Table des matières

C'est bien beaux les enfants, mais...

Envoyé par Atropos en date du 19 septembre 1998 à 01h00
Bonjour tout le monde !

Je lis que la famille, les enfants et tout et tout sont primordiaux. Je suis mère de 2 filles et grand-mère de 2 petites-filles. J'en suis très heureuse et fière. Les questions que je me pose sont celles-ci : si je n'avais pas contracté de mariage à 17 ans et décidé de me faire faire des enfants, si j'avais assumé mon homosexualité, en comprenant qu'être femme ne veut pas dire obligatoirement être mère, aurais-je décidé d'avoir des enfants ? Je crois que non !

Non pas que je suis malheureuse d'être mère, loin de là, mais je crois que le désir d'être père ou d'être mère nous vient des enseignements hétérosexistes dont nous avons été bourrés. Je me dis que si je ne pouvais pas avoir d'enfants à quoi bon forcer la destiné ? Pourquoi vouloir combler ce manque en étant hétéroxexuel ( le temps de se faire faire un petit ou deux) ou en me faisant inséminer ?? ( pareil pour les femmes hétéro stériles qui vont jusqu'à mettre leur couple en péril parce qu'elles ne peuvent enfanter ).

Par ailleurs, lorsque mes filles avaient 6 et 8 ans, je vivais une relation secrète ( enfin, je croyais ) et un jour, celui où j'ai fait mon coming out, mon aînée m'a dit : " Nous le savions S. et moi, mais on se demandait pourquoi nous avions deux mamans." Moi qui croyait être très discrète, elles avaient perçu nos rapports intimes, la nuit ( D. partait à l'aube pour ne pas être vue de mes filles ; elle habitait la porte voisine de ma maison)et surtout nos regards quand D. venait à la maison. D., l'amie de maman, était souvent chez maman :))


Des deux manières, j'ai voulu être dans la norme hétérosexiste : La première fois être mère en enfantant et en ayant beaucoup de mal à passer outre la perte de mon troisième bébé ( perdu par des mâles sans scrupules)et la deuxième en quittant une femme extraordinaire et en mariant un homme gai qui ne s'assumait pas. Nous avons vécu non pas en mari et femme, mais en frère et soeur pour garder notre standing hétéro. Je croyais que des enfants se devaient d'avoir un papa et une maman!!!!!!!!!!


Bref, je ne crois pas que nous devons à tout prix avoir des enfants. Cependant, si nous en avons, il ne faut pas leur mentir ou leur jouer la comédie, ils ne sont pas dupe !! Je l'ai appris à mes dépends.

Aujourd'hui, mes filles savent mon orientation. Ce qui était acceptable à 6 ans pour S. a été difficile à accepter à l'âge de 16 ans.
Maintenant, deux ans plus tard, l'acceptation est presque faite. Elle s'adresse même à Anouchka sans trop de problèmes, même si parfois elle ajoute, en parlant de l'acceptation de mon orientation, : " Maman je t'aime très fort quand même!

Quant à l'aînée, elle a vécu bisexuellement durant un moment avant de choisir l'homme de sa vie, celui qui est à lui faire des bébés ( elle en prévoit un minimum de 4).

Bon, je sais que c'est un sujet qui suscite beaucoup d'émotions, mais je sais aussi que plusieurs femmes lesbiennes refusent la maternité. Par ailleurs, d'autres en veulent à tous prix. Et que des hommes, se sentent pénalisés de ne pouvoir enfanter... MAIS POURQUOI au juste ?

Sur ce, bonne nuit ou bonjour, c'est selon !

Atropos qui est bien curieuse !!



Index

Désir de paternité

Envoyé par Catou en date du 20 septembre 1998 à 15h46 en réponse à C'est bien beaux les enfants, mais... (reçu de Atropos le 19 septembre 1998 à 01h00).
J'aime bien ton intervention Atropos car elle permet de réfléchir sur nos motivations profondes.

Et j'ai aussi bien aimé l'intervention de Solune plus bas : avoir la maternité et la paternité dans le sang, et non pas dans les "standards" hétérosexuels.

Je crois que c'est vraiment ça la bonne motivation. Car c'est vrai qu'il y a encore des gens qui font des enfants pour faire plaisir aux autres ou pour être dans la norme, alors qu'il faut d'abord vouloir se faire plaisir à soi-même, sachant bien sûr que ce plaisir a un prix et que ce ne sera pas drôle tous les jours.

Ton intervention permet de questionner certains mythes, notamment que les femmes ont la maternité dans le sang, que pour être une vraie femme, il faut être mère et que les hommes, eux, n'y entendent rien et ne peuvent pas materner.

La lecture d'Élizabeth Badinter m'a convaincu que tout cela est faux. Son livre sur l'identité masculine (XY), en particulier, se termine en montrant que le mâle humain peut avoir un désir et une capacité de materner (au sens de caring) aussi forte que celle de la femelle humaine. Je fais exprès d'employer les termes biologiques de mâle et femelle pour bien indiquer que les idées préconçues que l'on se fait de la nature en général et de nature humaine en particulier ne résistent pas à l'analyse objective.

Pour les hommes gais, ce désir d'enfant et ce goût du maternage est sans doute très difficile à réaliser en dehors du lien hétérosexuel. Comme on ne peut pas enfanter, le lien à long terme avec des enfants est très difficile parce que, dans notre société, les enfants, appartiennent aux parents biologiques. Le problème se pose aussi pour les hétérosexuels, je veux dire ceux qui sont parents par alliance. Vient une rupture du couple et vient aussi souvent une rupture du lien avec les enfants du conjoint. Même le père biologique peut subir beaucoup d'empêchements légaux vis-à-vis de ses enfants, surtout s'il met fin au mariage pour entreprendre sa vie gaie.

Ce droit de propriété des parents biologiques sur les enfants n'a pas toujours existé, loin de là. Dans beaucoup de sociétés, la responsabilité de l'éducation des enfants relève d'une famille élargie, voir d'un clan complet. On peut comprendre que de faire un enfant soit une affaire sexuelle. Mais qu'est-ce que le fait de l'élever pendant 15 ou 20 ans a à faire avec le sexe???

Mais, compte-tenu du droit familial actuel, si j'avais 20 ans aujourd'hui, je pense que j'essaierais, non pas de simuler un couple hétérosexuel, mais de m'associer à une femme, de préférence lesbienne, pour faire et élever des enfants, je dirais, de connivence et en amitié...

Les choses ne s'étant pas passées comme cela dans mon cas, je me contente d'être bien avec les enfants de mes amis ou de ma famille en évitant tout attachement à long terme. Plutôt que de vivre de regrets en effet, vaut mieux profiter de ce qui passe, compte tenu des contraintes que nous impose encore le modèle familial dominant.

Cat.

Index

Et voilà !

Envoyé par Atropos en date du 20 septembre 1998 à 18h49 en réponse à Désir de paternité (reçu de Catou le 20 septembre 1998 à 15h46).
Salut mon beau minet !

Tu as compris mon intervention ! Je recherchais ce genre de discussion ( celui qui émane de notre trio).

J'aime bien aller au fond des choses et réfléchir plus à fond sur nos motivations. Souvent on raisonne avec la sensibilité du moment et nous ne retournons pas à la source pour comprendre le pourquoi de notre raisonnement.


Alors, on poursuit?

Atropos

Index

Le pourquoi est discutable, non?

Envoyé par Solune en date du 19 septembre 1998 à 16h09 en réponse à C'est bien beaux les enfants, mais... (reçu de Atropos le 19 septembre 1998 à 01h00).

Je comprends très bien où le chemin de ta vie t'a mené, chère lulu, mais il ne faut pas oublier les autres qui en ont un différent et qui de plus ont la maternité et la paternité dans le sang, et non pas dans les "standards" hétérosexuels.

Personnellement, je ne crois pas qu'une femme qui est homosexuelle (et ici, on dit bien "sexe", non?) doit absolument se dire qu'elle doit oublier toute possibilité d'avoir un enfant alors que son désir de materner est plus fort que la doctrine homosexuelle........et doit-elle à tout prix vivre une vie hétéro afin d'en avoir?? Non, je ne crois vraiment pas. Elle peut, par des moyens autre que ce choix, avoir ce droit de femme qu'est celui d'enfanter......en utilisant les moyens que la vie lui permet bien de prendre pour obtenir ce qu'elle veut.

Là où vraiment je ne suis pas capable d'accepter entendre qu'une femme doit finalement accepter son sort, c'est le fait que l'homosexualité est qualifié simplement que par une chose : je baise avec une femme et je suis une femme ; je baise avec un homme et je suis un homme. Et l'hétérosexualité est : je suis un homme et je baise avec une femme, et vice-versa. À part mon goût pour le sexe de la femme, ou est ma différence avec une autre femme qui elle préfère celui d'un homme?? Nous sommes toutes les deux des êtres qui ont eu le cadeau (de je ne sai pas qui) de donner naissance à un enfant.......pas à tout prix!!! mais au prix que nous voulons bien y donner.

Je dois dire que dans mon cas, avec un homme ou avec une femme, je voulais enfants, et enfants j'ai. Égoïste comme n'importe quel parent qui fait le même choix, je crois avoir réussi à être heureuse, et EN PLUS avoir permis à mes enfants d'être très heureuses aujourd'hui.

J'encourage tout homme, et toute femme, de tenter de réaliser ce souhait si le désir vit en eux, comme moi lorsque j'ai enfin su que j'allais avoir un bébé.........

J'espère que mon opinion n'a pas l'air trop dure, car je ne fais ici aucunement préjudice à ce qu'il a été dit.....

Solune :-)

Index

la différence est dans le lit!

Envoyé par vic en date du 21 septembre 1998 à 22h52 en réponse à Le pourquoi est discutable, non? (reçu de Solune le 19 septembre 1998 à 16h09).
Êtres bon parents n'est pas donné à tout le monde, avoir le goût d'avoir des enfants non plus. Le fait d'être gay ou lesbienne ne devrait pas entré en considération pour être parent, mais plutot sa capacité d'élever et d'aimer un enfant.

Personnellement je n'ai pas d'enfant, mon frere et ma soeur en n'ont, 3 chacun et je ne suis pas tres à l'aise avec un enfant de bas âge, mais mon chum qui à eu 2 enfants est fantastique avec les enfants, il peut s'amuser et entrer dans le jeux avec eux, il à la fibre de parenter en lui. Il ne regrette pas ses enfants, il regrette seulement que sont affirmation en tant que gay passe par un mariage. Et d'un autre coté ce mariage lui à apporter deux enfants qu'il adore.

Parce que nous en tant que homme gay nous ne enfanter, et c'est le malheur de plusieurs gay qui désirait en avoir sans pour autant vivre une relation hétéro pour obtenir ce désir.

Et Solune t'as raison, je me sens pas homosexuelle quand je vais travailler ou lorsque je fais mon épicerie, quand je me compare avec d'autres gars hétéro , je ne suis pas tres différents d'eux, je suis un homme qui couche avec un autre homme, voila la différence. Ma soeur avec son mari ou mon frere avec sa femme forme des couples, à part le fait qu'ils ont des enfants, moi et mon chum en tant que couple avons les mêmes préocupations (travailler pour payer le loyer etc...) Nous formons un couple au meme titre qu'eux et en plus nous sommes en couple depuis plus longtemps qu'eux.
Bon je m'égare un peu du sujet, pour conclure, le fait d'avoir la fibre parental ne dépend pas de notre orientation, et notre orientation ne devrait pas nous empecher d'avoir des enfants.

Salut à tous

Index

Pourquoi trop dure ??

Envoyé par Atropos en date du 19 septembre 1998 à 19h38 en réponse à Le pourquoi est discutable, non? (reçu de Solune le 19 septembre 1998 à 16h09).

(source http://www3.sympatico.ca/pier.g/sylvbar.jpg)

Salut Solune et les autres,

Pourquoi dis-tu que tes propos sont durs ? Tu as droit à ton opinion et moi, je savais que je touchait une corde sensible, alors !

Sincèrement, je suis contente de ta réponse, car moi, je ne comprends pas cela. Je sais que des enfants c'est mignon, mais ...

À mon avis, ce n'est pas à cause de mon cheminement, car mes enfants je les désirais à l'époque et je les aime comme une tigresse qui protège sa progéniture, ne crains pas. Non, c'est toute la dimension qui fait que la femme ou l'homme cherche de manière " artificielle", parfois ( l'insémination) ou "contre nature", en couchant avec son sexe opposé ( MDR):)))

Tu vois, je ne vois pas le genre humain par la notion de sexe uniquement, mais je me dis que lorsque je fais un choix et que ce dit choix amène des choses dont je dois en faire le deuil, je me dis pourquoi ne pas assumer. J'aime les femmes, j'ai des amis de gars, mais la relation que je refuse de l'homme soit d'avoir des contacts physiques ou d'avoir son sperme, ne doit pas être "tergiversé" parce que je veux être mère, non merci ! pas pour moi. Remarque que je n'ai rien contre la maternité, j'étais prête à être mère porteuse pour un copain. Mais, il n'était pas question que je prenne des responsabilités envers le bébé une fois né, no way ! Ma liberté a trop de prix pour que des enfants viennent me la voler !!

Cela peut te paraître égoïste, mais je me dis que mettre des enfants au monde demande beaucoup d'altruisme, de don de soi et de patience. J'ai une carrière à préparer, et je ne suis pas prête à rester à la maison et à perdre de belles années où je peux m'épanouir en tant que femme au lieu de mère. Ce que j'ai toujours fait, mes enfants ne m'ayant jamais empêcher de faire ce que je voulais.( Elle se sont garder seule plus souvent qu'autrement, car elles refusaient les gardiennes. Aujourd'hui, elles sont autonomes, indépendantes et équilibrées.)

Les enfants vont grandir, faire leur chemin et moi, j'aurai perdu ma vie à la maison... je le répète, no way !! Ma fille la plus jeune pense comme moi, tandis que la plus vieille trippe ferme/bébé/mari... Peace and Love avec ça ??

Non ! non ! je respecte vivement ton point de vue, c'est ta vie, tes émotions et ton désir, mais je ne suis pas convaincu que derrrière tout cela, il n'y a pas ce besoin constant de se dire que de vivre juste en couple devient monotone à la fin. Des enfants, ça grandit, ça fait d'autres bébés, de la vie, un baume sur nos vieux jours.

Moi aussi, je souhaite à tous de réaliser leurs rêves, oh ! que oui, mais les miens, mes rêves se vivent loin de la maternité !

Sur ce, je te souhaite une belle soirée et je te fais la bise,

Très amicalement,

Atropos :))

Index
© A l g i