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Épuisement professionnel

Envoyé par Catou en date du 10 novembre 1999 à 21h22

(source http://www.cam.org/~lacle/images/accueilgai.gif)

On a surtout parlé jusqu'à maintenant de la déprime saisonnière, celle qui fait qu'on se sent vidé de temps en temps. J'imagine que dans la vie, on ne peut pas être toujours à son meilleur, même si ce n'est pas toujours facile à admettre.

Mais il y a une «déprime» dont on parlait peu auparavant et qui semble de plus en plus fréquente, en fait à mesure que les profits montent et que les emplois disparaissent. Je veux parler de l'épuisement professionnel.

Dans mon environnement immédiat, je connais deux personnes qui ont été atteintes. Le travail tue ou, plutôt, la pression du travail tue, surtout quand on veut trop bien faire.

Quand on pense maladie professionnelle, on pense amiantose, cancers professionnels et autres cochonneries reliées à la pollution industrielle et aux accidents de travail. Dans le cas de l'épuisement professionnel cependant, la sournoise s'attaque le plus souvent à ceux et à celles qui font du service public et qui sont soumis à la pression de la performance. En d'autres mots, les roseaux plient mais les chênes craquent... Ce sont les gens qui apparaissent les plus solides qui semblent les plus vulnérables.

C'est vraiment un mal terrible. Pour un de mes amis, cela a commencé par des symptômes ressemblant à une crise de coeur. Il n'a même pas été capable de rentrer chez lui. Ce n'était pas le coeur, c'était le burn out. Le système nerveux s'est écroulé après des années à toujours dire oui à tout le monde, à travailler constamment et avec la crainte constante que les contrats ne soient pas renouvelés.

À frôler le précipice, à un moment donné on glisse. Tout une débarque. Il était tellement angoissé qu'il était incapable de rester seul. Aller faire le tour du bloc était comme monter l'Éverest. On peut imaginer ce que ça peut être dur de se sentir comme une lavette sans trop savoir qu'est-ce qui nous arrive.

L'autre personne que je connais est professeure d'université : crise incontrôlée de haute pression, incapacité d'affronter le milieu de travail, perte de concentration, incapacité d'écrire quoi que ce soit. Elle a été obligée de couper tous les ponts, même le téléphone. Congé total, anti-dépresseurs, psychothérapie. Elle avait le sentiment de devenir folle!

Elle est revenue après un premier congé et est retombée. Elle a repris tranquillement mais elle a dû ralentir cette session car les symptômes revenaient. Heureusement, le retrait partiel et la médication, ont réussi, semble-t-il à la stabiliser.

Je dois dire que ça fait peur.

À défaut de changer le monde du travail et les chevaliers du profit maximum, on peut apprendre à se prémunir un peu contre cette machine pour qui la performance est tout et le bonheur, rien...

Lors du dernier salon de l'Association des femmes d'affaire et professionnelles gaies, j'ai fait la rencontre de quelqu'un d'une association qui s'appelle la Clé des champs. La visite de leur site WEB est très instructive. On trouvera l'annonce du site dans Algi-Com.
http://www.algi.qc.ca/forum/com/messages/73.html

Reconnaissant que la condition de minorité invisible des gais et lesbiennes générait une pression supplémentaire, l'association a ouvert un programme d'aide s'adressant spécifiquement à nous. Bravo! C'est réconfortant que des associations qui s'occupent de la santé admettent nos spécificités et y font place.

http://www.cam.org/~lacle/gai.html

Catou.

PS. Je viens de lire le message de Birdy plus bas. Je ne suis pas spécialiste mais il me semble que, contrairement à ce qu'il suggère, l'épuisement professionnel existe bel et bien de façon spécifique. Ça ne se produit pas suite à une déception. C'est comme si tout le système nerveux s'écroulait. C'est l'épuisement du corps et de l'esprit. C'est sûr qu'il y a des causes intérieures comme le désir d'être parfait et hyperperformant. Les gens en viennent à oublier de se faire plaisir de temps en temps...

Mais ce système de l'hyperperformance, c'est le modèle dominant dans bien des milieux. C'est pas juste dans la tête, non?

Faut juste apprendre à dire NON!

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La dépression quoi

Envoyé par Birdy en date du 11 novembre 1999 à 21h26 en réponse à Épuisement professionnel (reçu de Catou le 10 novembre 1999 à 21h22).
Salut

Pourtant ces personnes professionnelles, probablement syndiquées, permatentes, et bien assises sur un filet social bétonné auraient pu ralentir et ou prendre un break avant le pire non ?

Birdy !

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Crouler sur la pression

Envoyé par Catou en date du 12 novembre 1999 à 13h31 en réponse à La dépression quoi (reçu de Birdy le 11 novembre 1999 à 21h26).

(source http://www.webgraphique.com/images/2%2DIc%F4nes%20anim%E9s/mandesk%2Egif)

Bonjour Birdy.

Grand Marnier plus bas a déjà donné une partie de la réponse à ta question.

Dans les cas que j'ai décrits dans mon message plus haut, une des personne dépend de contrats de recherche dans un domaine spécialisé. Donc, elle n'a pas le filet dont tu parles. Dans l'autre cas, il s'agit d'un prof permanent. Mais, l'insécurité n'est pas la seule cause.

Que ce soit en entreprise ou dans le secteur public, on joue la carte de la compétition et de l'hyperperformance dans un contexte de coupures. Donc, la pression s'accroît sans arrêt. Et si la personne est trop perfectionniste, elle va juste juste essayer d'être toujours aussi bonne alors que les conditions se détériorent.

J'ai entendu des choses semblables concernant des profs du primaire et du secondaire ou les infirmières. J'avais entendu un reportage à la radio qui parlait d'une augmentation des suicides chez les infirmières. On disait qu'on avait formé les infirmières en leur disant qu'elles devaient se donner aux soutien des malades. Or, elles deviennent de plus en plus de donneuses de piqûres. Si l'individu prend sur soi la détérioration de la situation, et si elle met beaucoup de convictions dans son travail, il se peut bien qu'il se produise une perte d'estime de soi et ce qu'on appelle le burn out.

Je ne suis pas spécialiste de la maladie mentale, mais c'est un peu ce que je comprends de la chose. Il faut donc apprendre à se protéger car ce mal peut frapper des gens qui ne pensaient jamais en être atteints.

Cat.

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On peut faire un parallèle avec ...

Envoyé par Lady Marathon en date du 12 novembre 1999 à 17h09 en réponse à Crouler sur la pression (reçu de Catou le 12 novembre 1999 à 13h31).
un marathon.

Dans un marathon, y en a qui vont flancher avant la fin, y en a qui vont flancher juste avant la fin et y en a qui vont réussir à passer la ligne de peine et de misère. Mais pourtant, tout le monde veut gagner. Le monde ne veulent pas arreter avant la fin.

Dans le milieu du travail, il y a toujours un fou hyper-performant. Il fait toute, plus vite et plus souvent et plus que les autres. Un moment donné, il va buster comme tout le monde, mais en attendant, les autres essaient de le suivre et ne sont pas tous capables parce qu,on est pas tous pareil. Certains se disent, moi je rentre pas dans cette game, j'arrete avant de buster. Comme j'ai fait.

D'autres veulent compétitionner et essayer de devenir le plus fou. Certains vont buster et d'autres vont réussir. Le gagnant est celui qu'on récompense, meme si sa vie n'est pas équilibré du tout.

Regardez autour de vous. Cette société qui très souvent prône la modération d'un bord, est en fait seulement intéressé par les extrêmes. Le meilleur et le pire. Le plus beau et le plus laid. Le plus intelligent et le plus concombre. Le plus riche et le plus pauvre.

Le 2e ou l'avant-dernier n'est jamais considéré. Et veut veut pas, pour etre expert dans son domaine il ne faut pas avoir une vie équilibré, car il faut se dévouer à sa passion. Regardez la fascination qu'on a pour les records Guinness, du monde qui déséquilibre leur vie au complet pour être dans un chapitre du livre. Les athlètes sont du monde dont la vie est à jamais transformée juste pour quelques instants de gloire.

On récompense celui qui ramasse 45000 bouteilles pour en faire une collection, celui qui a perdu ses soirées à monter un stade avec des batons de popsicle.

Mais celui qui mène sa vie en touchant à tous les aspects de l'expérience humaine avec modération en divisant son énergie, celui-là on n'en parle pas parce qu'il n'excelle en rien, mais au moins sa vie est équilibré. Cependant, il ne peut que faire une dépression quand il voit qu'on récompense seulement les extrémistes qui ont tous mis leurs oeufs dans le même panier. Qui va percer un jour....

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Sans travail=burn-out

Envoyé par Grand Marnier en date du 11 novembre 1999 à 22h10 en réponse à La dépression quoi (reçu de Birdy le 11 novembre 1999 à 21h26).

(source http://www.webgraphique.com/images/2%2DIc%F4nes%20anim%E9s/mandesk%2Egif)

La mode dans les entreprises et même celles qui sont florissantes, c’est la restructuration. Pour certains boss en manque de performance et qui sont souvent inutiles vont s’occuper de trouver des bibites pour prouver qu’ils sont performants. Au lieux de faire une bonne gestion intelligente pour augmenter la productivité, ils vont couper des emplois. Ça parait bien un boss qui réussis à diminuer la masse salariale.

Le problème c’est que les tâches de travail de ceux qui demeurent dans l’entreprise augmentent considérablement, d’où l’augmentation du stress et la vulnérabilité aux burn-out.

À l’autre extrémité, ceux qui sont sur des tablettes ou ceux qui sont sans travail, courent autant de risque de faire un burn-out.


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