Table des matières

La qualité intellectuelle des québécois

Envoyé par Atropos en date du 28 mars 2000 à 16h37




Jacques Beaudry (jacline@pandore.qc.ca) a ecrit: Monsieur Pinard,Les fois où j’ai écouté Piment fort étaient accidentelles. Je me trouvais à des endroits où la télé était ouverte et où le truc était en ondes. Je connais donc un peu l’émission et j’ai toujours trouvé les gags que j’y ai entendus débilitants et infantilisants. Un humour fondé sur le calembour facile et la charge grossière. Le fait que ce tissu d’immondices soit regardé par plus d’un million de téléspectateurs ne m’étonne, ni ne me surprend. J’enseigne dans un cégep. Je suis donc à même de vérifier le niveau de culture générale du " cheptel " québécois et de constater que le " piment " est de moins en moins fort *. De toute manière, le genre d’humoristes que le public québécois fait vivre grassement en dit long sur l’indigence intellectuelle de ce dernier.
J’ai perdu toutes mes illusions, mon cher Monsieur. Mais cela ne m’empêche pas de saluer bien bas les sorties que vous faites. J’ai toujours tenté de faire de l’humour fin, raffiné, habile, astucieux et cela ne ma apporté ni richesse, ni considération, ni notoriété. J’ai travaillé pendant dix ans avec Jean-Guy Moreau ( de 1988 à 1998 ) et je travaille depuis trois ans avec Pierre Verville. Avec Jean-Guy, j’ai écrit un spectacle: " De Félix à Desjardins ". Quarante années de chansons québécoises. Ce spectacle na pas eu une seul critique négative. Mais il na toujours récolté que de petites salles. Depuis trois ans, je fais les textes de Pierre Verville pour ses interventions à l’émission " C’est bien meilleur le matin ". Nous y travaillons pour des " pinottes ". Notre pitance hebdomadaire vous ferait vous esclaffer. Vous comprendrez que lorsque je vois des ti-counes comme Brathwaite et son équipe (et bien d’autres) s’enrichir en secrétant de l’épaisseur, j’ai, moi, une double raison de rager.
On ne fait pas fortune avec l’intelligence, au Québec. C’est en chatouillant la minceur de l’étoffe culturelle du bon peuple qu’on suscite son intérêt et qu’on déclenche la distributrice à dollars. Dans ces conditions, je préfère rester pauvre.
Veuillez agréer, Monsieur Pinard, l’expression de mes sentiments distingués
Jacques Beaudry
Scripteur de Pierre Verville

* J’ai fait passer un test de connaissances culturelles générales à mes étudiants, l’automne dernier. Sur une centaine d’étudiants, pas un seul ne savait qui est Jean Duceppe. Ils l’ont tous identifié comme le chef du Bloc québécois. Avec une mémoire collective aussi peu pénétrante, il y a de quoi envisager l’avenir avec des frissons d’horreur!

http://www.trinome.com/ciel/correspondance/00-03-27-3.html












Index
© A l g i