A Catou.

Envoyé par Atanos en date du 4 décembre 1998 à 08h43

Est-ce que essayer de séduire quelqu'un ce ne serait pas tenter d'attirer son attention parce qu'on voudrait entrer en relation avec cette personne? Ce serait l'amorce d'une relation. Mais le but poursuivi lui pourrait différer selon les individus. Sans doute que, dans certains cas, c'est pour essayer de se vendre. Par exemple, un "commercial" va essayer de séduire en vue d'obtenir de l'argent en échange de faveurs sexuelles. Mais est-ce qu'on ne peut pas tenter de séduire parce qu'on voudrait bien convaincre quelqu'un de ses idées ou bien parce qu'on aimerait bien avoir une relation plus intime avec lui ou elle ou bien parce qu'on voudrait bien lui apprendre quelque chose qu'à notre avis il devrait savoir (je pense aux enseignants qui ont du succès avec leurs élèves)? Mais dans tous les cas, est-ce qu'on ne pourrait pas dire que la séduction devrait être considérée comme un moyen et non pas comme une fin en soi? Séduire pour séduire ça peut peut-être vouloir dire que l'individu qui le fait a peur d'entrer en relation avec d'autres, ce qui serait tout à fait commpréhensible. Mais vivre est-ce que ce n'est pas prendre des risques? Séduire pour séduire ça peut être aussi un jeu. C'est ce que tu appelles le flirt, si je t'ai bien compris. Voilà. J'aimerais cela, si tu le veux, que tu me dises ce que tu penses de tout cela.

A Catou, suite

Envoyé par Atanos en date du 4 décembre 1998 à 09h18 en réponse à A Catou. (reçu de Atanos le 4 décembre 1998 à 08h43).

Je ne vais pas me répondre. J'aimerais plutôt ajouter un certain nombre de choses concernant la séduction. C'est qu'il me semble que la séduction n'est pas toujours voulue. Il peut peut-être même arriver parfois que quelqu'un aimerait mieux ne pas séduire autant. Je pense par exemple aux gens qui sont considérés comme très beaux par à peu près tout le monde. Ça peut peut-être devenir lassant de plaire à tout le monde. J'imagine que certains de ces individus-là doivent souhaiter à l'occasion être considérés pour ce qu'ils sont et non pas uniquement pour ce qu'ils ont, c'est-à-dire la beauté physique. Faudrait le leur demander parce que à mon âge je n'ai pas ce problème. J'ajouterais encore quelque chose Catou. Même quand quelqu'un te fait une proposition sexuelle brutale comme tu dis, est-ce que ce n'est pas parce que tu l'as déjà séduit un peu? Je doute qu'il y ait qui que ce soit qui fasse des avances à quelqu'un qui lui répugne physiquement. Enfin, Catou, tu dis préférer le flirt à la séduction. Mais, même dans le flirt, est-ce qu'il ne peut pas y avoir parfois une tentative discrète de séduction plus sérieuse. Ce serait une sorte de bouteille à la mer qui serait lancée. Voilà.

Séduction - possession

Envoyé par catou en date du 5 décembre 1998 à 17h41 en réponse à A Catou, suite (reçu de Atanos le 4 décembre 1998 à 09h18).

(source http://www.geocities.com/Heartland/Meadows/6485/eyeb.gif) C'est sûr qu'on peut employer le mot séduction pour dire qu'on veut plaire. Mais dans ce cas cependant, je parlerais plutôt de charme. Tu peux trouver quelqu'un laid physiquement et être conquis néammoins par son charme. Un bon prof va vouloir charmer son auditoire et trouver du plaisir à capter l'attention et à se faire dire qu'il est un bon prof. On essaie de plaire parce qu'on veut être aimé. Tu dis aussi que des gens super beaux peuvent avoir un effet dévastateur sur leur entourage alors qu'ils ne font rien pour séduire. Et effectivement je pourrais comprendre que ces gens-là puissent vouloir être appréciés en tant qu'individus plutôt qu'en tant que sex symbol. Cette séduction-là ne me cause pas problème. Là où je suis moins à l'aise, c'est dans l'idée de la conquête qui manipule le désir sexuel. Le Don Juan est le prédateur qui trouve plaisir à posséder sa proie, à la désarmer. D'ailleurs je crois que la définition psychologique du «donjuannisme» implique que le Don Juan ne trouve pas vraiment plaisir à la relation sexuelle. Il ne satisfait pas non plus les besoins de son partenaire. Car son plaisir à lui est la possession et la conquête. C'est vrai qu'en pratique, les gens qui aiment ce jeu de cruising y trouvent leur compte et que la «proie» contrôle probablement autant le jeu que le «prédateur». Le donjuannisme pathologique est probablement très rare. J'ai souvent entendu des gens dirent qu'ils trouvent presque de l'exhaltation dans ce jeu de cruising (dans le sens du film «Cruising Bar»). Mais moi, ça ne me séduit pas, si je peux me permettre le jeu de mot. Mais je ne peux pas trop t'expliquer pourquoi. Tu dis «est-ce qu'on ne pourrait pas dire que la séduction devrait être considérée comme un moyen et non pas comme une fin en soi?» C'est peut-être ça qui me dérange dans la drague: l'idée qu'on puisse exploiter mes désirs sexuels pour me passer autre chose... la possession! Pour ce qui est de la proposition sexuelle directe, ça ne me met pas mal à l'aise. Au contraire, si quelqu'un exprime un désir pour moi, ça me fait plaisir. Ça signifie que mon corps peut encore être désirable et si l'autre ne me déplaît pas, pourquoi pas? Il n'y a personne qui va posséder l'autre. On décide simplement d'assouvir ensemble nos besoins sexuels. Quand au flirt, oui, tu as raison, il est possible que ça ne soit pas si innocent que cela. Ce l'est sur le coup parce que ça ressemble à un jeu d'enfants. Mais après, quand tu y repenses, des fois, la boîte à fantasmes peut se mettre à tourner. Tu peux te mettre à désirer la présence de l'autre et ça peut devenir une sorte de relation où tu vis des émotions, mais plutôt dans l'imaginaire. Je ne trouve pas ça banal. Ça peut susciter des émotions extrêmement intenses mais comme dans un monde à part. Oui, vraiment, comme au théâtre!