Table des matières

COMPLÉMENT D'INFO : 20 ans du GDM

Envoyé par GDMANIMA en date du 06 octobre 1999 à 08h30
Actualités
Le GDM survivra-t-il à ses 20 ans
Denis-Daniel Boullé/ octobre 99

Plus ancien groupe gai de Montréal, le GDM, après avoir connu au cours de la précédente décennie son heure de gloire, se voit, en cette date anniversaire, obligé de redéfinir ses objectifs.



Même s'il n'a jamais changé de nom depuis sa création en 1979, le groupe du mercredi est connu sous son acronyme, GDM, pour éviter la confusion étant donné que réunions se tiennent depuis des années le vendredi soir.

Les origines de ses soirées historiques relèvent de l'initiative du CLSC West-Mary, situé dans l'Ouest, et de travailleurs sociaux qui ont décidé, en 1979, de fonder un groupe de discussions pour les homosexuels ayant des difficultés à vivre leur orientation sexuelle, ce qui, compte tenu de l'époque, n'est pas surprenant. La preuve : les soirées connaissaient rapidement un grand succès. Chaque semaine, un thème de discussion était choisi, et les participants s'exprimaient en liant le thème à leur expérience personnelle. La recette était simple et elle a perduré au cours des deux décennies suivantes.

Si la formule est gagnante pendant trois ans, le CLSC West-Mary met tout de même fin l'expérience en 1982, semant la consternation parmi les habitués de ces rendez-vous hebdomadaires. Faisant leur le vieil adage que l'on n'est jamais mieux servi que par soi-même, quelques participants reprendront les soirées et négocieront avec le CLSC Ville-Marie le prêt de locaux, pour devenir les animateurs du GDM et adopter aussi un règlement avec une charte. Serge Lévesque, Robert Dubuc et Roger Bernier seront les pionniers de cette aventure. «Ce sont les belles années du GDM, puisqu'à l'époque, il n'y a aucun autre groupe qui offre ce lieu de parole et d'échanges. Les soirées attiraient parfois plus de cent personnes», se souvient Denis Collerette, l'actuel président.

La popularité de l'organisme allant croissante, le CLSC centre-ville, rue Sanguinet, demandera au GDM d'organiser aussi une soirée hebdomadaire dans l'Est. Le dédoublement ne se fera pas sans conflits au sein de l'équipe dirigeante, mais la proposition sera retenue. Cependant, une désaffectation du public se fera sentir dans l'Ouest au profit de la soirée au CLSC Centre-Sud, ce qui mettra un terme à l'expérience du CLSC West-Mary.

Comme tout organisme, le GDM va connaître des hauts et des bas au sein de l'équipe responsable, dont l'éternelle remise en question des anciens contre les modernes. Les locaux vont aussi devenir une source d'inquiétude quand la responsable des locaux du CLSC mettra à la porte tous les organismes oeuvrant pour la communauté gaie et lesbienne, dont Jeunesse Lambda et Gai-Écoute. Un repli stratégique vers l'Ouest s'organisera, même si une des missions du nouveau président Denis Collerette et du vice-président, Réal Ménard, est de revenir dans l'Est, là où la demande est la plus grande. Après un retour éphémère, au CLSC Centre-Sud, au début des années quatre-vingt-dix, le GDM s'abrite à l'UQAM pendant quelques années, avant de déménager au Pavillon Lafontaine pour atterrir, il y a deux ans, au Comité social Centre-Sud. «Ces déménagements successifs nous ont fait perdre beaucoup de monde, souligne le président actuel, les personnes étaient sensibles à l'ambiance des nouveaux locaux».

Les problèmes inhérents au groupe de discussion n'empêche pas le GDM de développer son expertise dans la relation d'aide à la clientèle pour l'aider à s'assumer, laquelle y verra rapidement une alternative de socialisation aux bars et aux discothèques. La formation de nouveaux animateurs pour encadrer les soirées et assurer une relève sera aussi un enjeu. Évidemment, beaucoup des nouveaux animateurs étaient des habitués des soirées du GDM.

Si le GDM a aidé beaucoup d'hommes à grandir dans l'acceptation de leur orientation sexuelle, sans critère particulier quant au choix des participants, il a la paternité d'autres groupes qui ont pris leur envol tel que Jeunesse Lambda ou bien l'Association des pères gais. Des milliers d'hommes, au cours de ces deux dernières décennies, ont fréquenté épisodiquement ou régulièrement ces soirées à la recherche d'un peu d'écoute. Aujourd'hui, même si la fréquentation n'atteint plus des sommets, ils sont encore une quarantaine à venir régulièrement partager leur quotidien, leurs interrogations et leurs inquiétudes face aux changements dans la communauté.

À l'aube du nouveau millénaire, le GDM doit affronter plusieurs défis. D'une part, la multiplicité des groupes offrant des services plus diversifiés fait que beaucoup d'hommes préfèrent des lieux de socialisation moins centrés sur des discussions autour de l'homosexualité. D'autre part, le renouvellement de l'organisation des soirées n'est plus assuré. «Les gars veulent continuer à venir aux soirées, mais peu d'entre eux veulent prendre en charge la direction du GDM ou devenir animateur», constate Denis Collerette. «Le GDM a encore son utilité, on le voit par le nombre de gars présents chaque semaine, mais il y a un manque d'implication, il n'y a plus la même ferveur que dans les années quatre-vingts. En 1987, il y avait une liste d'une trentaine d'animateurs: je n'en ai plus que six actuellement, ce qui nous empêche de former des ateliers de discussion.»

À la croisée des chemins, le GDM tiendra cet automne une journée de réflexion pour redéfinir ses axes d'action et les confronter aux nouvelles réalités d'une communauté dotée d'organismes répondant aux demandes plus spécifiques des gais. La formule qui a été gagnante pendant plusieurs années ne fait peut-être plus recette en milieu urbain, alors que des groupes de discussion voient le jour en province, où l'isolement est encore plus marqué, comme le tout dernier-né, Groupe Arc-en-ciel lanaudois, qui s'adresse à la fois aux gais, aux lesbiennes et aux bisexuel(le)s de la région de Lanaudière.

Les groupes de discussion ont encore leur place, car avec l'explosion du phénomène gai dans la société, beaucoup d'homosexuels ont du mal à s'y retrouver, ont encore à lutter contre une image négative d'eux-mêmes ou encore ne se retrouvent pas dans l'image projetée par le Village et son mode de vie. Sauf que c'est du travail et que pour l'accompagner, le GDM a besoin de bras.

GDM : (514) 674-6389 ou (514) 651-2913.

Fugues sur internet ©1999 Nitram inc.
Index
© A l g i