La Guerre est une saleté, oui mais ...

Envoyé par Lady Militaire en date du 20 novembre 1999 à 23h30 en réponse à Jour du souvenir ? Pas de quoi fêter ! (reçu de Lexilé le 11 novembre 1999 à 09h21).
La Guerre est une saleté mais c'est être naif de penser que l'humanité pourra un jour vivre sans guerres. Donc, puisqu'elle est là, il faut vivre avec, c'est comme un mal nécessaire qu'au Québec nous avons pratiquement jamais connu alors que c'est une expérience "normale" dans n'importe quel autre pays de cette planète.

Le simple soldat n'a rien à voir là-dedans, mais c'est bien les dirigeants assis dans leur bureau qui décide de la vie ou la mort de centaines de milles de personnes qui sont un peu pas mal responsable de bien des massacres. N'oublions pas que le soldat est formé pour tuer dans le but de protéger nous, civil, au dépens de sa vie dit-on, et il ne faut pas s'attendre à ce qu'il dépose une gerbe de fleurs rendu sur le champ de bataille.

La 2e guerre mondiale est déjà terrible par la maladie mentale de ce Hitler paranoiaque, mais bien peu de gens connaissent le froid calcul méthodique de la 1ère guerre mondiale qui a peut-etre fait moins de morts mais uniquement parce qu'elle se passait sur moins de théâtres d'opération:

tiré du livre "La première guerre mondiale" de Susanne Everett traduction de "World War I" de Bison Books @1980, nous assistons à la bataille de Verdun de 1915 à 1917 où le seul et unique objectif n'était pas de gagner une position stratégique mais d'éliminer le plus possible de troupes fraichement arrivés au front.

"Il faut appliquer une pompe aspirante au corps de la France, avait écrit Werner Beumelburg, afin de lui tirer lentement, mais sans arrêt, sa force vive par ses veines entrouvertes.' Les Allemands voulaient une saignée, parce qu'ils ne voyaient pas d'autre solution pour mettre fin à la guerre des positions. Les Français, qui n'imaginaient pas non plus d'autre stratégie, savaient que les attaquants perdent toujours plus d'hommes que les attaqués. .... Verdun devint le champ clos le plus sanglant de la Grande Guerre, celui où deux adversaires de forces égales s'affrontèrent comme des gladiateurs, sans autre but que de donner la mort à l'ennemi."

Plus loin toujours sur Verdun: "Le thème, le leitmotiv de tous les témoignages de combattants sur le caractère du champ de bataille pendant l'été de 1916 s'exprime en un mot: putréfaction. ... L'odeur de charogne, mais nous la portons sur nous. Tout ce que nous touchons, le pain que nous mangeons, l'eau boueuse que nous buvons, sentent la pourriture. C'est que la terre aux alentours est littéralement truffée de cadavres.' On compte que sur un demi-million de morts de Verdun, 150 000 au moins ne reçurent pas de sépulture. La terre les absorba."

Toujours plus loin, l'auteure résume le chapitre sur Verdun: "Mais il n'y a eu au cours de tous les temps qu'une guerre où les deux partis se sont disputés aussi longuement un sol aussi pourri de leurs propres cadavres, c'est la guerre de 14-18, à l'intérieur de laquelle Verdun représente, dans cet ordre, un sommet."

Je veux bien qu'on envoie des bombes pour libérer le pétrole du Koweit ou les mines d'uraniun du Kosovo, mais quand on en est rendu à calculer froidement que 200 000 de nos soldats tués pourraient tuer 150 000 des leurs, en les envoyant sur le champ de bataille avec l'unique mission de tuer l'armée ennemi et en sachant très bien que les pertes seront plus élévés, c'est comme complètement déconnecté de toute sensiblité humaine. Jamais l'homme n'aura été autant qu'un pion que lors de la guerre 14-18.




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