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Couple ouvert: mon vécu

Envoyé par Luc en date du 28 avril 2002 à 23h43
D'emblée, je dirais que de mes 4 relations importantes dans ma vie, 3 furent des tentatives de pratiquer le couple ouvert. Je suis présentement, dans la 4e relation.

Mon premier chum était ce qui s'approche le plus de l'âme soeur. Cela a duré deux ans, très intense presque jour pour jour. Comme nous étions jeunes et inexpérimentés, la relation avait pleins de flamèches. Cela a fini en explosion. Je l'ai trompé une fois, en lui disant tout de suite que je l'avais trompé, à une époque où ma beauté et mon innocence faisait que j'avais de la difficulté à refuser les avances des vautours. Nous sommes passés par-dessus ca, assez rapidement. Nous étions hors-ghetto, je n'avais pas une sexualité très développé et pas un grand besoin de sexe que mon chum comblait quoiqu'il y manquât de l'affection. Sa "fidélité" ne l'a pas empêché, une fois qu'il a eu une blonde après notre relation, de baiser avec moi encore parce "qu'elle ne faisait pas toute ce que je faisais".

Mon 2e chum a suivi immédiatement après mon premier, et il y a même eu une période où il était question que nous pourrions former un couple à trois, mais cela n'est heureusement (ou malheureusement) jamais arrivé. Il était tout l'inverse de l'autre, tout en étant aussi un âme soeur. Cultivé, intelligent, affectueux, mais avec un petit besoin de sexe et pas du tout explorateur au niveau sexuel. Il était aussi peu grégaire.

La première année fut super, j'étais en amour et ne m'inquiétait pas pour le lendemain. Par contre, après un an de sexe à toutes les semaines seulement (ce n'est pas assez pour moi), après avoir connu les joies du milieu gay et de la séduction et après avoir voulu augmenter le nombre de mes expériences sexuelles différentes (en termes de dizaines à ce moment), j'ai décidé consciemment que le couple "fermé" ne pouvait me convenir. Je suis cette philosophie depuis cet instant.

J'en ai averti mon chum à ce moment, après plusieurs mois de réflexions. Farouchement exclusif, il l'a mal pris et a considéré que notre relation était terminé. Ca n'a pas empêché que nous nous sommes fréquentés pendant plus de trois années suite à ca, incluant contacts intimes et partage des joies et des peines. 4 ans après le début de la relation, il a mis fin abruptement à tout ca, bien qu'il n'avait pas personne d'autres en vue.

Mon 3e chum a commencé par une amitié. Rencontré dans le milieu gay, au début nous ne faisions que sortir et nous amuser dans les bars et saunas. Nous sommes allés 5 fois à Toronto en une seule année, pas mal pour de simples amis. Nous baisions à gauche et à droite, accumulant les expériences et nous les contant. Vers la fin de cette amitié de plusieurs années, l'amour s'est installé et une certaine forme de sexualité quoique le sexe avec d'autres étaient meilleurs. Il a mis fin abruptement à tout ca, quand il a rencontré quelqu'un et désirait être "fidèle" avec. Cependant, fidélité pour lui est un bien petit mot, car il est réputé pour régulièrement tromper ses chums en leur mentant.

Mon 4e et présent chum pourrait apparaître pour certains comme un fuck buddy. Je ne vis pas avec, ne suis pas en amour fou avec, ne désire pas passer ma vie avec, ne le trouve pas des plus séduisants, pourtant c'est comme un partenaire d'affection, j'ai des sentiments pour lui et nous partageons certaines activités et champs d'intérêt.

Tout de suite au début de nos fréquentations, j'ai clairement spécifié qu'il ne pourrait me demander l'exclusivité sexuelle. S'il voulait m'avoir, il ne devait pas EXIGER l'exclusivité de moi. Ca semble avoir fait son affaire car il accepte ca, mais il ne veut pas savoir les détails. Il faut dire qu'il n'a pas eu beaucoup d'expériences sexuelles dans sa vie, et qu'il est mal placé pour faire la fine bouche s'il veut avoir un peu d'intimité avec quelqu'un: il ne sort pas, ne rencontre pas, et est généralement considéré par les "autres" comme quelqu'un de peu attirant et handicapé émotionnellement. J'ai su voir ses autres qualités cachées, cela fait assez mon affaire pour que nous nous fréquentions quelques fois dans la semaine et ce, depuis plus de deux ans.


Mon expérience dans le milieu gay et des gays hors du milieu m'a révélé quelques constatations que j'aimerais bien ne pas généraliser mais qui se retrouvent couramment sur mon chemin. Toutes ces phrases pourraient commencer par "la plupart des gays", pour éviter de généraliser.

-ceux qui désirent un couple fermé ont peu d'expérience du milieu gay ou même de la vie en couple
-ceux qui désirent un couple fermé ont des besoins sexuels moindres que ceux qui désirent un couple ouvert
-ceux qui désirent un couple fermé ne peuvent séparer sexe et amour, pour eux le sexe doit TOUJOURS être l'expression d'un amour
-ceux qui désirent un couple fermé ont une importante éducation judéo-chrétienne encore présente à leur esprit
-ceux qui désirent un couple fermé citent souvent l'argument des "bibittes" (MTS) comme frein aux aventures

Je suis d'accord qu'une certaine stabilité est nécessaire s'il faut éléver des enfants, dans la négative par contre, je vois moins bien pourquoi tant tenir à l'exclusivité sexuelle des deux partenaires, à part des raisons immatures de jalousie, de possessivité et d'insécurité chronique.

Un couple ouvert est un bon laboratoire pour se débarraser de valeurs rétrogrades comme la possessivité. Il n'est effectivement pas évident au début de comprendre que ce n'est pas parce que son chum est intime avec d'autres que cela veut dire que la relation est terminée. Mais une fois, qu'on y est habitué, on se rend compte que ce sont pour des raisons plus importantes que la longueur de son membre, que notre chum reste avec nous.

Aussi, il est tout à fait normal et sain de ne pas trouver son partenaire toujours aussi excitant à travers les âges. Je serais bien inquiet d'un chum qui me trouverait beau physiquement à mon âge d'or, alors que la jeunesse d'aujourd'hui est si belle.

Et une dernière remarque qui en fera sauter plusieurs de leurs claviers. J'ai trouvé que le milieu gay anglo-saxon était plus "ouvert" là-dessus (sans jeux de mots) que le milieu francophone québécois. Serait-ce que la religion catho est encore frais à nos esprits ou bien les anglos sont une gang de pervers? Moi, j'ai fait ma petite idée.
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Beau témoignage

Envoyé par Catou en date du 07 mai 2002 à 22h07 en réponse à Couple ouvert: mon vécu (reçu de Luc le 28 avril 2002 à 23h43).
Merci Luc pour ton témoignage qui est très intéressant.

Moi, je n'ai pas vraiment de théories sur la question. J'imagine qu'en pratique, si les deux conjoints vont ailleurs, chacun doit y trouver son compte. Mais, si ce goût ou la facilité d'aller ailleurs n'est pas vraiment partagée, j'ai l'impression que celui qui reste risque de développer de la frustration, ce qui risque de miner la relation.

Tu écris «S'il voulait m'avoir, il ne devait pas EXIGER l'exclusivité de moi.». C'est sûr que si l'exclusivité s'exprime comme une exigence, plutôt que comme une désir partagé, ça ne peut pas marcher.

Je suis assez d'accord avec tes 5 phrases pour décrire ceux qui préfèrent les relations fermées. Mais, est-ce qu'il n'y aurait pas aussi des raisons reliées à l'évolution de la relation? Par exemple, la permissivité sexuelle n'est-elle pas vue quelques fois comme une tentative pour sauver un couple dont la vie sexuelle est de moins en moins satisfaisante?
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Ce qui tient un couple

Envoyé par Luc en date du 08 mai 2002 à 02h39 en réponse à Beau témoignage (reçu de Catou le 07 mai 2002 à 22h07).
Je pourrais renverser la question: vaut-il
la peine de dissoudre un couple juste pour
la question sexuelle?

Seulement à cause que le sexe n'est plus
satisfaisant, faut-il arrêter le partage
des joies, des peines, des expériences,
des souvenirs?

Un couple n'est juste-t-il que deux gars
qui baisent?

Un couple sérieux, je crois, ne devrait
pas être juste sexe et exclusivité sexuelle.
Effectivement, quand le couple ne voit plus
sa sexualité de la même façon, il est peut-être
temps de passer au couple ouvert. Les couples
flexibles vont s'adapter, les autres moins
flexibles vont casser, il va leur falloir
alors recommencer à zéro avec un autre. La
recherche d'un idéal exclusif peut rapporter gros
si on le trouve.

Mais si on cherche constamment cette
exclusivité sexuelle sans jamais la trouver,
comme je connais plein de monde à qui ca leur
arrive? Qu'est-ce qu'ils font à ce moment?
Vont-ils s'adapter?
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La question à 100$

Envoyé par Catou en date du 09 mai 2002 à 22h08 en réponse à Ce qui tient un couple (reçu de Luc le 08 mai 2002 à 02h39).
Tu poses la question à 100$! La séparation entre sexualité et amour...

La capacité de séparer les deux aspects dans une relation n'est pas la même pour tout le monde, loin de là.

C'est vrai que si tu as développé une belle complicité avec ton chum mais, que tu côté sexuel, ça ne va plus, on peut penser que le couple ouvert est une solution. Mais, ce n'est peut-être qu'une solution temporaire en attendant que tu retrouves quelqu'un qui t'offre les deux. Aussi, est-ce que le dialogue entre partenaires pourrait améliorer la relation sexuelle sans être obligé d'aller ailleurs?

Mais, en tout état de cause, la flexibilité est essentielle. Car, ça doit certainement en prendre beaucoup aussi pour vivre le couple ouvert en s'assurant que tout le monde soit bien là-dedans, y compris pour les partenaires externes qui pourraient vouloir approfondir la relation.

Cat.
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