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Il faut avoir au moins un ennemi

Envoyé par Luc en date du 21 octobre 1998 à 23h06
Idéalement, ca serait tellement le fun que tout le monde s'aime et personne ne s'haïsse.

OK! Je reviens sur terre.

Je disais à quelqu'un aujourd'hui qu'il faut au moins avoir un ennemi pour se sentir bien. Pas un ennemi terriblement proche, sur lequel on fait des plans machiavéliques à tout heure du jour et de la nuit, mais quelqu'un qu'on se plaît à détester quand on le voit de temps en temps, au 6 mois. Quelqu'un avec qui on ne souhaite aucune réconciliation et ce n'est pas une haine consumante.

Ca peut être un ex, un ancien ami, ou quelqu'un qui nous a fait chier de facon générale. Moi j'en ai une personne comme ca, que je vois de temps en temps aux 6 mois, par hasard sur la rue et je le déteste tout autant.

D'un autre coté, j'ai raccommodé quelques anciennes cassures sans raison, parce que ca faisait trop d'ennemis à la fois, et quand tu vois constamment quelqu'un que t'hait qui fréquente les mêmes amis, et que tu passes à 2 pouces de lui sans lui parler, ca devient vite insupportable.

Aimez tous ceux que vous avez à aimer, et détester tranquillement une seule personne de votre choix qui le mérite bien. Vous allez voir que ca tient en forme.

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Être l'Iroquois de quelqu'un...

Envoyé par Lexilé en date du 22 octobre 1998 à 18h19 en réponse à Il faut avoir au moins un ennemi (reçu de Luc le 21 octobre 1998 à 23h06).

(source http://www.gov.on.ca/MBS/french/its_ontario/gall/brant.jpg)


Portrait de Joseph Brant, chef iroquois.




Longtemps dans notre imaginaire québécois,le terme "iroquois" a ni plus ni moins qu'été l'équivalent du terme "ennemi". Au XVIIe siècle, l'Iroquois était l'ennemi numéro un des Canadiens et il les faisait tous trembler dans leurs chaumières.

Sylvain Lelièvre a écrit dans une de ses chansons que "Nous sommes tous l'Iroquois de quelqu'un... Je ne sais pas s'il réfèrait alors à l'idée d'ennemi ou d'étranger... mais peu importe.. Cela m'a frappé quand Luc disait que nous devrions tous avoir un ennemi.. Certes, l'idée se défend, mais il ne faudrait pas perdre de vue que, bien malgré nous souvent, nous sommes assurément l'ennemi de quelqu'un ou l'objet de son mépris.

N'avez-vous jamais ressenti cette impression de mépris, de méfiance, devant un individu que vous ne connaissiez pas ou à peine. Des gens qui vous associent à un groupe, une idée, un événement. Personnellement en fait, je n'ai jamais ressenti ouvertement l'homophobie... elle est aujourd'hui plus hypocrite, j'en suis sûr! Mais la source peut en être beaucoup plus banale...

Je me souviendrai toujours de ce petit confrère de classe, Michel, en septième année, qui avait été appelé au-devant de la classe pour être sévèrement réprimandé. Le professeur lui reprochait son rôle de clown dans la classe et tous les élèves s'esclaffaient de rire en entendant les propos un peu humiliant. Et le jeune enfant,victime du courroux de M. le professeur et qui tournait le dos à la majorité de la classe, pouvait toutefois me voir, dans le premier banc de la dernière rangée le long des fenêtres! J'occupais cette place enviable,malgré ma taille et mon poids d'adulte, parce que je portais des lunettes!! Snif!

À la sortie de l'école, voilà la mouche qui s'attaque au coche (à lunettes)... J'avais deux fois sa taille et son poids, mais il était dans une rage telle qu'il tentait de me bousculer en me traitant de tous les noms... Je le repoussais d'unue seule main en le priant de ne pas me faire suer. Il m'abîmait de tous les noms et m'accusait d'avoir ri pendant que le prof. le semonçait! "Mais, voyons, tout le monde riait..." lui-dis-je! "Mais toé, je t'ai vu!" me répliqua-t-il!

Tout était dans le regard.... Il m'a harcelé sur le chemin du retour, puis s'est emparé d'une immense pierre qu'il a soulevé péniblement pour la précipiter sur moi, mais il à peine à lancer l'objet et rate sa cible de façon grotesque, si bien que moi et tous les autres petits amis qui nous accompagnaient, nous nous sommes mis à rire.... "Et tu ne sais même pas lancer une roche" que je lui lance sans ménagement...!

Le pauvre enfant! Il a éclaté en larmes et s'est enfui en courant, rouge de rage, effondré. Il ne m'a jamais plus adressé la parole, même si nous avons fait tout notre secondaire ensemble.

Je me méfiais de lui, je sentais sa haine, même si le mot me paraît trop gros dans ce cas-ci, une haine d'enfant, d'adolescent... Mais je n'ai rien fais pour calmer cette colère, cette blessure, cette honte...

J'étais son Iroquois, sans l'avoir cherché, sans l'avoir provoqué...

Nous sommes tous l'Iroquois de quelqu'un.... souvent sans le vouloir et, j'en suis certain, sans le savoir!




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