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Mal de vivre... gai ou lesbienne!

Envoyé par Lexilé en date du 9 novembre 1998 à 21h04
Oui, je suis d'accord :on passe à l'acte ultime parce que le mal de vivre fait trop mal. Ce mal de vivre a toutefois sa source, son piège, son origine dans une problématique qui aura autant de visages que d'individus qui fuient leur mal d'amour, mal d'aimer, mal d'être mal-aimé, mal de pouvoir aimer autrement, autrement que ne le propose ou l'impose la masse, que le veulent les maîtres, les géniteurs, les détracteurs. On peut tout particulièrement vouloir mourir quand la source d'amour est à nos yeux source de honte, source de rejet, source de mal vivre, tant à nos yeux qu'à ceux des autres qui nous entourent. Le mal vivre rejoint les hommes et les femmes de toutes allégeances, de toutes orientations, mais il existe un poids, une pression supplémentaire pour ceux qui ne peuvent trouver la force d'aimer selon leur nature et, plutôt que de reconnaître, de s'avouer, de s'affirmer, ils choississent le vide, l'absence, le noir ou le purgatoire pour expier leur faute... Oui, on peut se suicider parce qu'on est gai ou lesbienne.
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Décider de vivre

Envoyé par Catou en date du 9 novembre 1998 à 23h03 en réponse à Mal de vivre... gai ou lesbienne! (reçu de Lexilé le 9 novembre 1998 à 21h04).

(source http://pages.prodigy.net/gros/vine.gif)

Oui, il faut en parler du suicide.

Ce n'est pas toujours facile, mais le pire, c'est le silence.

Savoir qu'on connaît au Québec un des plus hauts taux de suicide au monde me crève le coeur. Car ça témoigne d'une souffrance intérieure épouvantable. Et ça témoigne aussi d'une faillite sociale. Car quand quelqu'un se suicide, c'est ceux et celles qui restent qui souffrent et ressentent la tristesse de l'échec.

Je me rappelle d'un incident dans le métro, comme ils appellent ça! C'était à Berri je crois. Je n'ai rien vu sauf la foule muette. Dans l'autobus par la suite, on aurait pu couper le silence au couteau tellement la tristesse était palpable.

Oui, il faut parler du suicide parce qu'il faut parler de la VIE. Il faut décider de vivre.


Oui, j'ai déjà pensé au suicide. C'était vers l'âge de 30 ans et c'était principalement à cause du poids de mon orientation sexuelle. C'est comme si je m'étais toujours senti différent, vulnérable, comme si j'étais une erreur de la nature, pas fait pour vivre dans ce monde si dur. D'ailleurs je me rappelle qu'enfant, j'avais fait un pacte avec moi-même. Ok, on va endurer la vie jusqu'à 30 ans. Après, à quoi bon s'acharner...

Pas étonnant que le choix se soit reposé à 30 ans précisément. Je ne voulais pas faire une tentative de suicide. Je voulais réussir ma mort ou ... décider de vivre.

Et j'ai décidé de vivre car je me suis dit que si j'étais prêt à mourir, j'étais donc prêt à tout, y compris à être une tapette et à affronter le monde des hommes qui m'avait toujours terrorisé.

J'imagine que j'avais en moi les ressources pour retourner le mépris en défi, et la vulnérabilité en force.

J'imagine que ceux et celles qui font le choix contraire n'ont pas trouvé cette force. Est-ce parce que notre société n'a pas été capable de leur donner les ressources intérieures pour décider de vivre? Ou est-ce un trouble intérieur pour lequel nous ne pouvons rien? Mais alors, pourquoi le taux de suicide n'est pas le même partout? Même si je conçois qu'il y a des facteurs intérieurs et peut-être même génétiques au suicide, je ne peux m'empêcher de penser qu'il s'agit aussi d'une maladie sociale.

Une société qui laisse ses jeunes se suicider peut-elle être qualifiée de société saine?

Cat.

PS.
Incidemment, lors de la dernière réunion de la Table de concertation, Laurent McCutcheon de Gai-Écoute nous apprenait que le système de santé refusait toujours, et au mépris de nombreuses études, de reconnaître que la non-acceptation de l'homosexualité était une des causes importantes du suicide chez les jeunes. Je trouve ça scandaleux et révoltant.

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Hum !

Envoyé par Atropos en date du 9 novembre 1998 à 23h32 en réponse à Décider de vivre (reçu de Catou le 9 novembre 1998 à 23h03).

(source http://pages.prodigy.net/gros/bgpink.jpg)

Et j'ai décidé de vivre car je me suis dit que si j'étais prêt à mourir, j'étais donc prêt à tout, [...] le monde des [H]ommes qui m'avait toujours terrorisé.

Oui, faut en parler Catou. En 1992 c'est que je me suis dit : Je décide de vivre. Je ne l'ai pas dit consciemment, j'ai juste ôter le doigt sur la gachette et j'ai jeter le douze pompeux aux vidanges. C'était le premier janvier. J'avais tout perdu, j'avais plus rien à perdre. J'ai resté pour mes filles, je crois. C'était ma troisième et dernière tentative en 7 ans.

Il y a aussi une chose que l'on parle peu. C'est le suicide tel que l'entendait Sara Koffman : elle a toujours dit que lorsqu'elle aurait atteint les buts qu'elle s'était fixée, elle se tuerait. C'est ce qu'elle a fait. Et que dire du suicide d'Hubert Aquin : il l'avait aussi annoncé et il a avertit sa femme du fait.

Cela appelle une question : Doit-on accepter cela chez l'autre quand nous savons qu'il n'y a rien à faire pour les en dissuader ??

Ciao !!


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Avec un bémol ...

Envoyé par Atropos en date du 9 novembre 1998 à 23h10 en réponse à Mal de vivre... gai ou lesbienne! (reçu de Lexilé le 9 novembre 1998 à 21h04).

(source http://pages.prodigy.net/gros/Dovean.gif)

Salut Lexilé,

Je suis d'accord avec toi quand tu dis que les homosexuel-le-s doivent (s'ils se sentent de trop ou honteux)vouloir expier leurs péchés en se donnant la mort, mais cet état de fait, que je nie nullement, est un fait parmi d'autre. Non ?

Moi je crois que cela existe, mais je sais que d'autres personnes dont l'orientation sexuelle n'est pas en cause, se sentent mal de vivre parce que la vie, selon eux, les a déçus. Que la cause soit un désir de rejoindre un être cher, impossible ( selon eux) à oublier, ou encore parce que ces personnes se sentent nulles, mal-aimées, naïves ou encore pour une peine d'amour, peu importe !! Le gouffre est trop grand parfois et tous ce que l'on a envie s'est de s'y précipiter au lieu de le combler. En fait, c'est mon avis, peut-être me tromperais-je en affirmant cela, mais enfin, je le crois, que la source est diverse lorsque le désir de coucher avec la faucheuse vient nous séduire. La mort est très belle quand la vie est laide !


Atropos

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