon Jacqueline Feldman, le dictionnaire évite les définitions claires et logiques des unités lexicales qui sont considérées comme délicates par la société. Maurice Tournier, quant à lui, décrit le dictionnaire comme «un actant sociologique qui participe à la structuration politique [et] qui se fait l'écho des valeurs et contre-valeurs morales fondatrices»(15). Il est donc facile à comprendre pourquoi certains groupes marginalisés comme les
femmes, les noirs (et d'autres groupes ethniques minoritaires), les personnes âgées, les
jeunes, les minorités religieuses, les communautés lesbienne, gaie et bisexuelle, les groupes
politiques, les personnes sans instruction, les groupes contre-culturels, et d'autres groupes
minoritaires ne se voient pas dans le dictionnaire, ou quand ils se voient leur image est souvent déformée. Ils sont privés de voix parce qu'ils n'ont pas le pouvoir d'influencer la
société, qui est elle-même la source des valeurs contenues dans le dictionnaire.

(Il faut absolument lire la suite, surtout les exemples et la conclusion : http://balzac.sti.uottawa.ca/articles/matt_acfas.htm

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