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Suicide: épilogue

Envoyé par Catou en date du 14 novembre 1998 à 11h21
J'ai eu l'occasion de participer vendredi soir à la rencontre de discussion du GDM sur le suicide.

Soirée chaude malgré la froideur de l'automne. Nous étions 23 à vivre des émotions intenses mais dans un esprit d'ouverture et de respect qui complétait bien les discussions empreintes de sensibilité qu'on a eu sur ce babillard.

Je veux juste, à titre d'épilogue, ramener une idée qui semble faire l'unanimité et qui, je crois, marque une évolution sociale. Un participant soulignait comment il était réjoui de constater que l'on pouvait aborder ouvertement et sans fausse pudeur un sujet qui, dans le passé, était aussi tabou qu'une maladie honteuse.

Car, c'est vrai que jadis, le silence à été la règle d'or. Omertà, c'est pas juste pour la mafia!

Or, ce silence est mortel, c'est le moins qu'on puisse dire. Car si notre vie nous appartient, la souffrance vécue dans l'isolement, l'incompréhension et l'indifférence est la pire des choses. C'est une brisure dans la solidarité humaine. Car, le cri qui reste dans la gorge, à coup sûr, nous déchirera les entrailles.

Oser parler, oser écouter, si je devais ne retenir qu'une seule chose de nos discussions, ce serait celle-là!


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Oser parler, oser écouter, oui mais,...

Envoyé par Atropos en date du 14 novembre 1998 à 12h56 en réponse à Suicide: épilogue (reçu de Catou le 14 novembre 1998 à 11h21).

(source http://pages.prodigy.net/gros/hibiscus.jpg)

Salut Catou,

merci pour ce topo, mais après t'avoir lu, une chose me turlupine : A t-on parlé de ces choses qui nous laissent un cri muet dans la gorge et qui sont si lourdes, si douleureuses qu'on ne peut ni en parler, ni l'exprimer à qui que ce soit, pas même à un-e intervenant-e qualifié-e ??

Tu sais, des choses qui sont si laides à nos yeux que juste la mort ( selon notre point de vue) peut faire oublier.


Ou encore, le fait de se sentir un-e moins que rien, se sentir nul-le, etc.

Qu'en est-il ressorti de ces discussions, si telles ont eu lieu?

At.


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Parler ne veut pas dire tout dire

Envoyé par Catou en date du 14 novembre 1998 à 17h57 en réponse à Oser parler, oser écouter, oui mais,... (reçu de Atropos le 14 novembre 1998 à 12h56).

(source http://www3.sympatico.ca/gglecoute/LOGO_VV.GIF)

Enfin, je veux dire qu'il me semble qu'on a tous droit à son jardin secret.

En fait, ça pourra te paraître étrange, mais on a aussi beaucoup parlé au cours de la rencontre du droit à la mort et du droit de l'individu de disposer de sa vie jusqu'à y mettre fin.

Oui, mais...

Comme quelqu'un le soulignait, le suicide, c'est généralement quand on est rendu au bout, quand on sent qu'il n'y a plus de choix, plus de solution au vide, à la souffrance, au manque d'amour.

Or, peut-être que oui, il pourrait y en avoir des choix, s'il étaient offerts.

Oui, si on sait qu'une peine d'amour se guérit et que l'on peut trouver consolation.

Oui, si la société ne nous crie pas No Future!

Oui, si on a la possibilité de rebâtir son système de valeurs pour faire confiance de nouveau à la vie.

Oui, si on sait que probablement aucun individu sur terre n'est totalement à l'abris d'idées suicidaires et qu'en parler peut nous permettre d'y voir plus clair, et qu'il y a des ressources pour en parler, dont Gai Écoute.

Quelqu'un a donné l'exemple de ces Inuit de Davis Inlet au Labrador dont les jeunes, en particulier, se suicident en masse parce que leur culture est démolie et qu'ils passent leur journée à sniffer de la colle. Le même individu, né ailleurs, aurait-il eu les mêmes idées suicidaires? On peut avoir le même raisonnement pour le jeune homosexuel, généralement un garçon, qui pense au suicide p.c.q. qu'il a dans la tête l'image du mépris des gais qu'on lui a inculqué. Et s'il avait appris le respect, à la place?

On ne peut pas tout expliquer mais il y a au moins des facteurs sur lesquels on peut agir. Et pour ça, on a tous et toutes une part de responsabilité.

*****

Oui, on en a eu des témoignages de gens qui ont pensé au suicide, qui ont fait des tentatives ou même qui disent avoir planifié leur suicide. Oui, on a eu des témoignages de gens qui n'arrivent pas à faire le deuil d'être chers qui se sont suicidés. Et on a parlé de tout cela dans le calme et le respect.

Et c'est d'en avoir parlé si franchement, je crois, j'espère, qu'on est tous sortis de cette soirée un peu plus confiants dans la vie.

Quand l'animateur a remercié les participants d'avoir écouté, les gens, spontanément, se sont mis à applaudir...

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