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Ce que le GDM m'a apporté

Envoyé par Réjean en date du 09 février 2002 à 08h30
Lors de la rencontre du 8 février dernier, où le sujet du jour portait sur le GDM même, je n’ai pu, en raison de ma timidité maladive, apporter mon témoignage au cours des discussions. Et pourtant, ce n’était pas l’envie qui me manquait.

J’aurais voulu dire aux participants, combien j’aurais aimé pouvoir connaître ce groupe quand je suis arrivé à Montréal, il y a de cela presque vingt ans. Comme vous voyez, cela n’est pas grand chose à dire, et pourtant, je voyais cela comme une immense montagne à franchir.

Comme de trop nombreux homosexuels, je ne suis finalement sorti de ma cage que tout récemment; pour être plus exact, au mois de novembre 2001, à l’âge de 48 ans. Oui, pour moi, ce fut comme une cage dans laquelle je suis resté enfermé pendant 33 longues années. Je suis encore un animal sauvage, tel le renard, dans le « Petit Prince » de St-Exupéry, et qui pour devenir son ami, devait avant tout, être apprivoisé par le petit prince. Je dois moi aussi me laisser apprivoisé.

Il aura fallu que je fasse une grave dépression nerveuse en octobre dernier avec malheureusement des idées suicidaires solidement ancrées dans mon esprit (mon plan B), avant que je me décide enfin à demander de l’aide, auprès du CLSC près de chez moi, et de là, c’est une infirmière qui m’a conduit en taxi jusqu’à l’unité psychiatrique de l’urgence de l’hôpital Ste-Mary.

Je suis comme tout dépressif en convalescence, encore astreint à prendre des antidépresseurs pour encore plusieurs mois et je participe depuis peu à des séances de psychothérapie où on m’a fortement encouragé à assister à des ateliers de discussions de groupe.

C’est par le biais de Gai Écoute, que j’ai pu obtenir les coordonnées du GDM au mois de novembre, mais ce n’est que le 18 janvier que j’ai osé pour la première fois, me présenter devant l’immeuble où se déroulait les rencontres. Je suis cependant resté figé de l’autre côté de la rue, sans oser traverser. A la place, j’ai préféré, par simple dégoût de moi-même, m’arrêter dans une SAQ pour m’acheter un 40 onces d’alcool, rentrer chez moi, et me saouler la gueule.

Le lendemain, j’ai envoyé un courriel au groupe afin de leur expliquer ma situation et leur demander si le GDM était l’endroit indiqué pour un homme tel que moi; c’est Guy qui m’a répondu en me disant que j’avais frappé à la bonne porte et qu’il espérait ma présence lors de la séance suivante du 25 janvier. Mais ce soir là, j’avais encore bu. Vous savez, l’alcool et les antidépresseurs ne font pas très bon ménage. Cette fin de semaine j’avais renoué avec mes idées noires et mon fameux plan B. Heureusement pour moi, étant en chômage, je n’avais plus assez d’argent pour continuer à boire et mes médicaments ont recommencé à faire leur effet.

Le 1er février, j’ai traversé la rue, je suis entré, j’ai vu et j’ai vaincu ma peur. J’ai découvert que ca ne faisait pas mal du tout, bien au contraire. J’étais heureux d’être là, simplement à écouter et à observer. Je n’étais plus seul.

Pour moi, le GDM est un outil essentiel à la communauté gaie. Je n’ai assisté jusqu’à ce jour, qu’à deux séances, aussi est-il trop tôt pour moi pour dire ce qu’il y aurait lieu ou non de modifier au sein de cette organisation. Mais je peux d’ores et déjà vous dire que le GDM, par son approche actuelle, par le souci du respect des opinions des uns et du silence de quelques autres comme moi, a réussi à m’insuffler beaucoup d’espoir pour l’avenir et par dessus tout, il a su me redonner le goût de vivre.

Ce que je souhaite désormais, c’est de pouvoir acquérir avec le temps, une réelle confiance en moi, et qui sait, peut-être que dans un proche avenir, je pourrai moi aussi m’impliquer au sein de la communauté gaie, pour aider à vaincre ce fléau qu’est le désespoir et le suicide qui touchent si cruellement les hommes gais.

Je souhaite longue vie au GDM.

Amitiés,

Réjean Mélançon
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Lâche pas mon grand!

Envoyé par GDMatou en date du 02 mars 2002 à 09h14 en réponse à Ce que le GDM m'a apporté (reçu de Réjean le 09 février 2002 à 08h30).

Bonjour Réjean,

Bien que ne fréquentant pas les réunions du GDM, organisme pour lequel j'ai le plus grand respect, il m'arrive de venir donner mon opinion sur la question de la semaine. C'est en furetant dans la liste des messages que je suis tombé sur le tien.

Ton authenticité me fait du bien.

Je vois bien que ce n'est pas facile pour toi en ce moment mais je suis certain que tu es maintenant sur la bonne voie. Dans le processus du coming out, ce sont les premiers pas qui sont parfois très difficiles à faire... et tu les as enfin franchis. Je suis heureux pour toi et je suis certain que, maintenant que le processus est engagé, tu t'en vas vers une nouvelle vie, libéré du poids de ton secret. Il reste bien sûr encore des étapes que tu appréhendes mais si tu te laisses porter par la vie et que tu saisies toutes les occasions pour poursuivre ta libération, elle se fera un peu comme malgré toi.

Je t'encourage donc de toute mes forces à poursuivre une route qui s'ouvrira de plus en plus largement devant toi.

Si tu en as le goût, tu peux communiquer directement avec moi par courriel : p.theriault@voila.fr

Bonne route et lâche pas mon grand!
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Ton courage nourrit le mien

Envoyé par Jineau en date du 14 février 2002 à 20h02 en réponse à Ce que le GDM m'a apporté (reçu de Réjean le 09 février 2002 à 08h30).
Réjean,
Ton message m'a beaucoup touché. Je suis sorti du garde-robe assez jeune, mais je me retrouve dans ce que tu racontes. L'enferment, la grisaille, l'alcool, ...

Pas facile d'avoir confiance en soi quand très jeune on a appris à ne pas se laisser être ce qu'on est, à mépriser ce qu'on est.

Pas facile de se rencontrer soi-même quand très jeune on a appris à s'ignorer, à faire comme il faut, à faire comme tout le monde, à vivre à côté de soi, à se nier si bien qu'à la fin on ne vit plus, si bien qu'à la fin rien n'a plus de sens.

Pas facile. Mais possible et nécessaire.

Ton courage nourrit le mien. Je t'en remercie. Souhaitons-nous longue vie. Et au GDM aussi.
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Libération

Envoyé par Catou en date du 09 février 2002 à 10h12 en réponse à Ce que le GDM m'a apporté (reçu de Réjean le 09 février 2002 à 08h30).

(source "http://www.irene-paris.com/irene/accueil/colombe.GIF")

Cher Réjean.

Je viens de lire ton message et je suis encore sous le choc.

Moi aussi, il y a vingt ans, je sortais de ma cage lorsqu'un ami m'amenait, pour la première fois, à une soirée du GDM. Moi aussi, j'avais finalement décidé de vivre plutôt que de mourir.

Ton message, Réjean, est un grand cri de libération: pour toi d'abord mais aussi, j'en suis persuadé, pour tous ceux et celles qui vivent dans la douleur cette renaissance à la vie.

Le plus terrible, c'est qu'il n'y a pas pire geolier que soi-même qui avons intériorisé toute la haine de l'homophobie ambiante au point de penser à s'autodétruire.

Choisir la vie, choisir la sincérité, choisir la vérité pour briser nos cages et voir enfin la lumière.

Ton message Réjean, c'est ton acte de libération, c'est notre acte de libération. Je t'en remercie infiniment et te souhaite la meilleure des convalescences pour soigner ces blessures qui te rongent depuis tant et tant de temps.

Je t'embrasse.

Catou.
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Essentiel...

Envoyé par Nuances en date du 09 février 2002 à 11h16 en réponse à Libération (reçu de Catou le 09 février 2002 à 10h12).
On ne le dira jamais assez ! Des ressources comme le GDM -- groupes de discussion et de sociabilisation gais -- demeurent des instruments ESSENTIELS dans notre société pour permettre à des gens comme Réjean et des dizaines d'autres, qui vivent difficilement cette différence que constitue l'orientation homosexuelle, de se retrouver en compagnie de leurs semblables hors des zones commerciales et anonymes qu'offrent le Village, les commerces et des lieux de drague anonyme de tous genres.

J'ai participé au GDM pour une première fois en 1980 ; je n'avais que 25 ans et j'avais fait mon choix : j'étais prêt à investir la communauté et j'ai même choisi de m'y investir, recruté quelques mois plus tard par l'Asso pour la défense des gais et lesbiennes du QUébec (ADGLQ) Si bien que je me suis retrouvé engagé dans un périple communautaire qui devait me ramener en 1988 au GDM où j'ai eu le plaisir de faire la connaissance de dizaines et de dizaines de gars dont plusieurs sont devenus des amis chers, pour la vie...

Je n'ai jamais trouver l'amour au GDM... mais j'y ai trouvé bien d'autres choses, tout aussi précieuses : de l'amitié, de la générosité, du rire et des larmes, bref de quoi m'enrichir le coeur et l'esprit, la raison et l'âme...

J'ai appris à découvrir l'univers des Autres, à saisir que le mien n'était pas original en soi, sans être banal pourtant, que tous et chacun, même des êtres qui semblent à mille lieux de nous par leur personnalité et leurs idées, ont en fait un vécu et des perceptions qui peuvent nous aider à raffiner notre compréhension des mille et unes réalités qui composent le vécu gai.. voire la vie humaine, tout simplement...

C'est cet accès à l'AUTRE et à soi-même qu'offre le GDM, semaine après semaine, quelque soit le sujet de discussion... une réelle richesse, de l'or pur pour se construire une sécurité inaltérable...

Je n'ai qu'une crainte : c'est le désengagement des bénévoles ; l'individualisme devient une plaie dans notre communauté où l'on croit à tort que tout est maintenant gagné et et qu'il est facile de vivre sa différence. Le beau témoignage de Réjean nous démontre qu'il y aura toujours un pas majeur à franchir, une rue à traverser, une porte à ouvrir, pour des individus de 14, 18, 25, 30, 40, 50 ans qui doivent accepter cette différence maintenant TOLÉRER, mais pas intégrer au mode de vie général, non défini comme une option possible et positive au sein de notre société.

Il suffit de lire les débats sur l'union civile référer AU QUOTIDIEN, pour voire que tout n'est pas gagné, tout n'est pas acquis, qu'il y aura toujours des gens prêts à nous attaquer pour empêcher que nous soyons considéré comme une entité sociale "normale" au sein de la société globale.

LONGUE VIE AU GDM ET À TOUS LES AUTRES GROUPES DE DISCUSSION POUR GAIS QUI SONT ISSUS DE CE GROUPE AU FIL DES DERNIÈRES DÉCENNIES - LA LISTE EN EST FORT LONGUE, je vous prie de le croire...
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