Table des matières

Poésie incomplète

Envoyé par PA mon ami Xavier! en date du 15 avril 2001 à 00h02
PETIT MANUEL DE LA LIBERTÉ

Voici une partie du PETIT MANUEL DE LA LIBERTÉ écrit par mon ami Xavir entre 20 et 22 ans. J'avais publié un site avec ces textes mais comme il n'existe plus, je me permet de les publier ici, en espérant qu'ils y demeurent un peu plus longtemps.

PA

L'Ombre du Matadore

     Le ciel faisait l'oeil blanc
     Après une nuit dehors
     Et les corbeaux tiraient de l'aile
     De leur vol bas

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1er avril 1996

         La fureur du sceptre
         n'est pas encore soulevée
         et l'âme de la clairière file une pure gemme
         sur les loques de l'enfance
         Au pays de l'éther
         comme tu es tranquille dans ta vertue primitive
         et la mort aurait pu venir
         te laisser un sourire au coin de l'élan
         battu de sa pure ardeur

         Tout se prolonge en rimes échasses
         ponctuant le temps de ma peau immobilisée
         mais d'un goût d'étincelles anticipé
         Auxires passées j'éclate
         les bords de ces vestiges effacés
         je ne perçois plus l'orée des espaces
         ainsi transpercé
         j'éclabousse les néants éphémères
         éperdu fragile et absent
         vers plus tard je trébuche
         sur tant d'inconnu

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8 avril 1996

         Les mains au visage
         bousculées par l'immense peur
         dans les cris éclatants de la nuit
         heurtent de partout la cuirasse frêle

         Où va-t-on sur ma galère à peine dégraffée
         et les écueils surnageant quelque part
         dans les sombres perspectives
         des voix civilisées
         Ou serait-ce à deux pas
         du soleil luisant
         Cette nature incandescente même
         paraît terne sous les lourds voiles
         de mon âme en friche
         d'un bord de l'autre
         ballotée cernée par ces nuées d'ombres mouvantes
         tout ce temps à vivre au devant vers l'infini
         et le désir de connaître un sens
         le sens de ces tourmentes
         vite et pourtant languissant
         blessé d'impuissance
         Le concevable s'esquive

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15 avril 1996

    Hilare aux poutres vermeilles
    quelle magie imprègne tous ces changements
    se querellent mes pores assoiffées
    et je clenche en moi-même
    dans une secousse lente
    À coup de pierre à coup de dent
    tiraillent ces vertèbres sans répit
    assoupies au corps ancien.

    Mais que va-t-il advenir
    de ces chants virginaux de ces jeunes années
    noire transparence et filtre spontanés
    simple coeur des lieux musiciens
    étouffés

    Ah! goût de poudre et de sueur
    trame du cercle volcanique de l'existent
    tant de choses s'échappent au revers de l'instant
    et je m'endors


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22 avril 1996

    À moi! Je me haïs
    sans recours aux parois sauvages de l'oubli
    errant sur les faces esquissées de l'illusion
    se brisent mes veines refluées
    et d'estoc en bave tatonnent mes doigts

    Et ces yeux invertis
    injustice, non
    cruauté malaise et souelerie, non
    Que vois-je encore
    tant d'arts couverts de feu et de radiations neutres
    tout cela se partageant
    l'envers et le beau
    sans trancher pour l'un ou l'autre
    La peur éteint le souffle
    étend l'incise couleur d'incertitude
    sous la nappe des brouillards
    Et pourtant je me rappelle
    les signes impalpables
    des émotions inattendues
    surgis d'on ne sait où
    comme la rumeur sourde d'une source à venir


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29 avril 1996

    Je cloche
    épris
    sur l'ébauche d'une entrave assourdie
    Je jouis amer
    sous la cape humide de cette nouvelle effervescence
    soumis à l'inévitable remous
    des kaléidoscopes fluides de ces langues rougies

    Il fait si chaud au coeur de l'ordure
    que la pourriture mute et germerait
    en une pièce fleurie
    à la bordure transparente
    Ah! je souffle
    Ah! je fuis dans ce plaisir à l'agonie
    en quête de virages inaudibles
    inassouvis
    et le bonheur de se reconnaître
    une chaleur une forme
    qui rapproche de l'être
    le vrai visage
    le tenir devant soi pour en briser le verre
    et humer les parfums et les ivresses
    Ici ici se joue l'angoissante rencontre
    d'un miroir et de son double


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6 mai 1996

    La neige éclôt à l'aube des entrailles
    sans teinte
    Je goûte une saveur escarpée
    un germe brûlant
    rance sous les bayadères du regard
    et je cherche ton nom
    maintenant que se balbutie le mien
    Je te dévore
    avant de te connaître anticipée
    Inconnue
    et ivre de peur
    j'entends un chaos gémir au-delà des nombres
    La montagne ténébreuse n'offre
    aucune prise à mes yeux
    est-ce une mer, un rocher
    un obstacle que ce fer tendu
    au travers de mon corps

    Fuir au détour en s'arrachant le front
    de cette poigne aigue
    et reculer au-dehors vers un soutien mélodieux
    un sursis
    oui! du repos et de l'espace
    des sursauts de délices
    qui fouillent le fond des enfers


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13 mai 1996

    Mais je te frappe portail conscrit
    la tête ailleurs
    emportée dans des rêves qui molestent mes désirs
    tes eaux limpides parcourent mon échine
    et noient le feu de mes doutes
    Trop de rires, trop de pleurs
    enchevêtrés tissent ma folie
    Mais je te frappe encore
    plus loin que mon sommeil
    comme un seul recours
    une seule épreuve

    Me souviendrais-je de tes affres
    lorsque le meurtre abritera mon exil
    déjà mon enfance ne m'appartient plus
    et ma mémoire s'est maquillée
    d'une lenteur décisive
    avant que ne s'estompent les rides
    sur ma dépouille fanée


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20 mai 1996

    La mort chancelle
    sous le poids de sa nouvelle faux
    je glisse haletant
    sur l'ombre qui me couvre
    de sa voix avide et beige
    et la distance épèle mes membres
    dans le silence de ses lèvres

    Avoir si soudainement compris
    l'anxiété de cette mort
    réveillée comme une armée de pièges
    dans l'éternité de l'absence
    soudainement entrevu
    un néant fastueux
    que l'esprit se révolte à l'accueillir
    Les temps s'oppressent vers une issue
    en zébrant les ténèbres féroces
    de mon étroite carcasse
    d'une tension fébrile
    arrachant les gonds perclus
    de ma solitude


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27 mai 1996

    Là-bas
    les peuples s'amoncellent en hécatombes
    faibles pailles sur les masques grandioses
    de la comédie humaine
    Justice sur ces fronts vitrifiés
    et violences sur leurs bras tracés
    comme les terribles vestiges des complots ourdis

    Et j'écoute l'écho de leurs chairs nues
    flamboyer dans le couloir de l'infini
    je les suis au loin
    les coups les bruits
    et les gigantesques méandres de l'histoire
    suspendus en croix sur leur poitrine
    et leurs joues escarpées sans faïence
    leur tête qu'on coupe
    et ces troupeaux assis
    étendant leur présence millénaire


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3 juin 1996

    Et pourtant
    les légendes évoquent des ancêtres
    aux foulées enfouies
    des pêcheurs râpés par la mer
    dont le jargon harangue les flots
    des paysans et des montagnards
    aux gestes percutants et calmes
    et des madones rougeaudes et chaleureuses
    que les invectives des saisons n'injurient pas

    Quelquefois encore se hisse un nom simple
    se croisent des présences étoilées
    où se gonfle la richesse de la bienveillance
    Mais j'aime ces crêtes exhalées
    loin des sables indiscrets de l'apparence
    j'aime cet or mouvant
    qui se dérobe aux opulentes divinités
    et heurte l'absurdité de la tristesse
    au-delà des blessures
    du cercle des races éphémères


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10 juin 1996

    Et enveloppé de nuit
    j'erre sur le bord des socles des mondes
    contemplant les cieux féconds
    virevolter de lueurs instables
    les pas liés pesants
    aux rochers organiques des rivages
    entre lune et terre
    suspendu
    peuplier embrassé tendu en appui
    cette voûte de brises mouvantes
    qui balaient l'étendue à perte de regards
    jusqu'au blafard lumineux
    et je tressaille sur la rampe du vide
    renversé aspiré démesuré
    à peine maintenu par le cri des goélands
    dans cette somnolence transie

    Alors s'enflamment les pans terreux
    de cet émoi étrange


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17 juin 1996

    Mes pensées fuient les rives de ma gorge
    succombent aux impressions de l'espace écarté

    Ah! déchire-moi, solitude
    qui éloigne cette puissance
    que je ne comprends pas
    Et je sens ailleurs cette vérité qui s'échappe
    des grilles de ma gangue
    cette confiance gémissante et cloîtrée
    qui n'apparaît pas mais teint
    les clos impénétrables des autres
    une certitude qui semble leur appartenir et dont
    la privation secrète
    fait jeter des hurlements
    un spectacle pénétrant
    qui se déroule indéchiffré
    dans la morte saveur des poèmes innocents
    des veilles suspectes déjà ensevelies
    sans moi
    devant le fourreau de cette absence


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24 juin 1996

    J'ai quitté mon abri
    en quête de cycles nébuleux
    et d'un commencement endormi
    j'ai rongé la mélopée de mes amarres
    la routine meurtrie des pas allongés
    récité les gestes rapides du feu
    Je me suis tordu dans l'antre du temps
    pour effacer ma gêne atterrée
    anéantir l'inconfort des pierres glacées
    Je me suis changé en arbre chevelu
    balancé ma peine en fermant les yeux
    comme des boucles dans le crepuscule bleu
    et enfoncé mon corps dans l'espoir
    qu'au devant plus tard
    à la suite du déplacement des constellations
    surgirait un signe un appel
    de l'écume des ténèbres


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1er juillet 1996

    Près de mes traces
    j'ai calciné mes rêves endurcis
    et récité la centilène de l'épervier
    en un vol cruel et abrupt
    j'ai palpé à grands cris
    les parois de ma cécité
    et mesuré à chaque rappel
    les métamorphoses de la proche réalité

    Mais ôtez-vous étranglants
    orages qui assiégez
    l'angoisse et l'ambition conjointes
    que j'émerge et affirme
    l'ampleur de ma stature
    Déplier la tension acculée à l'assassinat
    et l'inhibition déguingandée de ma névrose
    débarrasser l'huile de sa rancune
    et l'excitation timide de sa conscience tarée

    Et je secoue les buissons du sommeil
    comme des maillons sonores
    fracassant leurs dalles
    pour renverser la fureur des égarements


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15 juillet 1996

    La secousse se répand nerveuse
    dans l'angle usée des coutumes entendues
    déréglée dans sa vitesse croissante
    s'emporte
    se retourne hésitante et s'arrête
    inquiète

    Je me dresse comme un goût de liberté
    pour que s'envolent les écailles de ma geôle
    et mon cou palpite de vervaine lapidaire
    aux fresques inespérées
    de grands espaces intérieurs
    d'une levée des contraintes
    d'un éclatement des bornes glissantes
    Que se dessine donc devant ma faim inassouvie
    le récit de la liberté astreinte
    sans tarir aux détails les plus minces
    Mais le choc de cette nudité
    est parfois trop vain
    au seuil de la chair suspecte


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23 juillet 1996

    Je rejoins mon île
    dans le froid de la rafale
    Je me suis enfoui sous l'humus
    de ma poitrine
    pour que s'oublie le souffle
    mouillé de mes chimères
    Ma colère s'est ramenée vers ma faiblesse
    et dans l'étreinte de l'inutile
    se sont jouées comme avant
    les crises de ma détresse

    Silence à jenoux contre les murs de l'âtre
    à observer le feu danser insouciant
    sur les braises vivantes
    le soir revient encore
    masquer les recoins désordonnés
    de mon âme défaite régressée
    appuyée sur une invalide tristesse
    la fleur et la pierre entremêlées
    d'incertitude


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30 juillet 1996

    Et dans la proximité de l'intelligence
    git le réel articulé
    comme un rideau flasque
    dont l'inertie déconcerte
    déroute le vertige des heure2s implacables

    La réalité est là immobile
    remuée seulement par le vent la pluie
    inclinée dans une espèce de germination lente
    où elle semble déposée en attente
    et le temps qui seul chavire
    et manie cet immense décor suspendu
    laisse les changements creuser
    avec douceur des arabesques continues
    d'un vide inexpliqué
    sans considération évidente
    Pourtant le tangible dépasse
    l'idée qu'on s'en fait
    exige une attention accrue
    une écoute non équivoque


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9 août 1996

    Des liens immobiles
    fixent mon repos
    d'un joug subtil
    Des poussières d'irréalité
    accentuent l'écran stérile
    de l'illusion avide
    et replient de ses fruits détestés
    la façade subjective de mes complexes

    Eeeh! que se réfléchissent les failles
    de mes cloisons mentales
    ma jeunesse courtise l'admirable fougue
    d'une indépendance falsifiée
    Aaah! je perfore des limites insensibles
    je désincarne mes pulsions surmenées
    et mes appétits fatigués durent
    durent détériorés
    Mais le heurt devenu cloaque
    devient un désir
    dont les pâles lambris
    forment des quantités de contorsions
    vagues et changeantes


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6 septembre 1996

    Je veux vivre exulter
    de ma propre cadence
    et libeller mes gestes
    de l'autorité du corps faisandé
    et comme seules racines
    les ravages interdits de l'étreint
    s'écoulent les tièdes falaises imposées
    au son du cor
    et les impostures redoutables
    ne pourront plus rien contre
    le réverbère de ma franchise

    Que suis-je donc affaissé
    entre la peur et la ruse
    résorbé dans mes actes noués
    Qui revient constamment
    confondre ce solstice errant
    dans la beauté des étoiles
    restitue l'envoûtement fragile
    d'une lyre pourpre au couchant


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9 décembre 1996

    Je suis le fils
    qui défie son père
    et hurle l'écartellement de ma soif
    car j'ai fini d'incliner le chant
    et l'arme de mes paumes tendres
    devant la dague de l'ordre abruti
    de qui s'installa le fragment
    de l'origine de mes jours

    À l'heure des cailloux
    dans cette maison de lave
    j'ai cueilli l'amer
    et le ton de la révolte
    j'ai vu le regard figé
    le courroux l'opprobe
    et au fond de ma vie
    je sentais se coincer des étaux
    comme si j'arrachais de la chair
    à ma chair et du sang
    à convulser ma coulpe
    Mes paroles fêtaient un hymne excessif
    et giclaient inattendues
    à même la violente ébullition


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23 décembre 1996

    Il a bien fallu s'en remettre

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