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Résister à la concupiscence...

Envoyé par Lexilé en date du 3 décembre 1998 à 17h28

(source http://www.ozemail.com.au/~video/images/belle.jpg)

J'ai toujours été fasciné par ce merveilleux conte de Mme Leprince de Beaumont et tout particulièrement par le film qu'en a tiré Cocteau.

C'est tout simplement parce que je trouve là une belle alllégorie, une parfaite illustration des notions de désir et de séduction. La Bête aime la Belle, mais non seulement elle se croit indigne de son amour à cause de sa laideur, de sa nature monstrueuse, mais de plus elle ne peut contenir son désir pour les proies qui passent à sa portée.

Une scène magnifique résume tout ce drame: la Belle et la Bête se promènent au jardin et une amitié naissante, peut-être même de l'amour s'annonce dans cet instant de félicité qu'accompagne une musique envoûtante. Soudain la caméra se porte sur une biche effarouchée qui passe près du couple à l'orée de la forêt. L'instinct de la Bête s'éveille, ses oreilles frémissent, ses yeux se révulsent, ses griffes s'agitent... le désir, la soif de la chair... La Bête résiste avec beaucoup de mal à l'envie de pourchasser la biche...

Dans une scène précédente, de retour d'une chasse fructueuse, la Bête se présente, les mains fumantes et les vêtements déchirés, devant la porte de la chambre de Belle. Le monstre est tourmenté, déchiré (comme l'indique sa chemise en lambeaux)par son amour et par sa honte. Belle le surprend et il s'enfuit, honteux.

Je me sens souvent comme cette Bête, déchiré entre le désir de capture et le plaisir de m'abreuver à la fontaine d'amour d'où jaillit l'eau la plus pure, la plus susceptible d'assouvir ma soif... de tendresse, de présence de l'Autre.

Et quoi de plus beau, mais de plus illusoire aussi, que l'envol final de la Belle et du Prince qu'elle a fait naître des entrailles de la Bête grâce à son amour pur et véritable! J'aimerais y croire à cet envol vers le firmament du bonheur; je l'ai déjà expérimenté, mais reste à trouver les moyens de se maintenir en vol, de planer au dessus des autres en compagnie de l'être aimé, comme on le fait si bien en solo dans nos rêves... J'ai échoué une fois, après cinq ans d'envol. Le problème, c'est que lorsque l'on décolle, on ne peut savoir si l'Autre restera bien à bord ou si chez lui comme chez moi l'instinct ne nous pousssera pas à aller voir ailleurs... à retrouver le plaisir de séduire... de capturer! Avec l'âge, la quarantaine, je croyais que ce désir de plaire, de séduire, de capter, s'étiolerait... Mais j'ai ouï dire des amis d'un âge certain... bien loin déjà de la quarantaine, que la concupiscence ne meurt jamais, sauf si le corps et son apparence sont durement altérés, et là encore, l'espoir demeure de capturer quelques proies perdues à l'orée des bois...


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Complément à ton point de vue

Envoyé par Survenant en date du 4 décembre 1998 à 12h17 en réponse à Résister à la concupiscence... (reçu de Lexilé le 3 décembre 1998 à 17h28).
Bien que la concupiscence ne meurt jamais, il n'en demeure pas moins qu'elle diminue en "titi" si on ne "l'entretient" pas. Selon moi, le désir des plaisirs sexuels se cultive et s'entretient comme un jardin. Plus on en a, plus en on veut...... et plus on est performant, plus on veut l'être.

Je ne crois pas que le corps et l'apparence jouent un rôle prédominant car certaines proies perdues à l'orée des bois n'ont absolument rien de bien spécial à offrir étant bien en dehors du "prix de liste". Enfin, il s'agit d'aller dans les sous-bois ou ailleurs pour le constater.



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Avec le temps...avec le temps tout s'en

Envoyé par Lexilé en date du 4 décembre 1998 à 23h59 en réponse à Complément à ton point de vue (reçu de Survenant le 4 décembre 1998 à 12h17).
Oui, certes, peut-être qu'avec le temps tout s'en va, mais je ne suis pas encore assez vieux ou expérimenté pour m'avancer sur cette question. Et je sais aussi qu'il y a parfois des morceaux de roi dans la profondeur des bois... Des êtres qui se croient sans attrait et qui se laissent, s'abandonnent aux premiers venus pour assouvir leur désir, leur besoin d'orgasme, alors qu'en fait, elles ont du charme et le droit de choisir comme n'importe qui d'autre plutôt que de se laisser simplement choisir... La séduction en rebutte plus d'un car il y a là une grosse part de confiance en soi.. Sans cette élément de base, la séduction est souvent souffrance... même si on détient des atouts de premier choix.
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