Adresse lue le 1er octobre 2016 devant le 1214 de la Montagne suite à l’expulsion de la Médiathèque littéraire Gaëtan Dostie

(télécharger le texte en pdf)
Gaëtan Dostie devant l’édifice de la rue de la Montagne, où était logée sa Médiathèque littéraire.Photo: Annik MH de Carufel Le Devoir.
Gaëtan Dostie et Hubert Gendron-Blais du collectif La Passe, devant l’édifice de la rue de la Montagne où était logée la Médiathèque littéraire.

Nous signifions notre indignation quant au diagnostic unilatéral de la CSDM sur la contamination présumée du 1214 de la Montagne justifiant, selon elle, l'urgence d'évacuer et de barricader un édifice patrimonial exceptionnel.

La CSDM nous avait promis de disposer rapidement des documents techniques sur l'état du 1214 de la Montagne afin de nous permettre de faire évaluer le danger à la santé des occupants de l'édifice par des experts sensibles au cas particulier des édifices patrimoniaux. En lieu et place, nous avons eu droit à une courte rencontre le 20 septembre dernier dans les bureaux de la CSDM. Lors de cette rencontre, nous apprenions qu'aucune analyse chimique n’a été effectuée, ni en 2015, ni maintenant, pour confirmer la présence et la nocivité des champignons suspectés sur les étages occupés. Des hypothèses de solutions alternatives ont été soulevées par nos experts afin de permettre de maintenir l'édifice et ses occupants d'ici à ce que la Médiathèque littéraire puisse être relocalisée et que l'édifice redevienne un bâtiment scolaire. Un appel a été lancé pour un débat public permettant à une variété d'experts d'évaluer ces pistes de solution. Ces hypothèses n’ont même pas été présentées aux commissaires. Tel que le rapporte Caroline Montpetit dans Le Devoir du 1er octobre, un employé de la CSDM aurait avancé à la rencontre du 20 septembre, : « On ne fait jamais ça, présenter deux scénarios, parce que les commissaires n’ont aucun jugement.» Pourtant. comme l’ajoute Le Devoir, trois commissaires sont tout de même intervenus à l’assemblée des commissaires pour avancer une solution de rechange à l’expulsion. Malheureusement, toutes ces suggestions ont été écartées, la CSDM maintenant sa décision d'expulser la Médiathèque littéraire et de barricader l'édifice. Nous dénonçons de cette décision déplorable.

Il est ironique que ce soit une commission scolaire dite Française, qui se fasse le fossoyeur d’un patrimoine culturel et littéraire des Français d’ici. Et cela vient couronner les Journées de la Culture 2016!

Nous sommes acculés à un déménagement que j'ai la rage de voir se réaliser le plus rapidement possible tellement la CSDM fabule; c'est leur action infiniment douteuse qui met en péril un patrimoine encore plus important que cet édifice. Désormais, nous tenons la CSDM responsable de toute atteinte à l’intégrité des lieux et des collections!

Ce n’est pas la fin de la Médiathèque littéraire, mais la fin de notre présence rue de la Montagne et le début, espère-t-on, d’une relance pour une installation permanente.

Nous sommes devenus au cours des ans, un carrefour pour les jeunes chercheurs, créateurs, interprètes, les soirées de poésie-création; Vendencres, animées par de jeunes universitaires depuis 33 mois sans interruption, un lieu d'émulation, de dépassement; c'est les 8 doctorants de McGill qui finissent l'inventaire vidéo et s'apprêtent à entreprendre un travail de numérisation, de production de documentaires et d'un séminaire de recherche avancé. Tout autant l'Académie des lettres du Québec que la Société historique de Montréal ou encore l'Association Québécoise d'Étude de l'Imprimé, qui en est à son 2e colloque, s'invitent dans le grand salon. Nous pourrions continuer l'énumération du foisonnement de la vie littéraire et culturelle. Autour de 2,000 personnes fréquentent les lieux chaque mois.

Le miracle s'il en est un, c'est que nous avons été adoptée par une jeunesse active, créatrice, innovatrice, géniale même. Nous sommes devant 8 ans de réalisation, de création, de convergence qui ne s’arrêteront pas demain.

Notre travail en cours depuis des années, soit l’Anthologie de l’imprimé et du multimédia de la poésie des Français d’Amérique du Nord, sera poursuivi; de même, l’exposition sur la Littérature des femmes à Montréal et au Québec, devrait intéresser une autre institution avant longtemps.

Il nous faut passer à l’action : dès lundi 3 octobre, nous aurons une première rencontre avec le Ministère de la Culture et des Communications pour solliciter leur implication. À court terme, nous voulons un local temporaire pour poursuivre les travaux en cours. Pendant ce temps il faut se mobiliser pour trouver un lieu permanent pour la Médiathèque littéraire et La Passe. Nous devrons sans doute interpeller tant la Ville de Montréal que Patrimoine Canada et des fondations privées.

Nous allons forger l’avenir, créer un centre d’innovation sociale, continuer de donner à voir, connaître, à partager, à aimer notre littérature, notre patrimoine essentiel qui est celui par lequel s’incarne tant notre passé que la solidarité dont nous avons découvert la force, la générosité, le dynamisme.

Je remercie pour leur contribution inestimable tous nos collaborateurs ou partenaires bénévoles, dont M. McNihols-Tétreault, le docteur Loïc D’Orangeville, biologiste et chercheur de l’UQÀM, et tous ceux et celles qui nous soutiennent et nous encouragent dans cette situation proche d’un musellement.

Pour paraphraser Gaston Miron, « Nous ne sommes pas arrivés pour finir, nous arrivons à ce qui commence ! »

 

Merci de nous soutenir.

 

 

Gaëtan Dostie