On naît hétérosexuel...

Envoyé par Catou en date du 7 janvier 1999 à 11h40

On naît hétérosexuel... En fait, pas vraiment. Il est bien possible qu'on naisse hétérosexuel, sauf qu'on ne le sait pas... En fait, on naît en général dans une famille où l'hétorosexualité est la norme. Dans le meilleur des cas, on va prêcher la tolérance envers les homosexuels mais souvent de la façon que l'on va dire qu'il ne faut pas discriminer les handicapés. Mais on ne souhaite à personne d'être handicapé... J'ai fait, il y a longtemps, un voyage en Hollande et en particulier à Amsterdam que je percevais comme la terre de liberté par excellence. Dès ce moment-là, il y avait un centre communautaire pour les gais et les lesbiennes. Je m'y suis donc rendu pour discuter avec les gens sur la situation là-bas. Et c'est là que j'ai compris qu'on avait du chemin à faire. C'est vrai m'a-t-on dit que les Hollandais sont tolérants. Mais, il y a une différence entre accepter un homosexuel ailleurs et l'accepter dans sa propre famille. Et le moule est aussi très fort chez les adolescents qui essaient souvent de se définir en excluant l'autre. Le jeune homosexuel va peut-être même embarquer là-dedans pour être intégré dans le groupe et cela jusqu'à ce qu'il sente, en dedans de lui, qu'il est troublé davantage par le corps de quelqu'un de son sexe que par celui de l'autre sexe. Je pense que pour la très grande majorité, encore aujourd'hui, c'est vécu comme un drame. Comme le disait ilot dans Au quotidien, ce que l'on craint le plus, c'est le rejet et l'isolement parce que toute notre vie on a entendu le milieu hétérosexuel se moquer des homosexuels. En fait, placés devant le fait, les gens nous acceptent parce qu'ils nous aiment comme personne. Mais le conflit est d'abord avec nous-même car on doit rejeter en dedans de nous l'image négative que l'on a apprise. Pour certains aussi, surtout les hommes qui ne veulent pas jouer le jeu de l'hétérosexualité, cela veut dire renoncer à la paternité. Je pense qu'aujourd'hui comme avant, l'acceptation de son homosexualité est, pour l'invididu, un des grandes étapes de la vie, un moment qu'on n'oubliera jamais. Est-ce que je me trompe?

Ce n'est pas tout, je pense.

Envoyé par Atanos en date du 7 janvier 1999 à 17h54 en réponse à On naît hétérosexuel... (reçu de Catou le 7 janvier 1999 à 11h40).

Je suis aussi de l'avis de ceux qui pensent qu'on ne saura jamais si on naît homosexuel ou hétérosexuel ou neutre. C'est un faux problème qui n'aura jamais de réponse. Ce qu'on sait c'est qu'à un moment donné on se rend compte qu'on est attiré par des gens de son sexe. D'autres disent qu'ils sont attirés exclusivement par les femmes et d'autres encore affirment qu'ils sont attirés des fois par des hommes des fois par des femmes, quel que soit leur sexe. Moi je veux bien les croire s'ils le disent. On a tout à apprendre des autres. Mais, de fait, ce n'est pas de ça que je voulais parler. Quand j'écris qu'il n'y pas que ça ou que ce n'est pas tout. Moi ce que je constate c'est qu'il y a plein de gens qui semblent prêts à nous accepter comme homosexuels. Mais ce qu'ils acceptent difficilement, je pense, c'est qu'on puisse "pratiquer" si j'ose dire l'homosexualité c'est-à-dire coucher ensemble.J'ai même cons taté que bien des gais prétendent s'accepter comme homosexuels mais ont du bien du mal à passer à l'acte. Et quand ils le font ils sont pas toujours très fiers d' eux. Et, pour être totalement franc, ce n'est pas une difficulté qui m'a été et qui m'est toujours inconnue.. Accepter son homosexualité ça va encore mais la vivre c'est encore plus difficile. Ça vous dit quelque chose?

Les hétéros s'acceptent-ils tous?

Envoyé par Jeannot en date du 7 janvier 1999 à 20h05 en réponse à Ce n'est pas tout, je pense. (reçu de Atanos le 7 janvier 1999 à 17h54).

"Accepter son homosexualité ça va encore mais la vivre c'est encore plus difficile" tu dis et bien je suis daccord avec toi mais il n'y a pas que les homosexuels qui ont de la difficulté à vivre leur orientation, je connais plusieurs hétéros qui ont de la difficulter à s'assumer comme tel! Le jour que tu commence à t'accepter tel que tu est, pas seulement pour ton orientation, mais comme individu qui a des valeurs, des qualités, des défauts comme les autres, tu commencera alors à être heureux.

Que veux-tu dire

Envoyé par Catou en date du 7 janvier 1999 à 21h44 en réponse à Les hétéros s'acceptent-ils tous? (reçu de Jeannot le 7 janvier 1999 à 20h05).

Certes, beaucoup d'hétéros se posent des questions sur leur rapport avec l'autre sexe. La relation homme-femme n'est sans doute pas toujours facile. Mais est-ce de cela dont tu veux parler? Les hétéros, comme les homosexuels, se posent des questions sur leur sexualité et leurs relations mais ont-ils de la difficulté à accepter leur hétérosexualité? Il me semble que le problème de sortir touche d'abord les gais et les lesbiennes. Car tout individu est considéré à-priori hétérosexuel. Voilà pourquoi, quand on se découvre différent, on a l'impression d'être pris dans le mensonge. Je ne suis pas celui que vous pensez! Il y a bien sûr la première sortie, celle qui consiste à se regarder dans le miroir et à se dire oui, je suis gai et c'est correct. Mais il reste encore à le révéler au moins aux amis les plus près. Mais la question se pose aussi tous les jours. Vous rencontrez de nouvelles personnes par le travail, le loisir, etc. Les gens commencent à parler de leur vie de famille, de leur conjoint. Est-ce que ça vaut la peine d'affirmer sa différence et de faire dévier le débat là-dessus? Ou n'est-il pas plus simple d'attendre que ça passe? Moi, personnellement, je ne m'empêche pas de vivre mais je reste quand même très discret sur ma vie. Je n'aime pas mettre les gens mal à l'aise ou insister sur ma différence. Après la grande sortie, il y a la sortie de tous les jours...

Etapes de vie...

Envoyé par Lexilé en date du 7 janvier 1999 à 22h33 en réponse à Que veux-tu dire (reçu de Catou le 7 janvier 1999 à 21h44).

J'aime beaucoup lire les interventions jusqu'à présent, car chacune me fait réagir... Personnellement, je crois que l'acceptation de sa sexualité, homo ou hétéro, demeure une étape de vie difficile pour l'humain quelque soit sa tangente (dirais-je), mais d'autant plus si cette tangente ne cadre pas avec le profil que notre entourage souhaite ou s'attend à nous voir adopter, soit celui de la majorité. Il y a la crise intérieure qui est une première étape, l'acceptation de soi par soi... qui peut-être le travail d'une vie, même si par la suite on fréquente le milieu, on s'affiche, et surtout si ce processus s'accompagne d'un dénie de son physique, de sa personnalité globale. Le jeune boutonneux qui ne s'aime pas peut-il s'aimer en plus à titre de sexué marginal. L'autre étape, c'est de faire accepter notre réalité par les proches, par ceux qui comptent pour nous... cela peut-être facile, malaisé ou catastrophique, selon le cas... chacun pourrait nous raconter son histoire et il y aurait autant de nuances que de d'histoires. Mais chose certaine, si la première étape est mal engagée - et je ne dis pas complétée -- mal assumée, la seconde sera d'autant plus raide, car il faut faire bien comprendre, partager avec les autres son vécu pour le faire accepter. Enfin reste une autre étape, la vie publique, ouverte, affichée, proclamée aux yeux de tous et au quotidien... -- Votre épouse vous accompagnera demande le banquier __ -- Non, mais mon amant y sera.! Réponse banale, mais Ô combien rare et courageuse! elle demeure la plus difficile. Bref, faire son sortie, s'accepter intimement, socialement et publiquement est un long processus, pas un simple moment difficile à passer... mais plutôt et pour le moins une période, une étape qui prend parfois toute une vie pour certains. D'autant plus qu'il faut aussi vivre à travers tout ça et la vie elle-même n'est pas facile, point à la ligne. Faire l'amour, avec un humain c'est simple, il n'y a pas de mystères insondables là-dedans et les pratiques sexuelles dites homosexuelles ne sont pas le propre des homosexuel/les: fellation, cunnilungus, sodomie, masturbation, baiser, caresses, autant de plaisirs qui s’offrent d'un corps humain à un autre corps humain, c'est l'ABC. Ceux et celles qui s'insurgent, se cabrent, grimacent devant l'idée que deux êtres de même sexe fassent l'amour... font simplement preuve d'une ignorance ou d'une bêtise crasse... grasse, dirais-je même, voire hypocrites! Mais vivre avec l'autre, ça c'est tout un défi et vivre à deux en étant de même sexe dans un monde qui tolère l’idée, certes, mais ne l'accepte qu'avec réticence les liaisons homosexuelles, ça c’est ce qui me semble encore le plus difficile. De nos jours, l'information est accessible; s'accepter demeure une problématique complexe, mais il y a des ressources, des lieux, des exemples à suivre, ce qui n'étaient pas le cas il y a 30 ans à peine. Ouf... que je m'allonge... je reviendrai....pardonnez mes longueurs...